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Les porte-graines racines

Choix et conservation

Pour donner d'abondantes récoltes, les graines doivent posséder diverses qualités. La première est une bonne faculté germinative. II faut également que la graine soit bien de la variété que l'on désire cultiver, etc. Aussi est-il de pratique courante au jardin familial d'y faire quelques porte-graines dont la production donnera le maximum de garanties. La qualité de la graine ainsi récoltée dépend toutefois, pour beaucoup, des soins que l'on apporte dans le choix des racines qui seront, par la suite, des sujets reproducteurs. L'époque la plus favorable pour faire un choix judicieux est la saison qui correspond à l'arrachage en vue de la conservation pendant l'hiver.

Caractères généraux des bons porte-graines.

 — Quelle que soit l'espèce ou la variété, l'attention doit se porter sur deux points : l'ensemble de la racine et le collet.

On entend par collet, dans le cas qui nous occupe, la base des feuilles, la réunion de celles-ci sur une certaine longueur, à partir de l'endroit où elles prennent naissance à l'extrémité de la racine. Les feuilles ainsi groupées le sont de telle façon qu'elles ont été comparées à la base d'une tige, de là le nom de collet.

En tenant compte des caractères qui sont propres à une variété, on peut dire que plus le collet est mince, réduit, plus on se rapproche de l'idéal.

En outre, autant que possible, pour les carottes surtout, les feuilles qui en forment l'ensemble doivent s'élever, réunies, un peu au-dessus du point où elles ont pris naissance. En somme, il faut éviter les collets dont les feuilles s'écartent, dès la base, les unes des autres, en éventail.

Quant aux racines, il faut les choisir unies, lisses, bien conformées, et sans ramifications. Nous allons d'ailleurs voir ce qu'il y a lieu de retenir de spécial pour les cas particuliers.

Carottes. — C'est un de nos principaux légumes racines. Beaucoup de variétés sont susceptibles d'être cultivées.

En supposant que la variété à laquelle on ait affaire soit pure, la meilleure manière de choisir les porte-graines, lors de l'arrachage, est de fixer son attention sur la forme générale qu'affecte l'ensemble des racines. Après cela, on s'arrête sur les spécimens les mieux conformés, qu'on a soin de mettre de côté. Ce premier triage est suivi d'un second, qui a pour objet de prélever parmi les racines déjà sélectionnées celles qui sont les plus unies, sans ramifications, et dont l'extrémité inférieure s'arrête brusquement et se continue par une partie grêle ; ce dernier caractère doit figurer aussi bien sur les variétés à racines allongées que sur celles à racines cylindriques ou renflées aux extrémités.

Il ne reste plus qu'à arrêter son choix sur les racines qui possèdent un collet fin, enfoncé dans une légère cavité.

Navets. — Les uns sont à racines longues, plus ou moins cylindriques, les autres longues et renflées aux extrémités, puis d'autres encore tout à fait rondes ou aplaties. Les racines seront choisies parmi les mieux faites et celles terminées brusquement. Quant au collet, il faut qu'il soit très réduit et, toutes choses égales, représenté par un minimum de feuilles avec pétiole plutôt redressé que retombant.

Betteraves. — Les racines de betteraves potagères sont à racines longues, pyriformes ou aplaties. Suivant la variété, le choix se portera sur les racines les mieux faites et lisses. Concernant le collet, il faut faire attention, celui-ci ayant tendance à s'élargir. Il faudra choisir de préférence les racines qui possèdent le collet le plus réduit avec le minimum de feuilles rapprochées les unes des autres.

Céleri-rave. — C'est un légume pour lequel il faut être indulgent à l'égard des racines secondaires, qui prennent naissance sur la partie renflée ; elles y sont toujours plus ou moins nombreuses. La chose qu'il faut rechercher, c'est que celles-ci soient, en majorité, groupées vers la partie basse. En ce qui concerne le collet, il doit être aussi réduit que possible.

Salsifis et scorsonères. — Les racines longues, unies, non ramifiées, sont calles auxquelles il faut donner la préférence.

Semis à préférer pour la production des porte-graines.

 — Il est bien entendu que l'on ne fait pas de semis exprès ; seulement, ceux qui conviennent le mieux et qui fournissent les racines les mieux constituées sont pour les carottes : ceux de juin pour les variétés tardives, de juillet et août pour les espèces demi-hâtives et hâtives ; les navets, les semis de fin juillet - commencement d'août ; les betteraves, les semis de la fin mai ; les céleris-raves semés en avril-mai ; les salsifis et les scorsonères semés en mars-avril fournissent les racines qu'il faut préférer.

Récolte et conservation.

 — Toutes ces racines sont arrachées avant les premiers froids. Celles qui sont choisies sont laissées intactes, les feuilles étant coupées à environ 4 à 5 centimètres au-dessus du collet.

Si on a quelques porte-graines à conserver, on peut planter les racines dans des caisses remplies de terre ordinaire ; ces caisses sont placées dans un cellier, une cave, ou simplement le long d'un mur et protégées par une couche de litière, de feuilles sèches, etc.

La conservation en cave chaude et humide est souvent défectueuse : sous l'influence de ces deux agents, le collet produit des feuilles qui s'étiolent, s'allongent démesurément. La racine se vide et se trouve dans de très mauvaises conditions au printemps.

A. GOUMY.

Le Chasseur Français N°648 Février 1951 Page 98