C'est décidément, cet hiver, le fourreau qui triomphe, pur
de ligne, simple de façon quand il est fait de l'un de ces somptueux tissus qui
se suffisent à eux-mêmes : velours unis ou brochés, lamés, satins façonnés, illuminés
d'éclats métalliques, failles, poults ou jerseys glacés, changeants, tissus de
perles ou de paillettes. De telles robes, les couturiers les ont souvent créées
transformables, des boléros, des jaquettes recelant les corsages avec ou sans
bretelles, largement décolletés ; quand la ligne en est très classique, l'éclat
un peu dur du lamé or ou argent est alors adouci par un col et des revers de
velours sombre ; c'est très joli.
Pour les soirs de gala, le fourreau, qui est à la base de la
grande robe, court ou long, se complète d'immenses jupes de tulle souvent de
tons différents et superposés qui se nacrent ; de pans, de panneaux amples,
parfois de longueurs différentes, s'épanouissant de chaque côté ou rejetant en
arrière leur ampleur somptueuse, laissant la ligne des jambes se dessiner à la
marche sous le fourreau visible, dégagé, ou bien le fourreau, qui est alors de
velours, de lourd satin auquel un appoint de rayonne donne tant de « main »
et d'éclat, reste pur, mais largement décolleté, et s'ourle à ce décolleté et
au bas de bande de fourrure, car la fourrure fait sa réapparition en garniture
sur les robes cet hiver, mais à condition qu'elle soit de qualité.
Dans les collections toutes récentes de demi-saison qui tout
justement proposent surtout des robes du soir, il faut noter chez Jacques Fath
le retour de très brillants satins de tons crus ou blanc sur noir ; d'un
nouveau décolleté en pointe devant et derrière dit : « A en mourir ! » ;
chez Mauguin, des écharpes qui se portent autour du buste ou
en traîne ; des écharpes en oppositions de tons chez Maggy Rouff.
Chez Madeleine Vramant, des fourreaux de velours ourlés de
fourrure, minces sous le buste kimono, en ailes de papillons ; chez Bruyère,
très romantiques, les robes ont des corsages de satin finement ciselés ou
pailletés au-dessus de vastes jupes de tulle taillées en forme. Chez Marcel
Rochas, sur les fourreaux s'étalent des tabliers, des ampleurs volantées et
basses ; chez Jean Patou, des plissés en éventails ou des flots de tulle, et
Nina Ricci pose sur les fourreaux des tuniques courtes ou mi-longues de mates
soieries de ligne persane.
Les manteaux de fourrure de toutes longueurs, le plus souvent
ornés de vastes pèlerines-capuchons, de manches rondes et bouffantes,
remplacent maintenant et définitivement pour les fêtes nocturnes les manteaux
de tissus. Quand ils sont de fourrures précieuses, ils peuvent facilement être
en même temps manteaux habillés d'après-midi, les fourreurs qui savent
travailler les pelleteries comme les plus maniables tissus les prévoient
souvent à transformations.
G.-P. De Rouville.
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