Le Lévrier Afghan est un superbe chien, élégant et sportif,
à la physionomie intelligente, qui paraît conscient de sa beauté et de sa
dignité. Il est grand ; sa démarche est élastique, sa taille est celle
d'un Greyhound, mais il est plus compact, et son corps est recouvert de poils
longs, flottants par endroit, irrégulièrement répartis.
Sa tête, très originale, est portée fièrement. Le museau, de
couleur foncée et à poil ras, est long, avec un stop peu accusé. Le crâne est
surmonté d'une houppe de poils longs et soyeux, qui donnent l'impression d'une
perruque et se confondent facilement avec le poil des oreilles, qui est de même
texture.
Les yeux sont beaux, généralement foncés, avec une
expression intelligente, réservée, un peu froide peut-être. Il a cet air de
détachement de tout ce qui l'entoure, qui est la caractéristique de la race. Il
est aimable, accepte avec politesse les caresses des étrangers et, tout en
étant peu démonstratif, car il ne peut oublier qu'il n'est pas un chien comme les
autres, il est fidèle à son maître, auquel il est très dévoué.
C'est une très vieille race de Lévriers, dont le type et le
caractère sont restés intacts depuis 2.000 ans, race isolée dans son pays
d'origine, montagneux et inaccessible. Aussi existe-t-il sur ces Lévriers,
connus depuis peu de temps, plus de légendes que de renseignements précis.
Des Anglais, envoyés en missions militaires en Afghanistan,
s'intéressèrent à ces chiens endurants, originaux d'apparence et de caractère,
qui étaient employés à la chasse par les Shikaris ; des rapports
d'officiers les signalèrent ; les importations commencèrent vers 1925.
Mrs. Amps ramena de ses chenils de Kaboul de magnifiques spécimens, qui ont
fait en partie le fondement des principaux chenils d'Angleterre.
La population d'Afghanistan, rendue méfiante par des siècles
d'oppression et de violence, s'étant montrée très réticente et inhospitalière,
il a été d'autant plus difficile de se renseigner sur les origines de ces
Lévriers. Les gouverneurs des différents districts en entretiennent presque
tous de véritables meutes et, quoique ces chiens aient été très répandus, il
était très difficile de s'en procurer, même contre de l'argent. Leurs maîtres
ne consentaient pas à s'en séparer, et il était même difficile d'en voir sans
la demande d'un habitant du pays.
Dans les montagnes du Nord de l'Afghanistan, ce chien, qui
partage parfois la tente de son maître, y est considéré un peu comme un membre
de la famille. Chez lui, il travaille en véritable chien sportif, assurant son
existence et celle de ses maîtres, chassant le cerf ou le loup, courant le
lièvre et le renard.
Il est le chien des rudes climats, où l'hiver est long, la
température basse, souvent en dessous de zéro ; où la neige, qui tombe en
abondance, subsiste plusieurs mois et peut atteindre une épaisseur de 2 à 3
mètres.
L'Afghan possède donc un corps solidement construit pour
être capable de chasser en montagne une journée entière, et il est pourvu d'une
épaisse fourrure comparable à une laine soyeuse, qui le protège des
intempéries.
La distribution de ce poil est très caractéristique :
abondant sur la poitrine, les flancs, l'arrière-main et les jambes ; le
milieu du dos est plus ras, avec un poil plus court, plus foncé et plus rude.
La tête. — Le crâne est long et pas trop étroit, avec un
occiput proéminent, le visage long avec des mâchoires puissantes et très peu de
cassure au nez : pas de prognathisme.
Le nez est noir en général, mais, chez les chiens de couleur
claire, il peut être foie.
Les yeux sont foncés de préférence, mais les yeux de couleur
d'or ne disqualifient pas les chiens ; les oreilles sont longues, bien
garnies de poils et portées tout près de la tête, qui est surmontée d'une
longue touffe.
Le cou est long, fort ; le port de tête fier. Les
épaules sont longues et de biais, bien placées en arrière, bien musclées et
fortes.
Le dos, presque droit, bien musclé sur toute la longueur, se
raccourcit légèrement vers le fouet. Les reins sont droits, larges et le corps
court, les articulations coxales un peu proéminentes et larges, les côtes un
peu ressorties et la poitrine profonde.
Les jambes de devant sont droites, avec beaucoup d'ossature,
les coudes plutôt droits ; les pieds sont grands, larges mais compacts ;
les orteils longs, bien arqués et garnis de poils.
L'arrière-main est puissant et long, bien coudé vers les
jarrets et les grassets et bien en dessous du chien.
La queue est mince et plutôt longue, placée bas et portée
gaiement en action avec un crochet au bout ; elle est garnie de poils de
loin en loin.
Le poil long est de texture très fine sur les côtes, l'avant-main
et l'arrière-main. Le poil est court et serré en arrière des épaules, le long
du dos. Il est long en arrière des yeux, avec une touffe soyeuse distincte,
court sur le visage. Les oreilles et les jambes sont bien garnies. Les chiennes
ont le poil moins abondant. Ces soies ne doivent être tondues sous aucun
prétexte.
La couleur est indifférente ; les couleurs foncées sont
recherchées, mais elle peut être de couleur miel plus ou moins clair, allant du
blanc au chinchilla ; la couleur noire est assez rare.
La taille est de 67cm,5 à 72cm,5 pour les mâles, de 62cm,5 à
67cm,5 pour les femelles.
Ce chien doit donner l'impression de force et d'activité, la
vitesse étant en rapport avec la puissance. Chassant à l'origine sur un terrain
rude et montagneux, un pays de rochers escarpés et de ravins, on a besoin d'un
sujet compact et bien joint, plutôt que d'un chien aux reins longs de course,
dont la première qualité est la vitesse. Il ne le faut pas trop grand ;
trop souvent l'accroissement de la taille a pour effet l'affaiblissement du
type et une diminution de la qualité.
Les Afghans sont robustes et ne craignent ni le froid ni la
pluie. S'ils sont lâchés la nuit, ils ont tendance à chasser pour leur propre
compte et, si on les laisse prendre ce mauvais pli, ils auraient vite tendance
à l'indépendance et à la désobéissance. Bien nourri, cette mauvaise habitude se
perd.
D'une façon générale, ils s'entendent bien entre eux ; dans
leur pays d'origine, ils vivent souvent en meute. Ils ont, comme la plupart des
Lévriers, une vision excellente. Ils chassent à vue.
Ces Lévriers peuvent être aussi de bons chiens de garde. Les
Américains, qui apprécient beaucoup cette race, s'en servent comme chiens
policiers. Ils ont une forte mâchoire et n'aimant pas trop les familiarités,
ils savent se défendre et sont assez mordants. Très intelligents, on arrive à
les dresser à de nombreux usages. Pendant la guerre, ils ont servi comme chiens
de liaisons et remplissent très bien cet emploi.
Les Lévriers Afghans sont connus et appréciés en Hollande ;
en Belgique, j'en ai vu de fort beaux et, en France, où leur popularité
augmente sans cesse. Les Afghans aiment et recherchent la compagnie de l’homme ;
ils s'habituent très bien à vivre à la maison et sont très bons avec les
enfants.
A. PERRON.
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