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Mai au jardin fruitier

Dès les premiers jours de mai, la température s'adoucit sensiblement. C'est le moment où un grand nombre de parasites, insectes surtout, reprennent leur activité.

Les chenilles du bombyx livrée, bien connues des arboriculteurs sous le nom de chenilles à tête bleue, se répandent sur les pommiers, poiriers et pruniers et en dévorent avidement le feuillage. Le rhynchite conique, ou coupe-bourgeons, commence ses ravages sur les poiriers ; l'un des moyens de protection consiste à ramasser, pour les brûler, les jeunes pousses à demi séchées qui, coupées partiellement par le charançon, pendent lamentablement avant de se détacher tout à fait et de tomber sur le sol avec la larve qu'elles abritent.

C'est aussi l'époque ou les chenilles de l’hyponomeute du pommier commettent leurs principaux dégâts avant de se nymphoser. L'anthonome du pommier pond dans les fleurs, encore en boutons, à mesure qu'elles apparaissent, ce qui a pour effet de les empêcher de s'ouvrir alors que la larve en dévore tout l'intérieur.

Contre les chenilles des bombyx et de l'hyponomeute, les bouillies arsenicales sont efficaces. On a avantage à préparer des bouillies mixtes, cupro-arsenicales, afin de lutter à la fois contre la tavelure et contre ces divers parasites.

Vers la fin du mois, on distingue assez facilement les poires calebassées, c'est-à-dire renfermant des larves de la cécidomye noire. Sur les arbres soumis à la taille, il convient de les enlever avant qu'elles ne tombent à terre et de les détruire aussitôt par le feu.

Soins d'été aux pêchers.

Lorsque le pêcher est cultivé en espalier le long d'un mur, il est nécessaire de lui appliquer une taille régulière si l'on veut qu'il fructifie de façon satisfaisante tout en restant bien garni de la base.

La taille en sec, que l'on pratique au début de la floraison, a surtout pour but de supprimer le bois incapable de produire et de limiter le nombre de boutons à fleurs. Mais cette taille d'attente est bien moins importante que les opérations restant à faire en cours de végétation. Celles-ci sont, dans l'ordre de leur exécution, l’ébourgeonnement, le pincement, l'accolage et la taille en vert.

A. Ébourgeonnement.

— Il consiste à enlever, à l'aide d'un canif bien tranchant, les pousses inutiles dès qu'elles ont 4 à 5 centimètres.

Sont utiles et ne doivent pas être supprimées :

Sur le prolongement de la branche de charpente, les pousses qui doivent devenir des ramifications fruitières, ou coursonnes (fig. 1).

Sur le rameau mixte, les deux pousses les plus rapprochées de la base (remplacements), plus un bourgeon appel de sève en face de chaque fruit conservé, plus un bourgeon appel de sève terminal au-dessus du fruit le plus éloigné de la branche de charpente (fig. 2).

Sur le rameau à bois, les deux pousses qui proviennent des yeux conservés lors de la taille.

Sur le gourmand, rameau à bois très vigoureux, les cinq ou six pousses provenant des yeux conservés, dont les deux plus inférieures constitueront des remplacements.

B. Pincement.

— A la suite de l'ébourgeonnement, la sève se trouve concentrée sur un petit nombre de pousses. Parmi celles-ci, celles de la base des coursonnes, qui doivent constituer des rameaux de remplacement, sont moins favorisées par la sève que les autres. Et, cependant, elles doivent se développer plus que ces dernières. Ce n'est qu'en refoulant la sève sur elles, par le pincement des autres pousses, que l'on arrive à ce résultat.

Selon les ramifications, l'opération se pratique de façon différente :

a. Les pousses nées sur le prolongement sont pincées à une longueur de 30 à- 35 centimètres ;

b. Sur le rameau mixte :

    Le bourgeon appel de sève terminal est, le premier, pincé à quatre feuilles dès qu'il en a six. A l'aisselle de la feuille supérieure se développera, quelques jours plus tard, un bourgeon anticipé qui sera lui-même pincé à une feuille.

    Le bourgeon appel de sève de chaque fruit ou groupe de fruits est pincé à deux feuilles, dès qu'il en a quatre, et le bourgeon anticipé qui se développe ensuite est aussi pincé à une feuille.

    Les pousses de remplacement, qui se sont allongées rapidement à la suite du pincement des bourgeons appel de sève, sont, à leur tour, pincées à une longueur de 30 centimètres et, en même temps, accolées obliquement sur les lattes de palissage disposées à cet effet. Bientôt se développera, vers leur extrémité, un bourgeon anticipé qui sera, un peu plus tard, pincé à une ou deux feuilles.

c. Sur le rameau à bois, les deux pousses sont traitées comme les pousses de remplacement du rameau mixte ;

d. Sur le gourmand, enfin, on pince plus ou moins long les pousses les plus éloignées de la base, lesquelles doivent servir de régulateurs pour modérer le développement des bourgeons inférieurs qui seront les remplacements.

C. Accolage.

— Quand le pêcher est conduit en espalier, on a l'habitude d'accoler les bourgeons de remplacement. Cette opération se fait aussitôt qu'elle est possible, à l'aide de jonc ou de raphia, en disposant les bourgeons régulièrement et en les inclinant à 45 degrés environ. Lors de la taille d'hiver, l'attache de jonc sera remplacée par un lien d'osier fin, et ainsi sera assurée, de façon plus certaine, la bonne tenue du fruit.

D. Taille en vert.

— Elle consiste à supprimer, au-dessus des bourgeons de remplacement, après la récolte des pêches, la partie de la ramification fruitière qui les portait et qui, désormais, n'en peut plus produire.

La taille en vert se pratique en août-septembre pour les variétés à maturité précoce et de demi-saison. Elle a pour effet de porter toute la sève disponible sur les bourgeons de remplacement.

Par exception, lorsque les pêches sont tombées prématurément au moment de la formation du noyau, on peut, dès juin, pratiquer la taille en vert pour éviter une dépense de sève inutile sur la partie du rameau qui doit disparaître.

E. DELPLACE.

Le Chasseur Français N°651 Mai 1951 Page 292