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Le transport des canoés

Le transport d'un canoé sur le toit d'une voiture ne présente pas de difficultés particulières à la condition évidente que la puissance de la voiture soit à même d'en supporter la surcharge, de l'ordre d'une soixantaine de kilogrammes avec les accessoires. L'arrimage sur une galerie robuste avec de bonnes sangles est aisé ; les bosses avant et arrière, disposées en triangle, relieront les pointes aux pare-chocs. Quelques sandows judicieusement placés assureront la rigidité de l'ensemble en conservant une bonne souplesse.

Bien entendu, cette charge volumineuse aura une répercussion sur la conduite de la voiture, qui devra être menée avec prudence à une vitesse raisonnable. Au cours de la croisière, la récupération de la voiture posera un problème, à moins qu'un camarade se charge de la convoyer. Sinon, après avoir déchargé le canoé, il faudra la conduire au terme de la croisière si l'on veut éviter d'avoir à revenir au point de départ ; on agira d'une façon ou d'une autre, suivant les possibilités locales de transport.

Plus souvent, le canoé est expédié par chemin de fer. L'enregistrement en « bagage accompagné » est le plus avantageux, si les équipiers doivent également prendre le train. Cependant, pour une courte distance, surtout s'il s'agit d'un transport groupé de plusieurs canoés, un autre mode d'expédition peut être moins onéreux. Les tarifs S. N. C. F. étant calculés sur le poids et la distance, seules les gares ou agences peuvent vous renseigner avec précision sur le coût d'un parcours déterminé.

Actuellement le droit d'enregistrement d'un canoé en bagage est relativement élevé. Il est de 400 francs, contre 1fr.45 en 1914 (coefficient 275) et 10 francs — ou 20, suivant la distance — en 1939. Avant guerre, le droit était fixe quel que soit le nombre de canoés expédiés pour une même destination, tandis que maintenant il est dû à l'unité.

Payer 400 francs pour faire traverser la France à un bagage aussi encombrant, c'est peu, pensent certains. Cependant la S. N. C. F. devrait comprendre que le canoéiste est un monsieur qui voyage beaucoup et ne demande qu'à voyager encore davantage si on lui offre des conditions qui l'incitent à multiplier ses déplacements. De nombreuses personnes bénéficient sur les chemins de fer de tarifs de faveur plus ou moins justifiés. L'enregistrement des canoés à un taux très faible (inférieur même à ce qu'il est actuellement) doit être considéré comme une prime largement récupérable au tarif du « kilomètre-voyageur ».

Les frais d'enregistrement sont les mêmes, quelle que soit la distance, et donnent droit à une franchise de 30 kilogrammes par voyageur, soit 60 kilogrammes pour une équipe de deux canoéistes. Pour deux raisons, faites en sorte que le canoé et ses accessoires ne dépassent pas cette limite. D'une part, l'excédent de poids se solde par une dépense très élevée et, d'autre part, plus le canoé est lourd, plus il est difficile à manipuler, et les risques d'avaries augmentent en conséquence.

Il est sage d'expédier le canoé plusieurs jours avant la date du départ, et au moins une semaine à l'avance si le trajet n'est pas direct. Fixez solidement les accessoires à l'intérieur en disposant de préférence les pagaies d'un barrot à l'autre, sur toute la longueur, pour limiter les risques d'introduction de trop volumineux colis à l'intérieur du canoé en cours de route. Dissimulez le chariot, ou tout au moins les roues, dans un sac ou dans le pontage roulé. Vous devez vous-même fixer une étiquette portant vos nom adresse et indication du lieu de destination.

Les housses ou emballages extérieurs ne sont pas recommandés ; ils augmentent le poids et le volume du canoé et rendent les opérations de chargement en wagon beaucoup plus difficiles. Dans les grandes gares, surtout en expédiant à l'avance, vous abandonnerez votre canoé aux bons soins des agents de la S. N.  C. F., mais, s'il vous arrive d'être présent au moment du chargement, offrez vos services qui seront généralement acceptés, et vous vous assurerez ainsi que votre canoé part en de bonnes conditions. Dans tous les cas, songez qu'un canoé est un bagage bien encombrant et difficile à manier par les employés préposés à la manutention des colis, et rappelez-vous que toute peine mérite sa récompense.

Si, pour une croisière en groupe, vous avez plusieurs canoés à expédier, vous pouvez, en écrivant aux gares de départ et de retour, obtenir qu'un wagon soit mis à votre disposition à la date voulue ; vous chargerez vous-même et serez certains que vos canoés voyageront dans de bonnes conditions.

En cas d'avaries en cours de route, vous devez formuler des réserves à la gare d'arrivée en indiquant avec précision, sur le registre qui vous sera présenté, les dommages subis. Vous vous conformerez aux indications qui vous seront données et il est prudent, surtout si les dégâts sont sérieux, de confirmer les réserves prises, par lettre recommandée en indiquant le lieu où le canoé est visible et d'attendre l'accord de la S. N. C. F. avant de procéder à la réparation.

Pour un transport en autocar, il est sage de prendre accord avec le transporteur, public ou privé, en indiquant la date du voyage,

Le canoé se déplace également sur route, par ses propres moyens, à l'aide de son chariot, et il est bon de connaître certains principes qui facilitent ce mode de transport. Pour charioter en côte, il est préférable que les équipiers soient à l'arrière et poussent le canoé, qui sera légèrement plus lourd à l'avant, car il est plus facile de pousser en appuyant qu'en soulevant. Pour une montée très légère, et surtout si la route est bonne, l'un des équipiers peut se placer devant, à quelques mètres du canoé, avec la bosse passée autour du corps en ayant soin de se protéger avec un mousse. Ainsi la traction sera souple et l'équipier arrière poussera en appuyant.

En palier, le canoé doit être parfaitement équilibré sur son chariot et un seul équipier le conduit sur une bonne route. En descente, l'action des deux équipiers à l'arrière sera souvent nécessaire pour retenir.

Sur un mauvais chemin, il est préférable de se placer chacun à une pointe pour soulager le chariot dans les plus mauvais passages.

Il n'est pas recommandé de tirer un canoé derrière une voiture, à moins de posséder une remorque spéciale. On peut cependant remorquer un canoé sur son chariot, derrière une bicyclette ou une motocyclette, à faible vitesse sur de courtes distances, à condition que la route soit bonne et peu encombrée. Ce mode de transport est indiqué sous toutes réserves, car il est probable qu'en cas d'accident la responsabilité du conducteur soit engagée.

G. NOEL.

Le Chasseur Français N°650 Avril 1951 Page 224