Les soupapes sont des obturateurs qui, animés d'un mouvement
alternatif, ouvrent et ferment alternativement l'entrée ou, suivant le cas, la
sortie des gaz. Leur forme se rapproche de celle d'un champignon. Elles doivent
être étudiées de telle façon qu'elles freinent le moins possible l'écoulement
des gaz. On recherche toujours la levée maximum. Les moteurs à explosion
classiques comportent deux sortes de soupapes : les soupapes d'admission
et les soupapes d'échappement. Les premières assurent le passage des gaz frais,
les secondes le passage des gaz brûlés.
De nombreux mécanismes ont été étudiés pour remplacer la
soupape classique : tiroirs, chemises, boisseaux rotatifs ou non, etc. On
a même, avec les moteurs à deux temps notamment, supprimé les soupapes, en
utilisant des lumières que le piston, dans sa course, vient ouvrir ou fermer au
moment opportun. Mais la soupape reste la pièce mécanique le plus généralement
utilisée dans les moteurs modernes ou anciens. On obtient, avec elle, le
rendement maximum joint à une sécurité presque totale, à défaut du silence de
fonctionnement.
Les moteurs se différencient d'après la disposition de leurs
soupapes. Ils sont dits à soupapes latérales lorsque celles-ci sont alignées
sur le côté du moteur. Un seul arbre à cames, situé dans le carter, suffit pour
les attaquer à l'instant voulu. La soupape a, dans ce cas, comme intermédiaire
le poussoir. Avec le moteur culbuté, les soupapes sont situées dans la culasse,
la tête en bas, à l'inverse du dispositif précédent. Pour les commander, on a
alors recours à deux montages. Dans le premier on laisse l'arbre à cames dans
le carter, en employant une tringle agissant sur un levier, dit culbuteur, qui,
oscillant autour d'un axe fixe, inverse le mouvement et agit directement sur la
queue des soupapes. Dans le deuxième on monte l'arbre à cames dans la culasse
et l'on attaque directement la queue des soupapes. Notons, chemin faisant,
quelques variantes. On peut utiliser deux arbres à cames — Salmson — attaquant
directement l'un les soupapes d'échappement, l'autre les soupapes d'admission.
Quelquefois on interpose entre l'arbre à cames et les queues de soupapes un
culbuteur. On supprime, avec le deuxième montage, l'emploi de la tringlerie et
du poussoir. L'inertie est réduite au minimum, ce qui permet d'accroître la
vitesse de rotation des moteurs. Notons enfin que les culasses à chambres de
combustion hémisphériques obligent à monter les soupapes suivant une certaine
inclinaison, — moteur de la 203, — d'autant plus que la bougie occupe le sommet
de la sphère. On fait appel à ce moment à des variantes particulières pour ces
moteurs. On a aussi cherché à réduire le freinage des gaz, dans les moteurs à
soupapes latérales, en inclinant celles-ci. Ce ne sont là que des modifications
de détails.
La soupape est constituée de la « tête »,
épanouissement circulaire, de la tige ou queue. Le dessus de la tête est plat,
bombé ou concave. Une rainure est prévue pour recevoir le tournevis qui servira
au rodage. La tête tronconique présente un angle de 30° ou 45°. Elle comporte
une zone qui, parfaitement ajustée, est dénommée portée. C'est cette zone qui
assure l'étanchéité. La portée repose sur le siège. Ce dernier, dans les
culasses en alliage léger, est rapporté. Il est en acier spécial. L'épaisseur
de la tête est la plus réduite possible. Un large rayon qui forme col raccorde
la tête à la queue. On exige des soupapes une parfaite étanchéité afin d'éviter
tout retour des gaz aussi bien pendant la compression que pendant la détente. Les
retours de flamme sont dus, le plus souvent, à une fermeture défectueuse. Un
défaut de portée donne naissance à une inclinaison de la soupape, qui, si
légère qu'elle soit, occasionne du jeu dans le guide. Ici, comme pour
l'ensemble cylindres et pistons, c'est la pièce la plus dure qui s'use le plus
vite.
La tige de la soupape se creuse. On se trouve dès lors en
présence d'entrées d'air additionnel intempestives au moment de l'aspiration.
La carburation devient mauvaise, les départs à froid difficiles, le ralenti
défectueux. Certains moteurs, même les plus modernes, font une grande
consommation de soupapes. Le bon comportement de celles-ci dépend du dessin
général de la culasse et du groupe cylindre. La température de fonctionnement
de la soupape est souvent seule en cause.
Certains moteurs « grillent » toujours les mêmes
soupapes, notamment celles de l'échappement. Il importe, dans ce cas, de
supprimer la cause du mal, qui réside presque toujours en un mauvais
refroidissement de la soupape maladive : présence d'un point chaud ou
d'une poche de vapeur. En examinant le dessin des chambres d'eau, on jugera si,
sans danger, on peut apporter les modifications ou transformations qui
pourraient donner les résultats cherchés. Un remède plus simple consiste à monter
des soupapes spéciales en acier rare résistant à la corrosion et à l'effet de
chalumeau des gaz. La température de marche des soupapes d'admission, qui est
de l'ordre de 400°, peut atteindre et même dépasser 800° avec les soupapes
d'échappement. On utilise alors des soupapes en acier au silicium-chrome, dont
la tenue est très supérieure aux aciers nickel-chrome classiques. En aviation,
on a vu naître les soupapes creuses au sodium, qui assurent une évacuation
rapide de la chaleur.
Un traitement thermique approprié permet d'obtenir les plus
hautes caractéristiques mécaniques. Avec le stellitage, on obtient par
revêtement un point de fusion très élevé, voisin de 1.200°. Pour les soupapes
d'admission, qui sont souvent d'un diamètre plus grand que celles d'échappement,
les aciers spéciaux mis à contribution sont le chrome-molybdène, le silicium-molybdène
ou le nickel-chrome. Comme on le voit, la sidérurgie moderne ne manque pas de
ressources. Elle a toujours recherché dans la soupape la meilleure tenue
mécanique jointe à la résistance optimum à la corrosion, au matage et au
brûlage.
Le dessinateur, de son côté, a étudié des formes facilitant
le bon écoulement des fluides, ainsi que l'évacuation rapide des calories en
excès. La stricte observation des jeux prévus par le constructeur pour le
réglage des taquets ou poussoirs est très importante. Il importe de vérifier à
intervalles réguliers ce réglage.
Contrairement à ce que l'on peut constater sur tous les
autres organes mécaniques du moteur, de la boîte ou du pont, le jeu aux taquets
diminue sans cesse. Cette constatation anormale à son origine dans le fait que
l'usure du siège et du champignon a pour résultat de faire descendre de plus en
plus le champignon dans le siège. Sans omettre non plus l'allongement de la
tige par le ressort de rappel qui agit à l'extrémité de la queue. Pour tenir
compte de la dilatation, qui comme chacun sait est proportionnelle à la
température, le jeu aux taquets est en moyenne de 10 à 15 centièmes pour
l'admission et 20 à 25 centièmes pour l'échappement.
Les sièges de soupapes rapportés sont le plus souvent en
fonte spéciale réfractaire, en fonte extra-dure, nickel-chrome traité, ou
encore en acier rapide semblable à celui des outils de coupe. Le guide, qui est
toujours rapporté, est le plus souvent en fonte ou en bronze graphité ou
phosphoreux. Les ressorts de rappel sont soumis à un travail considérable. Ils
doivent être suffisamment puissants pour vaincre l'inertie de l'ensemble en
mouvement : soupapes, culbuteurs, poussoirs et tringlerie.
Les soupapes doivent être contrôlées avec un soin
particulier non seulement dans les tolérances de fabrication, compte tenu de la
dilatation, mais également, et surtout, sous l'angle d'homogénéité du métal
utilisé. La forge peut être la cause d'amorce de paille ou de cassure. Si,
lorsque se produit une rupture de soupapes dans un moteur à soupapes latérales,
les dégâts sont assez limités, il n'en est pas de même avec les moteurs à
soupapes en-tête. La tête tombe alors dans le cylindre, et, l'espace libre dans
la chambre d'explosion étant très réduit, on assiste à des accidents mécaniques
des plus graves : piston défoncé, bielle et même vilebrequin faussés.
Les ennuis de soupapes ont pour origine une mauvaise
étanchéité due à une mauvaise carburation, un allumage défaillant, une
insuffisance d'avance, une élévation accidentelle de température du moteur. Si
la soupape n'est brûlée que superficiellement, on dit alors qu'elle est « piquée ».
Dans ce cas, une rectification du siège et de la portée de la soupape, jointe à
un rodage soigné, remettra tout en place. Notons que les supercarburants à base
de tétra-éthyle de plomb mettent à rude épreuve les soupapes. Un moteur
calaminé n'arrange pas les choses. Nombreux sont les automobilistes qui
effectuent eux-mêmes le décalaminage. Certaines précautions sont à prendre. Il
ne suffit pas d'enlever le plus gros; il faut, au contraire, débarrasser le
moteur de toute trace de calamine, et, si possible, procéder à un véritable
polissage de toutes les surfaces intérieures. Il ne faut pas perdre de vue, en
effet, que plus une surface est lisse, moins le moteur calaminera. Si on laisse
subsister des dépôts charbonneux, si minime soient-ils, ceux-ci serviront
d'amorce pour la formation de nouveaux dépôts. On terminera par le nettoyage
des bougies. Le meilleur procédé est le sablage. Ceci fait, on n'oubliera pas
de régler correctement l'écartement des électrodes.
G. AVANDO,
Ingénieur E. T. P.
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