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Courrier cynégétique

Des records battus.

— Quelque part dans le bled, j’étais en équilibre instable au flanc d’une paroi schisteuse, lorsqu’un perdreau levé de l’autre côté du ravin m’arriva drit dessus, tel un bolide. Je le tire à 25 mètres et le tue net. L'oiseau, emporté par son élan, continua sa course et vint percuter ma cuisse, à une vitesse de plus de 80 kilomètres à l’heure.

Dr BOURGEOIS, Alger.

Un automobiliste voit devant sa voiture trois sangliers ; curieux, notre pilote accélère. Nos sangliers continuent leur course, à une cinquantaine de mètres de la voiture qui roule entre 40 et 50 de moyenne … Cette poursuite se continua pendant près de 10 kilomètres.

Georges BROSSE, Épernay.

La canepetière.

— Je voudrais apporter aujourd'hui quelques détails supplémantaires sur ce beau gibier que je qualifie de « superbe rarissime » et que peu de chasseurs connaissent.

La canepetière … Je ne reviendrai pas sur sa description, mais j’ajouterai que, pour justifier l’étymologie de son nom, où se retrouve le mot : canel, il fort bien reconnaître qu'au vol l'oiseau rappelle exactement la silhouette d'un anatidé (aile sifflante, cou tendu, vol rapide), alors qu'à terre il figure assez bien la pintade domestique, comme taille et comme allure.

Frimaire laisse supposer que cet oiseau ne fréquente qoe les grandes plaines ; or je peux préciser (ce n'est que d'intérêt local, direz-vous) que ce gibier de choix se rencontre « assez fréquemment » — là, il y est bien connu — dans la plaine vendéenne, et plus spécialement dans la partie sise entre Niort et Fontenay-le-Comte. Dans ce coin privilégié, à ce point de vue, il n’est pas rare d’entendre soudain — mais, hélas ! très haut dans le ciel — le ti-ti-ti caractéristique du vol (indiscret) d'une bande de canepetières qui passe ... Malgré tout, nombre de chasseurs de cette région ont à leur palmarès une ou deux de ces « grandes dames ». Mieux : dans cette plaine, où aternent céréales et prairies artificielles, quelques couples vivent à l'état sédentaire (leur absence au cœur de l'hiver est de très courte durée), et ils viennent invariablement au même point de nidification, ou plus exactement à la même aire de nidification, qui s'étend généralement sur environ 200 hectares. Avouez que, pour trouver un nid de canepetière, oiseau extrêmement méfiant, sur une telle surface devient un travail gigantesque, dans lequel le hasard seul peut vous servir une fois dans votre vie. J'ai eu ce privilège il y a quelques années : j'en découvris un (je m’en doutais) dans une luzernière. Hélas ! les œufs, qui pouvaient être au nombre de quatre venaient d'être rnangés par quelque bête de rapine ou des chiens tout simplement ; les coques — encore fraîches — rappellent par leurs teintes l’œuf de perdrix ; on peut juger que ces oeufs atteignent la taille d'un petet œuf de poulette de 45 à 50 grammes.

Ces aires de nidification deviennent, en fin d’été, le lieu de rassemblement de troupes de canepetières venues de l’extérieur, qui peuvent atteindre jusqu’à 80 sujets.

Il serait intéressant d'étudier de très près toutes les conditions qui font qu’une zone déterminée est choisie avec prédilection par la canepetière.

La présence de la canepetière (petite outarde) dans ce coin de Vendée (Deux-Sèvres), semble, si l’on en croit les archives, remonter assez loin dans l’histoire, puisque le petit village de la Tardière, prés de La Châtaigneraie, devrait son nom à la déformation du mot « Outardière », désignant un lieu fréquenté par les outardes aux temps de nos arrière-grands-pères.

Alex BONNAUD, Abonné, Nesmy (Vendée).

Le renard manifeste-t-il sa douleur ?

— L'affirmation de M. Foucault sur la douleur muette du renard a été mise en doute par de nombreux chasseurs, qui nous ont raconté des cas ou « Goupil » ne peut contenir ses cris. L'abondance du courrier nous oblige à résumer l'ensemble des dépositions et à tirer des conclusions générales. Il est d'abord certain que le renard manifeste quelquefois sa douleur. Tous ceux qui l'ont entendu sont d'accord sur la nature de sa plainte, qui est déchirante et ressemble à celle du chien blessé. Mais, comme if existe quantité de renards muets dans leur douleur, reste à savoir si la plainte dans la souffrance est le fait de quelques animaux plus faibles. Elle peut dépendre aussi de la nature de la blessure, comme nous le fait remarquer M. Lucien Valiton, de Chavanne-les-Grands. Et, nous terminerons sur la question que nous pose le même correspondant : Est-ce seulement en présence de l'homme que le renard fait taire sa douteur ? En un mot, le renard est-il un stoïque ?

Albinisme et mélanisme.

— La question de l'albinisme et du mélanisme est soulevée de toutes parts et au sujet de beaucoup d'animaux. M. Bournet Paulin, du Tarn-et-Garonne, nous parle d'une hirondelle blanche « que certaines de ses compagnes semblaient vouloir chasser comme elles le font avec les nuisibles ». Par ailleurs, M. Paul Laforet, de Grenoble, nous déclare avoir remarqué un lapin de garenne entièrement blanc au milieu d'un panier de 144 unités en provenance de l'Allier. Les lapins noirs aussi surprennent les chasseurs. M. Collet, de l'Indre, a tué un garenne mâle d'un beau noir brillant. Par contre, M. Carratie, de l'Hérault, est moins surpris, car, dans son pays, « sur un vaste espace d'au moins 200 hectares, il se tue chaque année des lapins noirs ».

Un canard blindé.

— J'ai assisté ce jour à une chasse qui a amusé bien des chasseurs que la neige avait fait se rassembler le long des berges de l'Isère.

Un palmipède connu dans notre région sous le nom de « plongeard » a essuyé vingt-deux coups de fusil avant de rendre l’âme. A 30 ou 40 mètres, il encaissait les coups, s'ébrouait comme pour faire tomber les plombs et, la tête droite, examinait les chasseurs. Lorsque plusieurs fusils se trouvaient à portée, c'est 200 grammes de plomb qui lui étaient adressés. A ce moment, le canard prenait son vol, remontait I'Isère de 200 à 300 mètres et attendait ; très souvent, comme les coups partaient, il disparaissait dans l’eau pour ressortir 15 à 20 mètres plus loin. Quarante minutes il tint les chasseurs en haleine ; finalement, il eut la malencontreuse idée de se rapprocher de la berge, où un jeune fusil, vraiment bien placé, mit fin à cette partie comique. Malheureusement pour celui-ci, il ne pourra le déguster, car I'Isère, très rapide en ce moment, l’entraîna sans qu’aucun chien pût aller le quérir.

M. POULAT.

Le Chasseur Français N°649 Mars 1951 Page 143