Accueil  > Années 1951  > N°650 Avril 1951  > Page 227 Tous droits réservés

Nos beaux arbustes grimpants

Les clématites

De culture facile, se prêtant à une multitude d'usages que l'imagination et le goût des amateurs peuvent déterminer, les arbustes grimpants ont leur place dans toutes les propriétés, près de la plus modeste chaumière comme autour du plus somptueux château. On en peut, en effet, garnir des troncs d'arbres, des tonnelles, des pergolas, des colonnades, des supports quelconques isolés sur pelouse, des guirlandes, des arceaux ; on en peut tapisser des murs, des façades ou des pignons d'habitations, des ruines, des rocailles, des clôtures diverses, des treillages, etc. ...

Parmi les arbustes grimpants, les clématites peuvent être placées au rang des plus décoratifs.

Plus de cent espèces et de nombreuses formes botaniques ont été introduites dans les cultures. La plupart sont rustiques, ligneuses, et toutes ces dernières se fixent aux supports à l'aide des pétioles de leurs feuilles qui tiennent lieu de vrilles.

Pratiquement, on peut former deux groupes dans les clématites :

    1° Les espèces et les nombreuses variétés à grandes fleurs, plantes remarquables par l'ampleur et les riches coloris de leurs fleurs, malheureusement assez délicates et susceptibles de périr brusquement ;

    2° Les espèces à petites fleurs, beaucoup plus robustes, indemnes de maladies, à grand développement, et dont la floraison, souvent extrêmement abondante, compense largement la faible dimension de leurs fleurs.

1° Clématites à grandes fleurs.

— D'une très grande valeur décorative par l'abondance et la durée de leur floraison qui s'échelonne, suivant les variétés, de mai jusqu'aux gelées, résistant parfaitement à l'hiver, se plaisant à peu près à toutes les expositions, les clématites à grandes fleurs sont susceptibles de multiples utilisations.

Mais leur végétation est assez capricieuse ; elles sont, en effet, sensibles à une maladie due a une bactérie (Bacillus caudivorus) qui s'attaque à la tige et fait périr la plante.

On évitera, dans une certaine mesure, cette maladie en plantant dans un sol sain et léger, bien préparé et drainé s'il le faut, la clématite craignant l'humidité en hiver. A défaut de sol naturel favorable, on creusera un trou de 50 centimètres au carré et 60 centimètres de profondeur que l’on comblera avec un mélange par tiers de bonne terre de jardin, de terreau de feuilles bien consommé et de terre de bruyère. On plantera de préférence au printemps en enterrant le collet de 10 centimètres environ. On maintiendra le sol très propre autour de la plante et on y saupoudrera, de temps à autre, pendant l'été, un mélange de chaux et de fleur de soufre.

Les nombreuses variétés cultivées sont issues, soit directement, soit par croisement, de cinq espèces principales :

— La clématite azurée (Clematis patens), introduite du Japon vers 1836, atteignant de 3 à 5 mètres. Ses fleurs sont solitaires, très grandes, et naissent sur le bois de l'année précédente en mai-juin. Cette magnifique espèce a largement concouru à la production de belles variétés par hybridation avec la clématite laineuse. Plusieurs de celles-ci sont à fleurs doubles.

— La clématite laineuse (Clematis lanuginosa), originaire de Chine et introduite en 1850, a seulement 2 à 3 mètres. Elle a fourni les plus belles, mais aussi les plus délicates variétés à très grandes fleurs de toutes les teintes, du bleu et du rosé ainsi que d'un blanc pur. Comme la précédente, elle fleurit à la fin de mai sur le vieux bois et remonte successivement jusqu'en automne sur les pousses de l'année.

— Le Clematis Jackmani, espèce venue aussi du Japon vers 1865, peut atteindre de 5 à 8 mètres. C'est la plus vigoureuse et la plus résistante des clématites à grandes fleurs. Elle fleurit sur les pousses de l'année, de juin à octobre, et a produit un très grand nombre de beaux hybrides, dont les coloris varient du violet au grenat et au blanc, par croisement avec le Clematis coccinea.

— La clématite bleue (Clematis viticella), originaire de l'Europe méridionale, a de 2 à 3 mètres, fleurit très abondamment de juin à septembre. Les fleurs sont simples ou doubles, blanches, roses, bleues ou violettes selon les variétés. Très robuste, cette espèce ne semble pas sujette à la maladie. Elle a également fourni de nombreux hybrides.

. — Le Clematis florida, espèce originaire du japon et l'une des plus anciennement cultivées en France, a des fleurs d'un blanc crémeux s'épanouissant de mai à juillet sur le vieux bois. Elle atteint 3 à 4 mètres de haut.

La taille de ces clématites diffère selon qu'elles sont issues de l'une ou de l'autre des espèces ci-dessus. Les variétés des Clematis patens, lanuginosa et florida et les hybrides venant de ces espèces ne doivent pas être taillés. On se contentera d'un simple nettoyage à la sortie de l'hiver.

Au contraire, les variétés et hybrides de Jackmani et de viticella doivent être taillés court, à deux yeux, avant le départ de la végétation.

2° Clématites à petites fleurs.

— Elles sont d'une grande vigueur et d'une extrême rusticité, réussissent à peu près en tous sols et à toutes les expositions, sauf cependant celle du nord. Elles ne sont pas remontantes, mais les fleurs sont tellement nombreuses que l'effet produit est merveilleux. Elles sont particulièrement indiquées, en raison de leur robustesse, pour garnir des troncs d'arbres. Les plus répandues sont :

— La clématite odorante (Clematis flammula), originaire de l'Europe méridionale, atteignant 4 à 6 mètres ; elle a des fleurs blanc jaunâtre, petites, très odorantes, et fleurit en août-septembre. On en connaît plusieurs belles variétés, dont une semi-double.

— La clématite à fleurs d'anémone (Clematis montana), introduite du Népal vers 1831, extrêmement vigoureuse et pouvant atteindre 8 et 10 mètres. Ses fleurs naissent sur le vieux bois, des mêmes nœuds que les feuilles. Elles sont blanc pur, de 4 centimètres de diamètre dans l'espèce type, plus larges dans la variété grandiflora, la plus répandue dans les cultures.

— Le Clematis rubens, plante originaire de Chine et introduite en 1900, considérée par la plupart des botanistes comme une variété du Clematis montana, dont elle diffère par ses tiges et son feuillage pourpré lorsqu'il est jeune, et surtout par ses fleurs d'un rose satiné rappelant celles de l'Anémone du Japon. Elle fleurit en mai et refleurit parfois à l'automne.

Comme la plupart des plantes grimpantes, les clématites sont cultivées en pots dans les pépinières. Elles sont livrées en pots et peuvent ainsi théoriquement se planter à toute époque de l'année. Cependant, l'époque à préférer pour cette plantation est la période qui s'étend du 15 septembre au 15 mai. Le printemps convient mieux pour les clématites à grandes fleurs.

E. DELPLACE.

Le Chasseur Français N°650 Avril 1951 Page 227