Pour obtenir une production ininterrompue de mai à juillet,
il est nécessaire d'avoir recours à des variétés d'inégale précocité. Parmi les
plus recommandables pour ce premier semis, nous citerons : le chou
Express, très hâtif, pouvant être planté serré, à 0m,35 en tous sens; le chou
très hâtif d'Étampes, un peu plus gros, mais un peu moins précoce ; le
chou d'York gros, le chou Cœur de bœuf moyen de la Halle, plus
volumineux, mais plus tardif ; le Cœur de boeuf frisé, le plus lent
à former sa pomme. Ces quatre dernières variétés se plantent à 0m,40 ou 0m,50.
On sème du 15 août au 15 septembre, en pépinière. Si l'on opère sous un climat
chaud, on peut différer ce semis jusqu'aux premiers jours d'octobre, mais pas
plus tard.
On sème à la volée ; autant que possible les graines
sont recouvertes d'une couche de 1 à 2 centimètres de terreau. Des arrosages
fréquents et légers doivent être donnés pour hâter la levée.
Lorsque les jeunes plantes ont deux à trois feuilles, on les
repique en pépinière à 8 ou 10 centimètres d'écartement en tous sens, sur une
planche préalablement bien ameublie et convenablement fumée.
Les pieds borgnes, mal constitués, doivent être éliminés. Le
repiquage a pour effet de fournir au moment de la plantation à demeure des
sujets robustes, pourvus de nombreuses racines, qui seront de reprise plus
assurée et auront, par la suite, moins de tendance à monter à graines que ceux
qui n'ont pas été soumis à la transplantation intermédiaire.
Un mois à un mois et demi après cette opération,
c'est-à-dire fin octobre-début novembre, le plant sera suffisamment développé
pour être mis en place.
Au moment d'effectuer le repiquage définitif, on trace à la
surface du terrain des rayons profonds de 6 à 8 centimètres, en conservant
entre eux un écartement qui différera suivant la variété employée et le
développement qu'elle est susceptible de prendre.
C'est au fond de ces sillons que seront plantés les jeunes
choux ; ils se trouveront ainsi protégés contre les brusques alternatives
de gel et de dégel.
Dans les climats rigoureux, à l'approche des fortes gelées,
il est prudent d'étaler un léger paillis au-dessus des plantes, paillis que
l'on enlèvera à la fin de l'hiver. Notons que, dans les régions froides et
humides, il est plus avantageux de conserver le plant de chou en pépinière
pendant toute la mauvaise période et de n'opérer la mise en place qu'à
l'approche des jours meilleurs, c'est-à-dire en février-mars.
Le développement des choux et leur récolte se feront
d'autant plus vite que l'exposition choisie sera meilleure. D'autre part, la
terre sur laquelle doit se faire la plantation devra toujours être saine,
plutôt légère que trop compacte et bien fumée. A la reprise de la végétation,
on donnera un bon binage et l'on profitera de cette façon culturale pour
combler les sillons et butter légèrement les pieds. Souvent on fait précéder
cette double opération d'un nitratage (1kg,500 de nitrate de soude à l'are).
L'apport d'azote offre, en la circonstance, un double et heureux effet, car il
favorise à la fois l'accroissement rapide des plantes et réduit sensiblement
les tendances que certaines d'entre elles auraient à donner naissance à une
inflorescence au lieu de former une pomme.
Par la suite, un ou deux binages pratiqués dans le cours de
la végétation suffisent en général à maintenir le sol en bon état.
Lorsque le printemps est sec, quelques arrosages sont alors
nécessaires. Mieux vaut toutefois les donner abondants et moins souvent que de
les répéter fréquemment mais de manière insuffisante.
Dans le courant de mai, on peut déjà récolter des choux
suffisamment formés. On en augmentera la partie comestible si, quelques jours
avant de les couper, on prive, de lumière leur pomme, en maintenant les
feuilles extérieures relevées au moyen d'un lien quelconque.
Dans les régions méridionales, la récolte peut commencer dès
le début d'avril.
A. GOUMY,
Ingénieur horticole.
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