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Modèles réduits

Les microvoitures

Les maquettistes et modélistes ne cessent de progresser et d'étendre leur domaine.

Après avoir parfaitement réussi dans les modèles navals et ferroviaires, ils viennent de triompher dans le domaine automobile.

Et ceci s'est pas une simple fantaisie d’amateurs, car maints constructeurs d’automobiles et de moteurs s’intéressent à la question pour leur plus grand profit.

Longtemps, on avait estimé que la course, comme la compétition, était le meilleur banc- d'essais des futurs modèles de grandie série.

Cela avait abouti à la construction de véritables monstres mécaniques où dominait la seule idée du record à tout prix. En dehors de la formule « dite libre », où seule comptait la plus grande vitesse, on avait dû limiter les puissances. En 1948, on avait ainsi deux catégories : l'une de moteurs de cylindrée de 4.500 centicubes, ou seulement 1.500 avec turbo compresseur, et l’autre de 2 litres sans compresseur et 500 centicubes avec compresseur.

En 1960; on vit créer une quatrième catégorie, celle des « Racers 500 », provenant de la transformation de moteurs de voiturettes, de motocars ou; par adaptation, de moteurs de motocyclettes sur des châssis. Ce fut un immense succès en France, grâce à Gordini utilisant des pièces de Simca-cinq et Deutsch et Bonnet adaptant celles de la Dyna, de Panhard.

L'expérience prouva que la course évolue et évoluera de plus en plus vers la petite cylindrée, car les actuels bolides des Racers 500 attaquent facilement le 170 kilomètres à l’heure, ce qui dépasse les possibilités des usagers routiers.

En fait, ces Racers 500 dépassent les performance surtout en accélérations et décélérations des bolides de 4 et 5 litres de cylindrée d'avant guerre.

On commence ainsi à construire un peu partout des voiturettes avec de simples petits moteurs de motocyclettes et même de vélomoteurs, ne dépassant pas 125 centicubes …

Inutile de dire que de tels engins font la joie des jeunes !

On avait bien songé à atteindre 250 centicubes en transposant sur des châssis à quatre roues des moteurs de motos ou de scooters de tourisme, mais le moteur de 125 centicubes a pour lui le très gros avantage de dispenser du permis de conduire.

Au printemps de 1950, on a vu ainsi entrer en compétition maintes voitures construites par des amateurs sous le nom de « Derby des caisses à savon ».

Les Italiens se sont passionnés les premiers pour ces modèles et, à Milan, les frères Comerio ont utilisé des moteurs du scooter de ville Lambretta, au point que la Fédération sportive a dû créer une catégorie spéciale pour ces jeunes pilotes, futurs coureurs, en fixant les âges de quatorze à dix-huit ans. Les circuits ne doivent pas dépasser un kilomètre de long pour des courses totalisant 10 kilomètres de parcours.

Cette innovation a fait fureur outre-Alpes.

En France, on prête à deux constructeurs de scooters l'intention de patronner le même mouvement, avec le concours de deux producteurs de châssis et carrosseries de « motocars ». Ce serait la compétition de modèles sport et non plus course.

Il y a déjà eu deux précédents : Citroën et Bugatti avaient réalisé pour leurs jeunes fils — et leurs amis — de tels petits modèles réduits, il y a quinze à vingt ans, et on les vit sur les planches de Deauville.

Paris connaît déjà un de ces jeunes futurs recordmen, Christian Queulvec, âgé de quatre ans et demi qui possède déjà 3.000 kilomètres à son actif ... ce qui est beaucoup pour la tranquillité de sa maman dans les rues de la capitale.

Mais il y a mieux : grâce à l'impulsion d'un très grand spécialiste des modèles réduits de toutes sortes, Albert Bayet, on voit de tous côtés fleurir des microvoitures dont le poids est limité à 280 grammes, avec des roues de 10 centimètres et trois sortes de moteurs : jusqu’à 3, 5 et 10 centimètres cubes seulement ...

Techniquement, ces moteurs font réaliser des progrès fantastiques dans l'étude de la résistance des métaux, car ils tournent à 20 et 30.000 tours à la minute, et la puissance obtenue arrive à 0,095 CV au centimètre cube, ce qui est bien plus étonnant que les. 100 CV au litre de cylindrée des voitures de courses normales.

Ces courses se déroulent sur des pistes circulaires, de 50 et 100 mètres de diamètre, avec un fil d'acier liant les véhicules an centre.

Certains de ces engins ont atteint la vitesse de 200 kilomètres à l'heure, et c'est dire tout leur intérêt d'expérience.

Il existe déjà en France une dizaine de clubs de ces modèles réduits, et la construction de ces maquettes ne cesse de croître, grâce à la publication de plans de constructions, par les amateurs.

A côté de ces modèles « roulants », il existe également deux spécialistes de modèles de vitrines, véritables miniatures, où tous les détails de construction se trouvent reproduits, et qui figurent toutes les grandes marques d'autos, de tourisme et surtout de camions.

Ces objets, ne sont pas cependant des, jouets, et la preuve réside en ce que certaines industries s'en servent pour figurer des dioramas de vitrines publicitaires de leurs organismes. Les services des écoles de police les utilisent également pour enseigner à leurs élèves les cas épineux du code de la route. Il en est de même de maintes écoles de conduite auto.

Sylvain LAJOUSE.

Le Chasseur Français N°651 Mai 1951 Page 314