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Un chalet en Tarentaise

Situation.

— Placé au pied du Petit-Saint-Bernard aux sommets neigeux, dans cette vallée de l'Isère descendant de Seez à Bourg-Saint-Maurice, ce chalet à flanc de coteau, abrité des vents du nord par une forêt de sapins, surplombe, dans un magnifique décor, cette région tarine : un jardin alpestre aux allées recouvertes de gorrhe rouge et bordées de rocailles, contrastant avec le vert des pelouses, entoure cette construction capable d'abriter une famille de cinq ou six personnes.

Esthétique.

— De construction durable dans son ensemble, seule la partie bois exige un entretien régulier.

Des moellons jaune clair, en pierres de Sault-Brénaz, forment le soubassement. La partie bois est d'aspect brun clair (carbonyle léger) ; les volets teintés crème et rechampis sur les cadres, contrastent avec les ferrures (gonds, serrures, emparres, etc.), passées à une peinture genre vieux bronze vert.

Pour lui donner un cachet bien particulier, la toiture, de couleur brun rouge, s'allège de toute gouttière, et l'eau des toits s'écoule dans un caniveau en maçonnerie de pierres posées à plat sur le sol avec pente de 1 centimètre par mètre.

Sans aucune couleur criarde, ce chalet se remarque par ses caractéristiques « rustiques » harmonieusement assemblées.

Un petit auvent surmonte la porte d'entrée du jardin avec piliers en moellons comme le soubassement. On voit dans 1e jardin un vieux puits avec fer forgé au dessus de la margelle. Terminé par une rose des vents en ferronnerie d'art, un paratonnerre se dresse, au milieu du jardin, comme un mât. Quelques petites fontaines en pierres avec mascarons de bronze, crachant de l'eau de source facile à trouver dans cette région, des vasques dans les plantations alpestres, un ruisseau filtrant entre pierres sèches et rocailles parachèvent son original aspect.

Distribution.

— Le chalet, orienté nord-sud, expose au midi sa plus flatteuse façade. On accède à l'étage principal (premier étage) par un escalier en bois desservant toutes les pièces. Un porche couvert, abrité par son grand avant-toit à deux pentes, permet d'être protégé, l'hiver, de la neige et, l'été, du soleil.

Un hall d'entrée distribue cet étage : un living-room, une cuisine au nord (laquelle possède aussi son entrée et son balconnet indépendants), un w.-c., une salle de bains et deux chambres. Au rez-de-chaussée, deux chambres supplémentaires se trouvent dans la partie qui n'est pas enterrée et au nord un w.-c., un petit atelier de bricolage, une cave, un garage, une chaufferie, le tout desservi par un escalier intérieur accédant aussi aux deux chambres, dont l'aménagement est possible dans les combles.

Construction.

— Avec un soubassement en maçonnerie de pierre, le premier étage en bois de ce chalet est constitué par une ossature sapin, recouverte de clins et doublée à l'intérieur par des lames assemblées à rainures et languettes.

On obtiendra l'isolation thermique entre ces deux cloisons par un matelas de laine de verre ou, ce qui est mieux et moins coûteux, des déchets de hauts fourneaux, ayant les mêmes propriétés que la laine de verre et lui ressemblant.

Le sol du rez-de-chaussée des chambres est en parquet chêne, posé sur lambourdes avec vides sanitaires, hauteur 0m,30. Le sol de la cave est recouvert d'un gravier fin ; un béton maigre, avec chape de 2 centimètres, constitue le sol de la chaufferie et de l'atelier.

Fabriqué avec des déchets de marbre, que l'on peut obtenir à bon compte, le carrelage du garage forme une mosaïque d'agréable aspect.

L'ossature du plancher couvrant ce rez-de-chaussée est un solivage sapin avec faux plancher, sur lequel vient s'ajouter un matelas isolant de laine de verre.

Le plancher du premier étage (étage principal) est en sapin très ordinaire, revêtu d'un tapis caoutchouc mousse, ou, plus simplement, d'un linoléum ciré.

Des frisettes assemblées ornent le plafond de toutes les pièces du premier étage, sauf celui du living-room, où l'on voit une réalisation de caisson bois, toujours agréable à l'oeil.

Encore pour l'isolation, le plancher du grenier se trouve recouvert d'une couche de laine minérale, prise entre deux feuilles de papier.

L'ensemble de l'étage principal est peint à l'huile à trois couches. Dans la salle de bains et la cuisine, les revêtements dans les parties qui craignent l'eau sont faits en plaques genre « panoplac », plaques de bois comprimé, et peintes avec une peinture au vernis spécial.

Les portes vitrées de toutes les pièces, sauf la salle de bains et les w.-c., laissent un aspect clair à l'intérieur de ce chalet. Conçue à deux pentes, la charpente, en sapin de pays, forme une couverture moderne et légère en planches assemblées et boulonnées, système d'exécution simple, rapide et économique. Il est prévu une gaine de chauffage dans la cuisine et une dans le hall.

L'électricité est sous tubes Bergmann et la force sous tubes blindés ; le chauffage central est alimenté par une chaudière à charbon, placée au rez-de-chaussée.

Le chauffage central se trouve particulièrement soigné. Les surfaces de chauffe sont calculées en vue d'assurer dans les pièces une température de plus 18 degrés par froids extérieurs de moins 10 degrés.

Ce chalet est une construction à usage de résidence principale et, en conséquence, se trouve être habitable toute l'année.

Estimation.

— L'ensemble de ce chalet proprement dit, tel qu'il est décrit ci-dessus, peut être évalué, très approximativement, à la somme de francs 3.220.000. Suivant la qualité des matériaux employés, cela donnerait, à ce jour, un prix au mètre carré de plancher construit, de francs 14.640 (prix moyen) ; totalisant rez-de-chaussée et premier étage.

L'ensemble des travaux comprend, dans cette estimation, les postes suivants : maçonnerie, charpente, menuiserie, ferrage, solivage, ossature sapin, plâtrerie-peinture, vitrerie, zinguerie, plomberie, sanitaire, chauffage central, électricité, divers, imprévus et honoraires.

En conséquence, si pour édifier ce chalet, on fait appel à la loi du 21 juillet 1950, accordant des prêts, suivant les cas, de 60 à 90 p. 100 avec en plus octroi de primes par mètre carré de surface construite, et cela pendant vingt ans, toute personne de condition moyenne peut songer à le posséder un jour, grâce à ce système de financement. Ce système a d'ailleurs été exposé dans de précédents articles de cette revue.

Albert COHENDET,

Architecte D. P. L. G.

Le Chasseur Français N°654 Août 1951 Page 491