Accueil  > Années 1951  > N°649 Mars 1951  > Page 164 Tous droits réservés

Mars au jardin d'agrément

Quelques plantes annuelles à fleurs peuvent être semées en plein air en mars, à une date plus ou moins avancée suivant la région. Citons : les pavots et coquelicots à fleurs doubles, l’eschscholtzia de Californie, les pieds-d'alouette simples et doubles, la nigelle de Damas, les œillets de Chine, le clarkia pulchella, le souci double, etc., et, parmi les plantes grimpantes, les pois de senteur.

Mais, pour beaucoup d'autres espèces, dont les graines ne germent qu'à une température plus élevée, le semis doit être fait, sous châssis et sur couche, dans la deuxième quinzaine du mois, de façon à avoir des fleurs de bonne heure ; sont dans ce cas : les œillets d’Inde, les roses d'Inde, les zinnias, les verveines hybrides, les reines-marguerites, le cosmos bipinné, les coréopsis, les balsamines, les mufliers, les pétunias, les pentstémons, la sauge éclatante, le pyrèthre doré, les œillets de Chine, etc. Après un ou deux repiquages sous châssis, ces plantes pourront, pour la plupart, être plantées en mai dans les corbeilles et les plates-bandes, en même temps que les géraniums, fuchsias, bégonias, héliotropes et autres plantes molles conservées en serre pendant la mauvaise saison. Quelques autres plantes à grand développement, destinées à être plantées isolément ou à former des groupes, se sèment aussi sur couche à la même époque. Tels sont : les dahlias, le ricin sanguin, le solanum marginatum, le datura d'Egypte, le nicotiana colossea, etc.

C'est encore en mars que, dans le but de les multiplier, on éclate les touffes des plantes vivaces rustiques dont la floraison se produit à la fin de l'été ou en automne : helenium autumnale et autres asters, phlox paniculés, anémones du Japon, solidage verge d'or, soleils vivaces, chrysanthème des lacs, etc.

On continue la réfection des bordures de plantes vivaces lorsque ces bordures sont devenues imprécises du fait du trop grand développement de quelques touffes et de la disparition de beaucoup d'autres. Se prêtent à cette opération les œillets mignardise blanc et rose, le gazon d'Espagne, les asters nains, le céraiste tomenteux, les hémérocalles, le plumbago larpentae, les campanules naines, le vittadinia triloba, les iris pumila et germanica, etc. Pour ces derniers, de même que pour d'autres plantes fleurissant au printemps, la floraison s'en trouvera, la première année, considérablement affaiblie.

En serre ou sous châssis, on continue le bouturage des plantes molles à croissance relativement rapide. Ageratums nains, sauge éclatante, coleus, alternantheras, telantheras, bouturés à cette époque, fourniront encore des plantes suffisamment fortes pour être plantées en mai dans les corbeilles et les plates-bandes.

Vers la fin du mois, on met en végétation, sur couche tiède, les rhizomes de cannas que l'on veut diviser, les souches de dahlias dont on veut faire des boutures, les bulbes de bégonias tubéreux. Toutes ces plantes pourront concourir, avec les précédentes, à la plantation des corbeilles et des bordures en mai prochain.

Quelques bonnes plantes annuelles pour corbeilles et plates-bandes.

— Les conditions économiques difficiles de notre époque ont ramené l'attention de l'amateur de jardins sur ces plantes qu'il avait tendance à négliger en période de plus grande facilité.

Les plantes annuelles à fleurs, rappelons-le, sont celles dont la floraison a lieu l'année même du semis.

Il est certain qu'un nombre assez restreint de plantes annuelles possèdent les qualités de tenue, de floribondité et autres qui font tant apprécier les plantes vivaces non rustiques, dites « plantes molles » : géraniums, bégonias, héliotropes, etc. ; mais, ayant eu l'occasion, au cours de notre carrière déjà longue, d'utiliser beaucoup ces plantes annuelles, nous pensons rendre service à nos lecteurs en leur donnant ci-après une très courte liste de celles qui, à une grande facilité de culture, joignent une incontestable valeur décorative.

C'est donc en toute assurance que nous pouvons leur recommander :

Les œillets d'Inde et, plus particulièrement, le simple nain Légion d'Honneur, plante formant des bordures d'une tenue et d'une régularité parfaites, fleurissant très abondamment et sans interruption jusqu'aux gelées.

Les pétunias à grandes fleurs, dont il existe des races perfectionnées, naines et compactes, à tiges fermes, de coloris très vifs variant du blanc pur au violet foncé en passant par tous les tons du rose et du rouge, constituant l'un des plus beaux ornements des parterres au cours d'un été chaud et sec.

Les verveines hybrides, qui présentent à peu près toutes les nuances, du blanc au rouge vif et à l'indigo, plantes réussissant aux expositions aérées et éclairées en tous terrains meubles, sains et légers.

Les capucines naines, aux innombrables fleurs de coloris vifs, tranchant agréablement sur le feuillage foncé, notamment dans la variété Impératrice des Indes, l'une des plus jolies.

Les zinnias nains doubles, plantes de bonne tenue, intéressantes par la profusion et la longue durée de leurs grandes et belles fleurs de tons très variés, d'autant plus abondantes qu'il fait plus chaud et plus sec.

Le verbena venosa, robuste et élégante verveine qui, elle non plus, ne redoute pas la sécheresse et donne, de juin à octobre, d'innombrables fleurs violet bleuté d'un effet remarquable.

Le gaura de Lindheimer, aux longs rameaux flexibles, très nombreux, se couvrant, pendant tout l'été, de fleurs blanches légères imitant des papillons.

Les pentstémons hybrides à grandes fleurs, dont il existe de remarquables variétés de coloris se recommandant par l'abondance de leur floraison et la gracieuse disposition de leurs fleurs en clochettes à gorge largement ouverte.

Le lobelia erinus, et surtout la jolie variété Crystal Palace à fleurs bleues, à feuillage de couleur sombre, à port compact, dont on peut faire de magnifiques bordures.

Le pyrèthre doré Toison d'or, autre plante très naine, à feuillage d'un beau jaune d'or, que l'on fait souvent voisiner, dans les décorations florales, avec la plante précédente, formant avec celle-ci d'agréables contrastes.

Le ricin sanguin, qui, par les grandes dimensions et la beauté de son feuillage, par son port majestueux, est susceptible d'occuper une des premières places parmi les plantes destinées à être isolées ou à former des groupes sur pelouses ou encore des têtes de grandes corbeilles.

Le maïs du Japon panaché, de port également très ornemental et convenant aux mêmes usages que le précédent.

Le tabac blanc odorant, de culture extrêmement facile, dont les nombreuses et grandes fleurs blanches en clochettes s'ouvrent le soir, répandant alors, dans les parterres, une odeur suave et pénétrante qui se perçoit à une assez grande distance.

E. DELPLACE.

Le Chasseur Français N°649 Mars 1951 Page 164