Accueil  > Années 1951  > N°651 Mai 1951  > Page 271 Tous droits réservés

Courrier cynégétique

Bibliographie.

— Notre collaborateur M. Jean de Witt vient de faire paraître un magnifique ouvrage. Gibiers (1), richement illustré de quarante planches d'études dues au crayon du maître Riab. Tous nos animaux de chasse, oiseaux et quadrupèdes, y font l'objet d'une étude : hôtes permanents de nos plaines et nos bois, migrateurs et gibiers de haute montagne. Chaque notice est assortie de réflexions personnelles de l'auteur, parfois de quelques judicieux conseils puisés dans sa longue expérience.

(1) Gibiers, aux Nouvelles Éditions de la Toison d'Or, 106 bis, rue de Rennes Paris (6e).

Protection des oiseaux migrateurs contre les phares.

— Dès que la Presse a signalé les hécatombes qui avaient eu lieu au phare du cap Fréhel, M. Fernand Verdeille, sénateur du Tarn, membre du Conseil Supérieur de la Chasse et président du Groupe interparlementaire de la chasse et de la pêche, a posé à M. le ministre des Travaux publics la questions écrite ci-dessous ;

2204. — M. Fernand Verdeille demande à M. le ministre des Travaux publics, des Transports et du Tourisme :

1° Quelles sont les dispositions techniques en vigueur pour protéger les oiseaux migrateurs qui, trop souvent, viennent se jeter contre les phares de nos côtes ? A maintes reprises, de véritables hécatombes ont été signalées et, tout récemment, la Presse a fait état de 15.000 grives détruites par le phare du cap Fréhel ;

2° Si les prescriptions légales de protection sont rigoureusement appliquées ;

3° Quelles mesures on compte prendre, d'une part, pour assurer la stricte application des prescriptions réglementaires, d'autre part, pour développer et perfectionner les moyens techniques de protection, afin d'éviter des destructions massives que déplorent tous ceux qui sont au service de la protection de la nature et de la défense des intérêts apicoles et cynégétiques ? (Question du 7 novembre 1950.)

Réponse.

1° Les dispositions techniques, appliquées à titre d'essai, avant 1939, à la demande de diverses sociétés ornithologiques et à leurs frais, comportaient, notamment, le contre-éclairage du fût. Il est à remarquer, par ailleurs, que les chiffres indiqués par la Presse au sujet de l'incident récemment survenu au cap Fréhel sont nettement exagérés. Au surplus, les hécatombes d'oiseaux, qui sont la conséquence d'un concours exceptionnel de circonstances (brume, période de migration, route suivie par les oiseaux et distance parcourue) sont très rares.

2° Il n'existe pas de prescriptions légales de protection.

3° L'administration est prête à multiplier, aux frais des sociétés ornithologiques et sur leur demande, les mesures de protection que l'extrême modicité des crédits alloués au service des phares ne lui permet pas de supporter.

A la suite de cette réponse, M. le sénateur Verdeille a fait connaître à M. le ministre des Travaux publics qu'il la trouvait tout à fait insuffisante, qu'elle contenait un certain nombre d'inexactitudes, qu'elle répondait à côté de la question et qu'elle ne manifestait pas le désir de rechercher une solution et d'assurer efficacement la protection des oiseaux migrateurs.

M. Verdeille a fait observer que tout service public comme tout particulier doit être responsable des dégâts qu'il peut causer aux personnes et aux biens, et qu'il lui appartient de les prévenir ou de les réparer.

M. Verdeille étant disposé à déposer une proposition de loi, nous demandons à nos lecteurs de lui faire connaître leurs observations et leurs suggestions à l'adresse ci-dessous :

M. Fernand Verdeille, sénateur, casier de la poste, Palais du Luxembourg, 15, rue de Vaugirard, Paris (VIe).

Migration de milans.

— Me trouvant en automobile dans les premiers jours d'octobre dernier sur la route d'Is-sur-Tille à Dijon, environ à mi-chemin de ces deux villes, je rejoignis un vol d'une centaine de milans qui se dirigeaient vers le Midi. Ils étaient en ordre assez dispersé, naviguant entre 15 et 25 mètres de haut, et semblant chercher un endroit pour passer la nuit : il était à peu près dix-neuf heures.

J'ai vu quelquefois des milans isolés, mais c'était la première fois que j'en voyais en groupe. Ce spectacle est-il rare, surtout en si grand nombre ?

On sait que ces oiseaux sont parfois très amusants à observer dans leurs évolutions : un jour celles de l'un d'eux, à peine à 10 mètres au-dessus de moi, agrémentées même de véritables loopings, durèrent au moins cinq minutes.

A. D.

Oiseaux rares.

— l° Dans l'Aube, à Peyriac-de-Mer, M. Cercos nous signale qu'un de ses amis a abattu une « poule de Carthage », ou petite outarde.

— 2° « Alors que je revenais d'un poste à grive, le samedi 11 novembre 1950, j'ai eu l'occasion de voir et de tuer un oiseaux peu connu appelé tichodrome échelette (grimpereau décrit par M. Pierre Arnouilh dans Le Chasseur n° 634 de décembre 1949, page 777). J'ai porté cet oiseau au musée de Toulon, où l'ornithologue a été ravi. »

Lucien FERRANDO, Toulon.

Des goûts et des couleurs.

— Répondant à l'article de M. Arnouilh d'octobre, intitulé « Un gibier coriace », M. Pagot, de la Côte-d'Or, nous signale que huit cormorans ont été abattus avec du plomb n° 7 à 25-30 mètres, et que chaque fois les bêtes tombaient sans réaction. Par ailleurs, notre correspondant nous indique que ses amis se sont régalés d'un cormoran cuisiné en salmis avec du bon vin. Ce qui confirme le proverbe : Des goûts et des couleurs ...

Destruction de corbeaux.

— M. de Morlan, de l'Oise, nous suggère un moyen de destruction. « Il y avait plus de deux cents nids de corbeaux dans un bois. Mous avons attendu la couvée et nous avons allumé un grand feu à onze heures du soir et, à plusieurs coins du bois, posé des pétards à corbeaux qui ont claqué toute la nuit. Tout n'a cessé qu'au matin. Deux nuits de suite, nous avons répété l'opération, et, depuis, plus aucun corbeau n'est resté dans le bois et les couvées ont échoué. Voilà trois ans qu'aucun corbeau n'a reparu. »

Perdrix blessée.

— M. Maréchal, de Clermont, a constaté chez une perdrix rouge que le fémur de la cuisse gauche présentait une solide soudure osseuse d'une fracture ancienne provenant probablement d'une blessure.

Mésanges familières.

— Au début du printemps dernier, j'ai été témoin, à plusieurs reprises, d'un cas très curieux de familiarité d'une mésange charbonnière envers mon jardinier et son aide.

Sans hésitation, elle se posait sur la main et becquetait énergiquement le ver blanc qui lui était présenté, solidement maintenu entre le pouce et l'index. Les jeunes mésanges, suivant l'exemple de la mère, s'enhardissaient jusqu'à se poser sur le chapeau de leur protecteur.

BESSAC-DUPAC (Oise).

Un vétéran.

— M. Artaud, de Nalliers, a quatre-vingt-treize ans et il chasse encore. Il est vraisemblablement le doyen des chasseurs. Il a ressorti son fusil l'année dernière encore, et sa liste de victimes s'est ouverte par un lapin, une caille et une perdrix. Qui dit mieux ?

Appel aux bécassiers.

— Tandis que beaucoup de chasseurs sont réunis, suivant leurs goûts et leurs affinités, dans des sociétés de chasse de tout genres, qui, en même temps, défendent leurs intérêts, les bécassiers restaient isolés. Des amis réunis ont décidé de combler cette lacune, et ils viennent de créer le « Club national des bécassiers ».

Ses buts. — L'article 2 des statuts du Club dit : « Le but de ce Club est de grouper tous les chasseurs qui pratiquent la chasse de la bécasse à la relève au chien d'arrêt, d’étudier la vie, les mœurs, la migration, la chasse de la bécasse (Scolopax major).

» De défendre les intérêts des chasseurs de cet oiseau, agir auprès des pouvoirs publics en tout ce qui concerne les mesures et les méthodes tendant à améliorer les conditions de cette chasse et la protection de ce gibier. »

Les érudits bécassiers, dont nous avons tous lu les ouvrages, non seulement sur certaines questions touchant la bécasse, sont très évasifs, mais encore se contredisent souvent. La raison en est qu'ils ne parlent que par leur expérience personnelle, qui était locale ; ils ne pouvaient se multiplier et être simultanément dans des forêts à 1.000 mètres et dans des bois de plaine, dans le Jura, la Bretagne et les Landes.

C'est à cette impuissance matérielle que nous voulons remédier par la collaboration mutuelle de tous nos adhérents, et ainsi nous devons savoir à un jour dit ce qui se passait dans toute la France. Nous espérons ainsi, par des recoupements et des confrontations, arriver à déterminer des quantités de questions sur la vie, les mœurs, la migration, la chasse de la mordorée, qui sont à ce jour restées sans réponse certaine.

Ses moyens. — L'article 3 des statuts précise : « Pour atteindre son but, le Club organise, parmi ses membres, des référendums sous forme de questionnaires. Ceux-ci, par leur adhésion, s'engagent à y répondre sincèrement et régulièrement. »

Les adhésions sont reçues par M. G. Briol, président du Club, 53 rue des Godrans, à Dijon.

Le Chasseur Français N°651 Mai 1951 Page 271