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Causerie vétérinaire

La toilette des chiens

Qu'il soit chien de berger, de garde, de chasse ou d'appartement, le chien doit recevoir un minimum de soins de propreté qui concourent à l'entretien de sa santé. Nous envisagerons successivement le pansage, la tonte, les bains, l'exercice ou promenade, et l'exposition aux rayons solaires, tous agents qui ont pour but de permettre un fonctionnement parfait de la peau.

La peau joue dans la santé du chien un rôle très important ; aussi devrait-elle être tenue dans le plus grand état de propreté non seulement pour éviter toutes espèces d'affections cutanées, mais encore pour lui permettre de fonctionner convenablement. Ses fonctions, indispensables à la vie, se rapportent à la respiration ; la peau est, à ce point de vue, le véritable auxiliaire du poumon. Il s'opère, en effet, à sa surface, si riche en vaisseaux sanguins, absolument comme dans l'organe pulmonaire, un continuel échange entre l'oxygène de l'air et l'acide carbonique du corps ; en d'autres termes, elle exhale constamment de l'acide carbonique et des vapeurs d'eau à la manière du poumon, naturellement dans des proportions moindres, et elle absorbe de l'oxygène.

La puissance d'absorption de la peau par les gaz se prouve facilement, en plaçant le corps d'un animal dans une atmosphère imprégnée d'un gaz toxique sans que ce gaz puisse arriver par les voies respiratoires ; l'empoisonnement s'établit avec ses symptômes ordinaires.

L'importance de cette fonction respiratoire de la peau, que l'on appelle perspiration cutanée, a été démontrée directement par Fourcault et Bouley. On a remarqué, en effet, qu'en recouvrant la peau d'un enduit imperméable aux gaz on faisait mourir les animaux avec tous les caractères de l'asphyxie lente ; bien que les animaux puissent librement respirer par les poumons, l'hématose reste incomplète. Il en est de même quand, à la suite de brûlures un peu étendues, la peau cesse de fonctionner ; on a signalé de l'asphyxie cutanée ou au moins des congestions d'organes internes, quand on enduisait la peau des chiens galeux avec de l'huile ou une matière plus ou moins emplastique.

Si l'on considère maintenant l'importance des fonctions de la peau, il est facile de comprendre combien les soins de propreté de cet organe contribuent à la conservation de la santé des animaux et à leur bien-être. Chaque accumulation de crasse irrite les chiens, qui s'efforcent, en se grattant et en se frottant, de s'en débarrasser. Les excoriations qui en résultent attirent les puces et servent de portes d'entrée aux microbes pyogènes, provoquant l'inflammation de la peau, les furoncles et l'eczéma.

Pansage.

— Pratiqué comme nous l'avons indiqué dans une précédente causerie, le pansage n'a pas seulement pour effet de débarrasser la peau des matières qui s'accumulent à sa surface et qui la souillent ; il n'est pas une pure affaire de propreté ; le brossage exerce encore une autre action ; il excite et anime le chien, qui s'appuie contre la brosse et manifeste une satisfaction évidente ; il stimule la circulation du sang dans les tissus recouverts par la peau, particulièrement les muscles, qu'il repose lorsqu'ils ont été fatigués par une chasse prolongée.

Outre les peignes et brosses ordinaires, en corne, en crins ou en métal, on trouve dans le commerce des instruments perfectionnés qui, tout en assurant un bon pansage, tuent les parasites au moyen d'un liquide antiparasitaire. Brosses et peignes sont munis d'un réservoir qui laisse couler automatiquement le liquide qu'il contient. Ce liquide, mousseux et sans odeur, est généralement formé par un hydrocarbure, du tétrachlorure de carbone ou de pyréthrines qui sont les principes actifs du pyrèthre (chrysanthemum cineriaefolium) Ces pyréthrines ont une action énergique contre tous les parasites, externes ou internes, alors qu'elles sont absolument inoffensives pour le chien au cas où il se lécherait.

Tonte.

— La tonte est une opération qui consiste à raccourcir les poils de la robe sur toute la surface du corps, ou simplement sur une partie de celle-ci. La tonte générale n'est employée le plus souvent que comme temps préliminaire des traitements anti-eczémateux ou antipsoriques. Cependant, elle est recommandée pour les chiens à poils longs, de garde ou autres, qui au cours de l'été souffrent sous leur trop chaude fourrure, laquelle, trop souvent, donne asile aux puces. C'est un service à rendre à ces chiens en même temps qu'une excellente mesure d'hygiène de les en priver dès le commencement des beaux jours. C'est d'ailleurs une pratique très employée dans toutes les villes du Midi, où l'on voit les tondeurs de chiens circuler dans les rues et annoncer leur passage par le cliquetis produit par les branches de leurs énormes ciseaux. Nous ne ferons que signaler la tonte appliquée à certaines races de chiens (caniches) : tonte en lion, à l'anglaise, à la zouave, etc.

Bains.

— Les bains sont des auxiliaires précieux de l'hygiène et de la thérapeutique ; de là leur division en bains hygiéniques et bains médicinaux. Les premiers seuls nous intéressent ici. Dans une causerie précédente, nous avons donné la formule d'un de ces bains (voir janvier 1950).

Le bain général peut être donné frais ou tempéré (16°) ou chaud (36 à 40°). Le bain tempéré se prend dans un cours d'eau et exclusivement en été. On choisira les jours de soleil et, de préférence, on donnera le bain le matin, de six à sept heures, ou le soir, de quatre à cinq heures, en évitant de laisser les animaux se mettre à l'eau immédiatement après le repas. Les propriétaires habitant sur le littoral devront préférer, pour leurs chiens, les bains de mer, comme étant plus toniques et plus réconfortants.

En général, on ne laisse les chiens que quelques minutes dans l'eau (6 à 8 minutes) et on les oblige à s'y déplacer. Si quelques sujets semblent grelotter ou frissonner au sortir du bain de rivière, c'est que la durée a été trop longue pour eux ; on les bouchonnera vigoureusement et, comme les autres, on les promènera au soleil.

Les chiens d'appartement à robe blanche (Loulous. Maltais, etc.) réclament des soins spéciaux pour l'entretien de leur fourrure.

Deux procédés peuvent être employés.

  • On prépare de l'eau savonneuse en faisant bouillir 50 grammes de savon noir et 30 grammes de sous-carbonate de soude dans un litre d'eau ; bien laver le chien avec une éponge, dans le sens des poils; rincer à l'eau tiède, sécher ensuite avec de la flanelle ou des serviettes chaudes.

  • Deuxième procédé, indiqué surtout pour le Loulou de Poméranie. Savonnage au savon de Marseille, sécher légèrement, puis masser le poil avec du gros son de froment chauffé ; brosser ensuite et peigner. Si des places restent jaunâtres, les traiter superficiellement avec un mélange composé d'une partie d'eau oxygénée, de quatre parties d'eau distillée et de quelques gouttes d'ammoniaque, en lotions dans le sens des poils, puis saupoudrer d'amidon pulvérisé ; brosser et, pendant que les poils sont encore humides, peigner à rebrousse-poil pour redresser la fourrure.

Promenade.

— Lorsque vous tenez constamment les chiens en appartement, remarquez la joie qu'ils vous témoignent lorsque vous prenez la laisse pour les mener à la promenade ; ils ne peuvent mieux vous faire comprendre que le grand air et l'exercice leur sont aussi nécessaires que la nourriture, et plus que les caresses.

La promenade quotidienne s'impose non seulement aux chiens d'appartement et de garde, qui restent inactifs pendant la plus grande partie de la journée, mais encore aux chiens de chasse, pendant la période de clôture. D'ailleurs, la plupart en profitent pour soulager leur vessie et leur tube digestif. Parfois même, chemin faisant, ils mangent de l'herbe ; on ne doit pas s'y opposer, car c'est une erreur de croire qu'ils cherchent à se rafraîchir, qu'ils digèrent l'herbe et que c'est leurs épinards ; c'est simplement pour se faire vomir.

Les chiens ne sont pas les seuls animaux pour lesquels l'herbe est une nécessité ; les autres carnivores, les chats par exemple, ont eux aussi besoin d'en manger. Presque chaque fois qu'un chien mange de l'herbe, il la rejette avec tout ce qui se trouve dans son estomac ; bref, l'herbe lui fait l'effet d'un vomitif, d'une purge.

Lorsque les chiens ne peuvent trouver l'herbe nécessaire, ils cherchent un soulagement en engloutissant du foin ou des copeaux de bois. L'effet est d'autant plus prompt que l'objet est plus apte à provoquer le chatouillement de l'œsophage et de l'estomac. Dans la masse rejetée, on a trouvé des esquilles d'os avec beaucoup d'humeur visqueuse, d'où conclusion que l'animal souffrait encore plus d'un excès de suc gastrique que de la présence des os. Aussi convient-il de faciliter au chien le moyen de pouvoir vider périodiquement son estomac.

Utilité des rayons solaires.

— Parmi les éléments naturels indispensables à 1'évolution normale et à la reproduction, en un mot à la santé des êtres vivants, le soleil joue un rôle de tout premier plan. Sans soleil, les animaux s'étiolent et s'affaiblissent. Donc, donnez à vos chiens du soleil à discrétion, aux jeunes surtout, soit en promenade, soit dans une cour ; vous contribuerez ainsi à l'entretien de leur santé.

MOREL,

Médecin vétérinaire.

Le Chasseur Français N°650 Avril 1951 Page 211