Les chaleurs.
— Le rut exerce une influence certaine sur la production
laitière et beurrière.
Il exerce aussi cette influence sur la composition du lait,
et on pourra remarquer une odeur plus accusée et une altération plus rapide.
Cela s'explique du fait que l'animal en chaleur est dans un
état fébrile. L'appétit est moindre, l'animal est énervé, ne tenant pas en
place, en proie à un état d'agitation extrême ; la sécrétion mammaire est
modifiée.
Tous ces changements anormaux de la vie animale sont dus aux
ovaires et ont une influence sur le lait, quantitativement et qualitativement.
Quantitativement, la production diminue d'une façon appréciable le jour même et
le lendemain. Parfois le tarissement peut être complet. Qualitativement, la
variation est due à la présence de déchets organiques éliminés par la mamelle
et qui sont néfastes à l'enfant alimenté par le lait d'une même vache.
L'influence du rut disparaît rapidement et son intensité est
en même temps très variable. Nous ne citerons que l'exemple d'une vache de
l'école de Grignon qui a accusé, le jour des chaleurs, 22 grammes de matière
grasse le matin et 45 le soir. Or, la veille, on avait remarqué 41 grammes, et
le taux le plus bas enregistré avant le rut avait été de 28 grammes.
Les effets extérieurs du rut peuvent être facilement
constatés par l'observateur qui se trouve au milieu d'un troupeau. Sans vouloir
questionner le vacher ou ses aides, voyez plutôt leurs actions.
L'animal est difficile à traire et il faut que l'un d'eux le
tienne aux cornes ou qu'on l'entrave. Souventes fois, le seau et même le trayeur
sont renversés. Quant à la production, il est bien reconnu qu'elle est
médiocre, puisque les guides de contrôle laitier donnent des règles précises à
ce sujet.
La saillie.
— Si, normalement, une vache doit produire un veau tous les treize-quatorze
mois, on sait qu'en pratique générale les éleveurs conduisent leur cheptel de
façon à en avoir tous les ans. Un veau par an, alors que la gestation est de
neuf mois, c'est faire saillir la vache trois mois après le part.
Or nous savons que la sécrétion de folliculine est
incompatible avec la sécrétion lactée. Donc, du fait de la saillie, il y a
sécrétion, par le placenta, de folliculine et diminution de la production
laitière. C'est pourquoi, dans le cas d'un animal gros producteur, il y aurait
intérêt à ne pas le faire saillir et, mieux, à le castrer.
Mais, si la saillie arrête la production, d'autre part une
saillie trop précoce, c'est-à-dire trop proche du part, a aussi comme résultat
immédiat une diminution de production. Il est intéressant d'avoir un aperçu de
ces diminutions et on pourra consulter utilement le tableau ci-après :
Nombre de jours entre vêlage-saillie |
40 |
60 |
80 |
100 |
120 |
Rendement p. 100 |
87 |
93 |
95 |
102 |
104 |
autrement dit, si nous prenons pour écart vêlage-saillie le
chiffre 100 et pour le rendement également 100, nous aurons le tableau
comparatif suivant :
De 40 à 60 |
jours, |
production : |
91 |
p. 100 |
De 60 à 80 |
== |
== |
94 |
== |
De 80 à 100 |
== |
== |
98 |
== |
De 100 à 120 |
== |
== |
102 |
== |
De 120 à 140 |
== |
== |
106 |
== |
En optant pour quatre-vingt-dix jours de repos, les éleveurs
auront systématiquement un rendement futur égalant la production passée.
Mais, si la monte est réglementée et si elle est faite en
main dans certaine région, il existe malheureusement trop de contrées où elle
s'effectue avec liberté et divagation. Qui peut, dans ce cas, affirmer que les
trois mois utiles sont respectés ?
C'est trop laisser au « petit bonheur ». Il serait
facile de relever des vaches dont les dates de vêlage avancent ou reculent
d'une année à l'autre, ce qui implique obligatoirement un écart vêlage-saillie
variable et préjudiciable.
CIER.
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