Un oiseau décoratif.
— Il n'y a pas d'oiseau, dans le monde ailé, qui surpasse le
paon sous le rapport de la joliesse du plumage, dont les coloris veloutés et
chatoyants se distribuent concentriquement sur une longue traîne de mariée, avec
des dégradations d'arc-en-ciel. Cette queue est encore plus merveilleuse
lorsqu'elle se dresse en éventail, en faisant miroiter au soleil ses arabesques
aux tons chauds, étagés en couronne sur un fond de bronze.
Si la femelle est plus modeste, plus discrète que le mâle,
et si son manteau est moins riche, elle n'est pas moins élégante et gracieuse,
avec son long cou délié et sa petite tête surmontée d'une aigrette.
Le paon est un oiseau très indépendant, qui se plaît dans
les parcs complantés de grands arbres, sur lesquels il passe une partie de son
temps à lancer aux échos ses tonitruants « Lé ... on ! ...
Lé ... on. On ! » ... Bien que son élevage puisse avoir
pour objet la vente des reproducteurs ou celle des paonneaux de consommation,
délectation des anciens seigneurs, les paons font très mauvais ménage avec les
autres hôtes de la basse-cour, dont ils se font détester par leurs voies de
fait. Ils préfèrent faire bande à part et aller percher sur les arbres. C'est
l'emblème des propriétés d'agrément, l'oiseau qui fait riche.
Variétés.
— Les paons, que l'on suppose originaires de l'Inde, sont
monogames, c'est-à-dire qu'ils vivent par couples, comme les pigeons. Il en
existe plusieurs variétés qui se différencient surtout par la couleur de leur
plumage. On distingue le paon commun, le paon noir, le paon
blanc et le paon spécifère (Pavo muticus). Ce dernier est d'une
taille plus grande et plus élancée que les autres races. D'après Darwin, les
paons noirs et blancs seraient dus à des accidents tératologiques, venus
fortuitement détruire l'équilibre des lois de la distribution pigmentaire.
Le standard du paon commun a été établi comme suit :
Mâle.
— Tête : bleue ; joues : noires
avec petites rayures blanches au-dessus de l'œil ; cou : orné
de plumes bleu foncé, à reflets chatoyants ; dos : vert
bronzé, chaque plume bordée de noir ; plumes primaires :
chamois foncé ; plumes secondaires : bleu noirâtre, avec
reflets gris bleu ; plumes de la queue (traîne) : fond bronzé
portant des taches oculiformes dont le centre, noir-velours, est auréolé de
différents verts allant se dégradant du vert-émeraude au vert pâle ; queue :
sa longueur peut atteindre 1 mètre.
Femelle.
— Tête et cou : brun rougeâtre ; une barre
blanche entre œil et bec ; bec : brun dessus et jaune dessous ;
huppe : brune à reflets verts et roux ; gorge :
couverte de plumes blanches ; cou : profilé par des paillettes
d'un beau vert métallique, allant s'adoucissant vers le gris et devenant brunes
vers la poitrine ; dos : couvert de plumes bariolées, allant du
blanc au brun, en passant par le gris ; plumes primaires : un
peu rougeâtres ; plumes secondaires : allant du brun noirâtre
au brun clair ; pattes et tarses : bruns.
Élevage des paonneaux.
— C'est vers le mois de mai que la paonne pond une douzaine
d'œufs à coquille fauve, tachetée de points bruns et de la grosseur des œufs de
dinde. Le mâle étant d'un caractère jaloux, la femelle a soin de cacher son nid
dans un fourré épais, car il serait capable de les détruire lorsqu'il se
sentira abandonné. L'incubation dure vingt-huit à trente jours. En principe, il
vaut mieux escamoter les œufs, au fur et à mesure qu'ils sont pondus, pour les
confier à une poule ou à une dinde couveuse; la réussite est plus certaine.
Pour obtenir une bonne fécondation des œufs, le mâle sera âgé de trois ans au
moins et de dix ans au plus.
A leur naissance, les paonneaux sont vigoureux. On peut les
mettre dans une éleveuse chauffée pendant les premières semaines, en leur
donnant la clé des champs quand le temps le permet. Si-on les confie à une
éleveuse naturelle, celle-ci sera maintenue captive dans une caisse barreaudée,
les paonneaux recevant leur nourriture dans un parc annexe, en dehors des
atteintes de la mère.
Ne pas oublier, si on veut éviter la mortalité du jeune âge,
de procurer aux paonneaux, en plus de la nourriture habituelle, commune aux
gallinacés, des proies vivantes apportant les vitamines et les diastases
indispensables, notamment des œufs de fourmis ou des succédanés tels que
ténébrions (vers de farine), asticots (larves de la mouche à viande), vers de
terreau, etc.
La pâtée, à base de farine d'orge et de son, sera
additionnée de verdures hachées (oignons, orties, salades). Le soir on donnera
du riz et du blé cuits. Une fois la prise de l'aigrette, les paonneaux se contentent
de grains crus ou de pâtée commune ; ils savent trouver sur leur parcours
les insectes et les fruits dont ils sont friands (fraises, groseilles, mûres,
glands, faînes, prunelles, etc.).
Les sujets destinés à la rôtisserie recevront une pâtée
riche en matières amylacées (orge, maïs), mais on devra éviter de faire prendre
de l'embonpoint aux couples destinés à la reproduction. On devra même leur
distribuer de temps à autre des graines excitantes (sarrasin, chènevis, avoine,
etc.), dans le but de stimuler leurs instincts génésiques, surtout aux
approches de la ponte.
Mondiage D'ARCHES.
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