De culture facile, se prêtant à une multitude d'usages que
l'imagination et le goût des amateurs peuvent déterminer, les arbustes
grimpants ont leur place dans toutes les propriétés, près de la plus modeste
chaumière comme autour du plus somptueux château. On en peut, en effet, garnir
des troncs d'arbres, des tonnelles, des pergolas, des colonnades, des supports
quelconques isolés sur pelouse, des guirlandes, des arceaux ; on en peut
tapisser des murs, des façades ou des pignons d'habitations, des ruines, des
rocailles, des clôtures diverses, des treillages, etc. ...
Parmi les arbustes grimpants, les clématites peuvent être
placées au rang des plus décoratifs.
Plus de cent espèces et de nombreuses formes botaniques ont
été introduites dans les cultures. La plupart sont rustiques, ligneuses, et
toutes ces dernières se fixent aux supports à l'aide des pétioles de leurs
feuilles qui tiennent lieu de vrilles.
Pratiquement, on peut former deux groupes dans les clématites :
1° Les espèces et les nombreuses variétés à grandes fleurs,
plantes remarquables par l'ampleur et les riches coloris de leurs fleurs,
malheureusement assez délicates et susceptibles de périr brusquement ;
2° Les espèces à petites fleurs, beaucoup plus robustes,
indemnes de maladies, à grand développement, et dont la floraison, souvent
extrêmement abondante, compense largement la faible dimension de leurs fleurs.
1° Clématites à grandes fleurs.
— D'une très grande valeur décorative par l'abondance et la
durée de leur floraison qui s'échelonne, suivant les variétés, de mai jusqu'aux
gelées, résistant parfaitement à l'hiver, se plaisant à peu près à toutes les
expositions, les clématites à grandes fleurs sont susceptibles de multiples
utilisations.
Mais leur végétation est assez capricieuse ; elles
sont, en effet, sensibles à une maladie due a une bactérie (Bacillus caudivorus)
qui s'attaque à la tige et fait périr la plante.
On évitera, dans une certaine mesure, cette maladie en
plantant dans un sol sain et léger, bien préparé et drainé s'il le faut, la
clématite craignant l'humidité en hiver. A défaut de sol naturel favorable, on
creusera un trou de 50 centimètres au carré et 60 centimètres de profondeur que
l’on comblera avec un mélange par tiers de bonne terre de jardin, de terreau de
feuilles bien consommé et de terre de bruyère. On plantera de préférence au
printemps en enterrant le collet de 10 centimètres environ. On maintiendra le
sol très propre autour de la plante et on y saupoudrera, de temps à autre,
pendant l'été, un mélange de chaux et de fleur de soufre.
Les nombreuses variétés cultivées sont issues, soit
directement, soit par croisement, de cinq espèces principales :
— La clématite azurée (Clematis patens),
introduite du Japon vers 1836, atteignant de 3 à 5 mètres. Ses fleurs sont
solitaires, très grandes, et naissent sur le bois de l'année précédente en mai-juin.
Cette magnifique espèce a largement concouru à la production de belles variétés
par hybridation avec la clématite laineuse. Plusieurs de celles-ci sont à
fleurs doubles.
— La clématite laineuse (Clematis lanuginosa),
originaire de Chine et introduite en 1850, a seulement 2 à 3 mètres. Elle a
fourni les plus belles, mais aussi les plus délicates variétés à très grandes
fleurs de toutes les teintes, du bleu et du rosé ainsi que d'un blanc pur.
Comme la précédente, elle fleurit à la fin de mai sur le vieux bois et remonte
successivement jusqu'en automne sur les pousses de l'année.
— Le Clematis Jackmani, espèce venue aussi du Japon
vers 1865, peut atteindre de 5 à 8 mètres. C'est la plus vigoureuse et la plus
résistante des clématites à grandes fleurs. Elle fleurit sur les pousses de
l'année, de juin à octobre, et a produit un très grand nombre de beaux
hybrides, dont les coloris varient du violet au grenat et au blanc, par
croisement avec le Clematis coccinea.
— La clématite bleue (Clematis viticella),
originaire de l'Europe méridionale, a de 2 à 3 mètres, fleurit très abondamment
de juin à septembre. Les fleurs sont simples ou doubles, blanches, roses,
bleues ou violettes selon les variétés. Très robuste, cette espèce ne semble
pas sujette à la maladie. Elle a également fourni de nombreux hybrides.
. — Le Clematis florida, espèce originaire du japon
et l'une des plus anciennement cultivées en France, a des fleurs d'un blanc
crémeux s'épanouissant de mai à juillet sur le vieux bois. Elle atteint 3 à 4
mètres de haut.
La taille de ces clématites diffère selon qu'elles sont
issues de l'une ou de l'autre des espèces ci-dessus. Les variétés des Clematis
patens, lanuginosa et florida et les hybrides venant de ces
espèces ne doivent pas être taillés. On se contentera d'un simple nettoyage à la
sortie de l'hiver.
Au contraire, les variétés et hybrides de Jackmani et
de viticella doivent être taillés court, à deux yeux, avant le départ de
la végétation.
2° Clématites à petites fleurs.
— Elles sont d'une grande vigueur et d'une extrême
rusticité, réussissent à peu près en tous sols et à toutes les expositions,
sauf cependant celle du nord. Elles ne sont pas remontantes, mais les fleurs
sont tellement nombreuses que l'effet produit est merveilleux. Elles sont
particulièrement indiquées, en raison de leur robustesse, pour garnir des
troncs d'arbres. Les plus répandues sont :
— La clématite odorante (Clematis flammula),
originaire de l'Europe méridionale, atteignant 4 à 6 mètres ; elle a des
fleurs blanc jaunâtre, petites, très odorantes, et fleurit en août-septembre.
On en connaît plusieurs belles variétés, dont une semi-double.
— La clématite à fleurs d'anémone (Clematis montana),
introduite du Népal vers 1831, extrêmement vigoureuse et pouvant atteindre 8 et
10 mètres. Ses fleurs naissent sur le vieux bois, des mêmes nœuds que les
feuilles. Elles sont blanc pur, de 4 centimètres de diamètre dans l'espèce type,
plus larges dans la variété grandiflora, la plus répandue dans les
cultures.
— Le Clematis rubens, plante originaire de Chine et
introduite en 1900, considérée par la plupart des botanistes comme une variété
du Clematis montana, dont elle diffère par ses tiges et son feuillage
pourpré lorsqu'il est jeune, et surtout par ses fleurs d'un rose satiné
rappelant celles de l'Anémone du Japon. Elle fleurit en mai et refleurit
parfois à l'automne.
Comme la plupart des plantes grimpantes, les clématites sont
cultivées en pots dans les pépinières. Elles sont livrées en pots et peuvent
ainsi théoriquement se planter à toute époque de l'année. Cependant, l'époque à
préférer pour cette plantation est la période qui s'étend du 15 septembre au 15
mai. Le printemps convient mieux pour les clématites à grandes fleurs.
E. DELPLACE.
|