Les puces sont des diptères sauteurs, dépourvus d’ailes, à
métamorphoses complètes, dont les pièces buccales sont adaptées à la succion
chez les adultes et à la mastication chez les larves. Elles se rangent à côté des
mouches, dont elles ont conservé nombre de caractères morphologiques et
biologiques. Mais les ailes leur manquent. Cette disparition, due à leur mode
d'existence parasitaire, est un phénomène d'adaptation. Par contre, elles
possèdent une remarquable aptitude au saut due à leurs pattes postérieures
énormes, et qui, du premier coup, les distingue des poux, aptères mais non
sauteurs. Leur corps est petit, 2 à 3 millimètres sur 1, brun marron, aplati
latéralement, ce qui leur permet de glisser plus facilement entre les poils.
La bouche est organisée pour sucer et comporte
essentiellement deux mandibules en gouttière, accolées pour former un tube à
l'intérieur duquel se meut un stylet impair, principal agent perforateur.
La puce du chien et celle du chat se distinguent de celle de
l'homme (Pulex irritans L.) par la présence, de chaque côté, d'un peigne
de sept à neuf épines noirâtres au bord inférieur de la tête et d'un autre au
bord postérieur du protothorax, dans sa partie dorsale. La direction en arrière
des épines explique la raison pour laquelle les puces vont toujours de l'avant
dans les poils et ne peuvent reculer.
Les pulicidés n'ont qu'exceptionnellement une adaptation
très étroite. La même espèce de puce est susceptible de se trouver sur plusieurs
hôtes différents. La réciproque est vraie, et un même animal — voire l'homme —
en peut héberger plusieurs types.
Cette transmission des puces entre des hôtes d'espèces
différentes peut offrir un grave danger lorsqu'il s'agit des parasites d'un rat
atteint de la peste. En piquant l'homme, ces puces peuvent lui transmettre la
maladie.
La femelle pond ses œufs dans les coins sales, humides et
poussiéreux, entre les fentes des planchers, sur des immondices, de la sciure
de bois, etc. De l’œuf sort, au bout de six à douze jours, une larve blanche,
vermiforme, apode, possédant une tête distincte pourvue de pièces buccales
propres à la mastication et suivie de douze anneaux. Après dix à quinze jours, la
larve se file un petit cocon soyeux et s'y transforme en nymphe. Du onzième au
vingtième jour, l'insecte parfait sort du cocon et se met en quête d'un hôte à
tourmenter.
Les puces, par leurs morsures, par la salive irritante
qu'elles répandent sur la peau, par les agents microbiens qu'elles inoculent,
par leurs déjections, par leurs larves, déterminent des états pathologiques
particuliers, qui coexistent souvent avec certaines formes d'eczéma et qui en
sont peut-être la cause. Leur disparition n'entraîne pas forcément la cessation
immédiate ou à courte échéance des accidents qu'elles ont provoqués, entretenus
ou aggravés.
Les chiens de grande taille, de garde ou d'attelage,
réagissent à peine aux piqûres de puces, tandis que les individus de races plus
nerveuses peuvent en être tourmentés au point qu'ils se grattent et se mordent
avec rage, que leur peau est couverte d'excoriations à divers degrés, salie par
les déjections des insectes. On pourrait croire à la gale, n'était la vermine
évidente et qu'on prend sur le fait.
La puce du chien présente encore un intérêt particulier en
raison de son rôle d'hôte intermédiaire, avec le pou, pour certains vers
parasites à transmigrations tels que le Dipylidion, ténia commun du
chien, que l’homme peut aussi héberger, ainsi que pour les embryons de certains
parasites du sang, fréquents chez le chien, et que les puces ingèrent au moment
de leurs piqûres. Rappelons que la peste peut être transmise à l'homme par les
piqûres de ces insectes.
Parmi les moyens préventifs, on doit signaler tout
d'abord l'hygiène de la peau. Celle-ci doit être l'objet de soins attentifs, plus
particulièrement pour les chiens d'appartement. Il faut, tous les matins, les
brosser avec une brosse un peu rude et, s’ils sont à poil ras, passer un
chiffon de laine pour le lisser et le rendre plus brillant. Si les chiens sont
à long poil, il faut les peigner et les brosser, mais surtout les baigner, au
moins une fois par semaine. Pendant que le sujet sera dans l'eau, on le
savonnera avec du savon blanc et on s'assurera que sa toison ne sert pas d'abri
à des puces : si on en aperçoit ; on prendra un peigne fin et on les écrasera
sur le peigne même au lieu de les jeter dans l'eau, qui n’a aucune action sur
ces parasites. Sécher ensuite soigneusement et, pendant que les poils sont
encore humides, passer à leur surface une brosse imbibée d'eau de Cologne.
Pour les chiens de garde, on a conseillé d'employer pour
niches d'anciens fûts à pétrole défoncés par un bout ou coupés en deux. L'odeur
du pétrole éloigne les puces sans incommoder le chien ; toutefois ce
procédé ne convient pas pour les chiens de chasse, dont le flair pourrait être
altéré. On éloigne aussi les puces en mettant dans la niche une couverture
sentant fortement le cheval ou encore en faisant la litière avec des copeaux de
sapin ou des feuilles de noyer fraîches.
De nombreux procédés curatifs ont été indiqués ;
ils ne sont pas également efficaces ou pratiques. On emploie souvent les
poudres insecticides à base de fleurs de pyrèthre (excellent), de graines de
staphisaigre, de cévadille, que l'on répand dans le pelage en s'attachant à les
y faire pénétrer. Les poudres exercent sur les puces une action stupéfiante,
qui le plus souvent n'est pas mortelle ; on profite de l'état d'immobilité
des insectes pour les recueillir avec un peigne fin et les détruire par le feu
ou par un liquide caustique (eau crésylée forte, eau de Javel).
Voici, pour le chien, une bonne méthode :
insuffler entre les poils de la bonne poudre de pyrèthre fraîche ;
envelopper l'animal avec un journal pendant dix minutes, brosser ensuite
énergiquement ; les puces tombent anesthésiées sur le papier ; plier
celui-ci et le brûler. Renouveler l'opération tous les jours jusqu'à guérison.
Ce procédé est aussi applicable au chat, mais le suivant donne un
meilleur résultat.
On découpe un carré d'ouate en feuille et un carré de
calicot ; on place le premier sur le second, et on pose le chat au centre
de la ouate. On projette alors rapidement de l'alcool camphré fort dans le
pelage ; on ramène les coins des deux carrés autour du cou de l’animal et
on les y maintient serrés. Les puces fuient l'odeur du camphre et gagnent la
tête du chat. On les y enlève avec un peigne fin, et on les écrase ou on les plonge
dans l'eau bouillante. Mais de nombreux insectes ont abandonné le corps
du chat et se sont empêtrés dans la ouate, d'où ils ne peuvent s'échapper.
Quand les puces cessent d'arriver sur la tête du chat, on enlève le sac d'ouate
et on le brûle immédiatement. Le chat conserve quelque temps l'odeur de
camphre, qui agit comme préventif.
La réussite du traitement contre les puces a pour condition
essentielle l'assainissement des niches ou loges occupées par les animaux. Les
lavages des locaux à l'eau bouillante, puis à l'eau crésylée à 5 p. 100 ou à
l'acide sulfurique au dixième, suivis d'un blanchiment à la chaux et de
l'épandage de chaux vive, en poudre, sur le sol, suffiront pour détruire les
puces, les œufs et les larves qu'ils contiennent.
MOREL,
Médecin vétérinaire.
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