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Deux volailles géantes d'amateur

Brahma et cochinchinoise

Après avoir connu une très grande vogue à la fin du siècle dernier et jusqu'en 1914, la Brahma et la Cochinchinoise ont, peu à peu, disparu des expositions et des basses-cours pour ne plus subsister que par quelques unités en France.

Puis, soudainement, depuis quatre ans surtout et spécialement pour la Cochinchinoise, des amateurs de ces magnifiques volailles se sont révélés à nouveau, des importations ont eu lieu et on commence maintenant à voir apparaître quelques bons sujets. Ils sont malheureusement encore trop peu nombreux, surtout au point de vue qualité.

La raison principale de la quasi-disparition de ces majestueuses volatiles tient au fait, qu'il faut bien avouer, de leur productivité médiocre. Ce sont, en général, des pondeuses très moyennes, la croissance des jeunes sujets est lente et la qualité de chair est inférieure à celle des Bresse, Bourbonnaise, Gâtinaise, etc. Par contre, ce sont d'excellentes couveuses et meneuses, des animaux très familiers, et d'une taille impressionnante.

La race de Brahma-Poutra a joué un grand rôle dans la constitution de certaines de nos grandes races : Bourbonnaise, Faverolles, Sussex, Bourbourg, Coucou de Malines.

Le type parfait de la race est le blanc herminé ; c'est une grosse volaille à tarses emplumés, avec bec et pattes jaunes ; le port est plus vertical que celui de la Cochinchinoise, le corps est massif, profond et porté horizontalement ; la crête est triple. Les poids varient entre 4kg,250 et 4kg,750 chez la poule, et le coq peut atteindre jusqu'à 6 kilogrammes.

La poule Brahma est extrêmement rustique et réussit sous tous les climats. Bien qu'un peu maladroite, elle peut mener jusqu'à 20 poussins sans difficultés ; sa ponte oscille autour du chiffre de 120 œufs par an ; il est à noter qu'elle pond une partie de l'hiver.

La Cochinchinoise est encore plus massive que la précédente, plus près de terre, et ses tarses et pattes, fortement emplumés, lui donnent un aspect ramassé bien particulier.

Il est admis que cette race est originaire du Tonkin. Les premiers sujets en auraient été rapportés à la reine Victoria d'Angleterre par l'amiral Cecil, revenant de mission en Extrême-Orient. Ils furent l'objet d'une grande curiosité à la cour et reçurent des soins tout particuliers ; l'engouement fut immense pour ces grosses volailles d'une forme nouvelle et leur diffusion fut rapide, d'abord an Angleterre, où il en existe encore de nombreuses variétés, puis sur tout le continent.

Actuellement il n'y a que peu d'éleveurs de la race en France, et, leurs souches ayant à peu près disparu pendant les deux guerres, ils ont dû faire appel à des importations de Hollande, d'Angleterre et de Suisse.

Le type original est noir, mais il existe des variétés fauves, bleues, perdrix, coucou, chamois et blanches. Les noires et les fauves sont, en général, les plus typées.

La Cochinchinoise est une grosse volaille à pattes jaunes, ainsi que le bec et les tarses. Le cou est court et incliné en avant, le port est calme et lent, avec des lignes générales arrondies. Le dos et les reins sont courts et larges, la poitrine est abondamment garnie de plumes duveteuses, la queue est petite et portée horizontalement. Les tarses sont amplement garnis de plumes.

Les poids moyens sont de 5 kilogrammes à 6kg,500 chez le coq et de 4 kilogrammes à 4kg,500 chez la poule. La ponte de cette dernière est d'une centaine d'œufs annuellement. Les poussins cochinchinois s'élèvent bien, mais, comme ils s'emplument lentement, il y a lieu de donner de bonne heure des protéines animales ou des petites proies vivantes (asticots, petits vers) et de les protéger, de la pluie pendant les deux premiers mois, surtout pour les couvées de février à avril.

La croissance est assez lente et il y a lieu d'attendre sept à huit mois avant de consommer les poulets, dont le fort squelette serait insuffisamment garni de chair avant ce délai.

En résumé, les deux races que nous venons de décrire ne sont pas à recommander à quiconque envisage une exploitation industrielle avicole, mais à l'amateur de beaux et gros sujets elles donnent de grandes satisfactions. Je fais, en terminant et par expérience personnelle, une recommandation très importante au sujet de leur élevage : il est indispensable d'assurer des sols secs et des emplacements couverts et garnis de paille pour tenter avec succès l'élevage de ces deux races. Par temps neigeux ou très pluvieux, n'hésitez pas à les garder dans un poulailler fermé et dont le plancher est garni d'une bonne litière.

R. GARETTA,

Expert agricole.

Le Chasseur Français N°648 Février 1951 Page 106