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Au pays des langoustes

— La mer des Antilles abonde en langoustes, particulièrement les eaux qui baignent les Saintes, Marie-Galante, Saint-Martin et Saint-Barthélemy, et le Grand-Cul-de-Sac-Marin. Les pêcheurs les prennent dans les nasses et, le plus souvent, à la plongée, avec des foënes ou un bâton au bout duquel est fixé un nœud coulant en fil de fer. Le prix de la langouste, relativement bas en comparaison de ceux pratiqués en France, serait d’un bon apport sur le marché métropolitain. Aussi, les pêcheurs bretons franchissent toute l’étendue de l'océan Atlantique pour venir les pêcher à la Guadeloupe.

En 1925-1926, les pêcheurs de Douarnenez ont fait leur apparition à Saint-Martin et à Saint-Barthélemy. En 1934, le dundee à moteur Bienheureux-Michel-Nobleitz est venu de Bretagne aux Antilles. Il a quitté Saint-Martin le 8 janvier 1934 avec 9.000 kilos de langoustes, étant arrivé à Fort-de-France (Martinique) le 13 décembre 1933. Le 17 octobre 1933, le Bijou-Bihen, dundee à moteur, quitte Douarnenez pour la Mauritanie. La pêche ne donnant pas, il releva pour Saint-Martin et il arriva à Simpson-Bay le 11 décembre 1933. Il pécha mille langoustes en trois jours et rentra en France en janvier 1934 avec 8.000 kilos de crustacés.

Il est certain que cette pêche, arrêtée par la guerre, serait encore plus fructueuse si les pêcheurs métropolitains s’étaient trouvés cette année à la Guadeloupe.

Car, aux Saintes, où je passe régulièrement mes vacances, çes crustacés, cette année, par leur abondance, n’ont pas retenu l’attention des pêcheurs de ces îles. Comme je m’étonnais de cette quantité que je constatais un peu partout pendant mes captivantes parties de pêche (il m'arrivait d’en découvrir plus d’une vingtaine dans un même trou), je fus très surpris d’entendre que, vu la modicité de leur prix (100 francs le kilo), les pécheurs avaient suspendu momentanément toute activité concernant cette pêche, ils se contentaient simplement, pour le moment, d’inviter quelques amis, de capturer six ou sept de ces délicieux crustacés, selon le nombre de personnes, et de les déguster tranquillement sur les plages ensoleillées de Pompières ou de îlet à Cabrits.

Ary EBROIN, abonné,

Basse-Terre (Guadeloupe).

Le Chasseur Français N°648 Février 1951 Page 90