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Le canoé

Camping au bord de l'eau

Pour deux raisons majeures, le canoéiste est, parmi les campeurs, un privilégié. Son bateau lui permet de transporter, sans fatigue, un matériel suffisant pour goûter un agréable confort, supérieur à celui auquel peuvent prétendre le cycliste ou le pédestrian.

Le second privilège, et la plus appréciable, dont jouit le canoéiste lui est fourni par la rivière elle-même. Est-il possible de trouver des emplacements de camping mieux situés qu'au bord de l'eau, en des points souvent éloignés de toute agglomération ? Les portions de terrain inculte et bien ombragé ne manquent pas ; le bois flotté offre des possibilités aux amateurs de feu de camp ou de savoureuses grillades, et la présence de l'eau courante, souvent potable, est elle-même un élément de confort. On ne trouve nulle part ailleurs, sinon en montagne, mais au prix de rudes efforts, le calme et la solitude des gorges au fond desquelles coulent la plupart de nos rivières.

Quel que soit le mode de camping, il est nécessaire de choisir judicieusement un matériel bien adapté et d'excellente qualité, car il sera soumis à de rudes épreuves. Devant le grand nombre d'articles qui nous sont présentés, le choix est délicat, et l'on risque de commettre des erreurs qui coûteraient cher et gâcheraient notre plaisir.

En premier lieu, la tente doit retenir toute notre attention. Il faut qu'elle nous protège du froid, car nous camperons tôt dans la saison et parfois à une altitude élevée ; être bien défendue contre le vent, dont les attaques sont souvent violentes, et surtout ne pas laisser pénétrer la pluie, soit directement, soit par infiltration au sol. Puisque nous ne sommes pas trop limités par le poids et l'encombrement, nous porterons notre choix sur une tente canadienne, de préférence avec abside, en tissu léger de la meilleure qualité, tapis de sol caoutchouté ou imprégné, mâts et piquets en dural. Pour deux campeurs, les dimensions suivantes sont confortables : largeur, 1m,40 ; longueur, 2 mètres, plus abside : hauteur, 1m,50. Le choix d'un tapis de sol cousu ou non, de mâts droits ou en V, est de moindre importance, et vous agirez à votre convenance. Prévoir piquets et haubans de rechange. Le kayakiste gagnera en poids et en encombrement en prenant la même tente en 1m,20 de largeur, ou mieux une monomât, genre Itisa.

Dans l'ordre d'importance, le couchage vient immédiatement après la tente. Le sac en duvet est indispensable, à la condition de contenir au minimum 500 grammes de duvet vif et non pas les débris de plume que l'on trouve dans les articles trop bon marché. Si ce duvet n'est pas enfermé dans un tissu très fin et serré, il passe tôt ou tard au travers et s'imprègne dans tous les lainages. Donc, percale de première qualité ou nylon (très cher mais léger et confortable). Le pied et la cagoule des sacs dits « norvégiens », sans être indispensables pour le canoéiste, assurent une meilleure protection contre le froid.

Le matelas pneumatique, outre le confort qu'il procure, isole du sol froid. Les modèles courts, un peu moins agréables, sont cependant suffisants et réduisent le poids d'une façon appréciable. Ceux en tissu dit « alpin » sont plus légers mais aussi plus fragiles. Un gonfleur vous évitera la fatigue du gonflage à la bouche.

Pour la cuisine, le réchaud est l'accessoire le plus important. Si vous utilisez généralement le feu de bois — à condition d'écarter tout risque d'incendie — un simple brûleur à alcool avec paravent « diabolo » est suffisant. Il est d'un emploi facile, ne demande pas d'entretien et chauffe bien ; il a le seul inconvénient de consommer plus de combustible que les réchauds à essence. Ceux-ci, sont d'un usage agréable, et leur flamme est réglable. Cependant ils sont d'un emploi délicat : choisir un modèle robuste, sans soudures fragiles ; ne jamais le faire fonctionner sous la tente ou en un lieu sans circulation d'air, suivre exactement les prescriptions du mode d'emploi, le nettoyer soigneusement. De graves accidents ont eu lieu par négligence ou imprudence. Le pétrole est un combustible qui tache et sent mauvais ; l'alcool solidifié ne peut servir qu'à réchauffer un plat ou une boisson.

La batterie de cuisine est en aluminium. Pour deux campeurs, deux popotes (la plus grande de 2 litres) avec couvercles formant poêles sont suffisantes. Assiettes et bols en matière plastique, boîtes et tubes de même matière pour les aliments fragiles, le beurre et le sel. Bidon en aluminium avec l'intérieur verni, de préférence, pour l'huile : bouteille entourée de paille pour le vinaigre qui percerait très vite l'aluminium. La gourde basque est préférable aux bidons pour le vin. Quelques menus accessoires compléteront votre matériel de popote ainsi qu'un certain nombre de sacs en toile pour les aliments : pain, pâtes, riz, etc.

Pour l'eau, une poche à eau en tissu caoutchouté ou en toile. Cette dernière existe en forme de nourrice à section triangulaire avec robinet, très pratique pour le canoé.

Avec une lampe électrique, une bougie, une trousse de pharmacie et votre nécessaire de toilette, votre matériel de camping sera complet.

Terminons par le chapitre des vêtements, qui doivent être chauds, peu fragiles et le moins encombrants possible. En été, vous serez généralement en maillot de bain avec, aux pieds, des sandales genre tennis, en toile et semelles de caoutchouc antidérapantes ; vous garderez à portée de la main un maillot et un short. Prévoir en supplément pour le camp et le voyage : deux chandails, une chemise de flanelle, un pantalon ou un short de rechange, pyjama, chaussettes de laine, foulard et un bon anorak rigoureusement imperméable.

Comme chaussures, les mocassins à semelles crêpe sont légers et vous permettront de marcher à l'aise dans les terrains les plus rocailleux.

En début de saison et surtout si vous descendez une rivière torrentueuse, les vêtements que vous porterez sur vous seront mouillés malgré votre anorak ; d'un jour à l'autre, ils ne sécheront pas, et vous devrez vous munir de lainages en quantité suffisante. Dans ces conditions, rappelez-vous que la laine portée à même le corps, même mouillée, préserve du froid. En outre, vous aurez plus chaud en endossant deux chandails légers plutôt qu'un épais, et ils sécheront plus vite.

G. Noël.

Le Chasseur Français N°648 Février 1951 Page 94