L'opération du tondage répond à la fois à des préoccupations
de propreté, d'hygiène ou de thérapeutique (maladies de la peau), voire même
des questions de mode, quand il s'agit de la toilette des chevaux et surtout
des chiens.
Elle consiste à couper et à raccourcir, en totalité ou en
partie seulement, les poils trop longs et trop touffus, dont les animaux sont
recouverts au cours de la mauvaise saison, quand les chevaux prennent leur « poil
d'hiver », comme on dit couramment.
Cette pratique peut être appliquée à tous les mammifères
domestiques, chevaux, bovins et chiens, mais pour les moutons qui y sont
contraints, dans un but économique pour la récolte de leur laine, de leur
toison, l'opération prend le nom de « tonte ».
Il est difficile de préciser à quelle date remonte la
pratique du tondage, mais il fut un temps où la tonte des moutons se faisait
par arrachage de leur laine à la main, quand celle-ci semblait assez mûre pour
se détacher sans trop les faire souffrir !
La signification péjorative de l'expression : « se
laisser tondre comme un mouton », a dû être adoptée par suite de ce
procédé fort pénible pour les opérés. Tonte et tondage n'ont été vulgarisés et
utilisés couramment qu'après l'invention des ciseaux, puis des tondeuses à
main, des tondeuses mécaniques et enfin des tondeuses électriques.
On raconte que les contrebandiers dans les Pyrénées avaient
remarqué que leurs mulets à poils ras suaient moins pendant l'hiver et, de ce
fait, pouvaient être séchés très vite une fois rentrés à l'écurie, ce qui leur
permettait de les soustraire plus facilement aux investigations des gardes
frontières et douaniers, chargés de la surveillance et de la police.
Quelle qu'en soit l'origine, le tondage a été fortement
discuté pour son application et, bien qu'il soit actuellement accepté par tous
ceux qui se sont rendu compte de ses avantages, il conserve encore des
adversaires déclarés, sans doute parce que insuffisamment informés. Car pour
qui sait observer et juger, il est facile de se rendre compte pratiquement et
scientifiquement des bons effets du tondage, pour les chevaux.
Son premier avantage est de faciliter les soins de pansage,
qui sont facteurs de santé, au point qu'il est admis qu' « un bon pansage
vaut un bon picotin d'avoine » ! De plus, il facilite la fonction
respiratoire de la peau, qui absorbe l'oxygène et rejette l'acide carbonique à
la manière des poumons. Tant et si bien qu'il est arrivé que des chevaux
traités pour des maladies de peau, la gale en particulier, ayant eu le corps
enduit de charges ou pommades à base de goudron, en obstruant les pores, sont
morts des suites d'une véritable asphyxie.
En évitant la transpiration chez les chevaux qui travaillent
fortement, quand ils ont pris leur poil d'hiver, il les met à l’abri des
refroidissements et d'inflammations ou congestions qui peuvent en résulter sur
les organes internes (coliques, pneumonie). En empêchant le feutrage des poils
humectés par la sueur, formant des boules plus ou moins dures, il diminue la
fréquence des blessures de harnachement, et, quand elles se produisent,
constatées dès leur début, elles sont plus faciles à soigner et à guérir. Il
est notoire enfin que les animaux qui viennent d'être tondus mangent leur ration
avec plus d'appétit, manifestent une puissance digestive accrue, conditions
favorables à leur santé, à leur vigueur et à leur embonpoint,
Des recherches de laboratoire poursuivies par des chimistes et
par des zootechniciens ont montré que les animaux tondus n'ont pas seulement
plus d'appétit, mais que les échanges nutritifs enregistrés montrent une
activité très grande, qui contribue au développement de leur vitalité et de
leur énergie au travail.
En général, l'époque la plus favorable au tondage est la lin
de l'automne (décembre-janvier), avant les grands froids, car il est préférable
que la peau s'habitue progressivement à leur impression. D'ordinaire, un seul
tondage suffit pour la saison d'hiver, mais, s'il était nécessaire, il n'y
aurait aucun inconvénient à le renouveler chez les chevaux dont les poils repoussent
très vite. Signalons à ce propos que, parmi les pratiquants du tondage, il est
admis que l'opération doit être faite au cours d'une « vieille lune »,
pour être assuré de n’avoir pas à la recommencer.
La pratique du tondage, chez les bovins, a pris naissance
dans les étables des grands sucriers de la région du Nord, parce qu'elle a été
reconnue très favorable aux progrès de l'engraissement, et aussi parce que les
animaux très poussés dans leur régime et consommant de grandes quantités de drêches
ou de pulpes ont souvent des démangeaisons ou éruptions plus faciles à dépister
et soigner quand les poils sont coupés. Dans ce cas, le tondage n'est jamais
que partiel, limité aux parties supérieures du corps, sur le dos, les fesses et
la queue ; cette simple précaution a, en plus, l'avantage d'être favorable
à l'aspect extérieur d'un animal, quand il est présenté à un acheteur éventuel.
Chez les chiens, le tondage répond le plus souvent à des buts
thérapeutiques, pour faciliter le traitement des nombreux eczémas et autres
maladies de peau, qui sont parmi les misères les plus fréquentes de l'espèce.
Les chiens à longs poils : épagneuls, setters, briards, etc., peuvent être
tondus avantageusement, pour leur santé et leur service, au cours des journées
très chaudes de l'été. Quant aux chiens de luxe, caniches, terriers et autres « ric
et rac », leur tondage se décide plus volontiers pour des questions de
mode que pour des préoccupations d'hygiène, encore qu'il soit, dans tous les
cas, un précieux auxiliaire pour combattre les différentes espèces de
parasites.
Après le tondage, à défaut d'un bon « shampooing »,
il faut bouchonner vigoureusement l'opéré, augmenter sa ration et, si le froid
est vif, le protéger à l'aide d'une couverture pendant quelques jours au moins.
J.-H. BERNARD.
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