Nous ne parlerons dans cet article que des maladies physiologiques
ou cryptogamiques, laissant de côté les maladies causées par les insectes, qui
ont été traitées dans un autre article. Il convient d'insister sur le fait que
les jeunes plants, en pépinière, sont rendus particulièrement sensibles à un
certain nombre de maladies ou de troubles physiques, en raison de l'état
précaire de leur équilibre physiologique ; les racines sont encore peu
développées, et la nutrition se fait parfois difficilement.
Nous distinguerons deux groupes de maladies, celles qui
frappent les tout jeunes semis, les graines en cours de germination (fonte des
semis) et celles qui frappent les plants plus âgés à tissus déjà lignifiés.
1. La fonte des semis.
— Elle atteint les plantules aussitôt après la germination,
alors que les tissus ne sont pas encore lignifiés. Sur la tigelle on observe
une tache noire, puis la plantule se dessèche et se flétrit : on n'en
trouve plus la trace, elle semble disparaître complètement, d'où le terme de
fonte. La fonte des semis atteint particulièrement les semis de conifères :
pin sylvestre, épicéa, mélèze, plus rarement les feuillus (hêtre). Elle est
causée par plusieurs champignons inférieurs vivant dans le sol en saprophytes.
Ces champignons sont favorisés par la présence de matières organiques dans le sol,
par une réaction neutre et enfin par une certaine humidité (danger des
arrosages). Ces conditions sont fréquemment réalisées dans les pépinières bien
entretenues. Il importe donc d'éviter les semis sur terreau ou sur terre
enrichie par du fumier, mais, au contraire, on aura intérêt à pratiquer les
ensemencements sur une couche mince de sable stérile ou de sciure de bois
reposant sur le sol de la pépinière. Il sera utile de désinfecter le sol à
l'aide d'une solution de sulfate de cuivre ou de formol, mais suffisamment à
l'avance pour éviter que le désinfectant ne nuise à la croissance des semis.
2. Les maladies des plants plus âgés.
— Elles s'attaquent aux plants à tige déjà lignifiée ;
on peut les diviser en deux catégories : les maladies physiologiques, dues
à un déséquilibre de la nutrition, et les maladies cryptogamiques, causées par
l'attaque d'un champignon ; nous les passerons successivement en revue.
a. Maladies physiologiques.
— Rouge physiologique des pins à deux feuilles, en
hiver. Cette maladie résulte d'une dessiccation des feuilles provenant d'un
déséquilibre entre l’alimentation en eau (très faible ou nulle dans les sols
gelés) et les pertes par transpiration. Les plants sensibles doivent être mis
en place avant l'hiver.
— Dessiccation des semis, causée par la chaleur,
l'insolation trop intense. On lutte contre ces causes de dessiccation et
d'évaporation trop active en protégeant les plants par des claies disposées
horizontalement, au-dessus du sol, sur de petits piquets de 60 centimètres de
hauteur environ.
— Déchaussement des plants, causé, au contraire, par
le gel. Sous l'effet de la gelée alternant avec le dégel, le plant est soulevé
hors du sol, ce qui entraîne la rupture des racines et la dessiccation du
plant. Pour éviter cet inconvénient, il est nécessaire de couvrir le sol par
des couches de paille disposées antre les lignes de semis.
b. Maladies cryptogamiques.
— Rouge cryptogamique des aiguilles de conifères. Maladie
causée par divers champignons qui s'attaquent aux aiguilles, notamment chez les
pins : celles-ci présentent des taches rouges strictement localisées aux
zones attaquées, alors que, dans le rouge physiologique, les aiguilles
rougissent par l'extrémité. Il faut supprimer tous les plants infestés et
désinfecter le sol. Il est recommandé, après l'enlèvement des plants attaqués,
d'utiliser la planche pour une autre espèce, si possible feuillue.
— Le blanc du chêne. Les feuilles des semis de chêne semblent
parfois recouvertes d'une poudre blanche, puis elles se nécrosent et se
dessèchent : il s'agit d'une attaque par un oïdium, semblable à celui de
la vigne, et dont le mycélium forme un feutrage blanc à la surface de la
feuille tout en enfonçant des sortes de suçoirs dans les cellules épidermiques.
Comme pour la vigne, on lutte contre cette maladie par soufrage.
— Le noir de l'épicéa. Cette maladie est fréquente
dans les pépinières d'épicéa en montagne. Le champignon se développe au
printemps dans la couche de neige fondante qui recouvre les plants. Le mycélium
recouvre les aiguilles d'un feutrage noir et les tue. La présence de neige
étant nécessaire au développement du champignon, on lutte aisément contre cette
maladie en intercalant des rondins, avant l'hiver, entre les lignes de plants. A
la fonte des neiges, il suffit de retirer ces rondins pour provoquer un
affaissement de la couche de neige : les organes aériens des plants sont
ainsi dégagés.
— Maladie des rameaux du peuplier. Les rameaux des
peupliers peuvent être l'objet d'une attaque diffuse par un champignon
imparfait, normalement saprophyte des rameaux morts, mais se développant aussi
sur les rameaux vivants des boutures affaiblies par une reprise difficile ;
celles-ci se dessèchent alors progressivement. La transplantation est fatale
aux boutures, même faiblement atteintes ; il est nécessaire de les traiter
préalablement à la bouillie bordelaise.
Conclusion.
— Pour lutter contre toutes ces maladies, le pépiniériste
dispose donc de moyens préventifs et de moyens curatifs.
Comme moyens préventifs contre les maladies physiologiques,
le plus efficace est la protection du sol et des plants eux-mêmes par des abris
et clayonnages.
Comme moyens préventifs contre les maladies cryptogamiques,
citons l'alternance des cultures et la désinfection du sol suffisamment à
l'avance (au formol ou au sulfate de cuivre).
Enfin le remède curatif le plus employé et le plus efficace contre
la plupart des maladies cryptogamiques semble être l'application de bouillie
bordelaise sur les feuilles et les tiges.
LE FORESTIER.
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