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Ensembles à transformations

De plus en plus, les ensembles un peu habillés d'après-midi comportent une transformation, une surprise, ou, si l'on préfère, la robe de petit soir à jupe courte et corsage décolleté se complète d'un petit vêtement élégant mais très simple qui la transforme, comme par enchantement, en robe de ville ! C'est ainsi que presque toutes les robes de toiles, de shantung, de twill ou de cotonnade que nous portons actuellement sont aussi bien robes de plage, de campagne, que robes de casino ou robes à danser, à cette différence près que, pour les mois de vacances, à la mer, le corsage est parfois tout simplement celui du maillot de sport ou d'apparat et que l'ensemble, en pièces détachées, comporte, en outre, un short, un pantalon ou un corsaire !

Dans les demi-collections de plein été que nous ont présentées les couturiers en mai, déjà se glissaient quelques modèles d'automne, et cette formule est toujours par eux largement exploitée.

Alwyn, qui donne à cette petite collection (qu'il a d'ailleurs réussie à la perfection) le nom enchanteur de Lever l'ancre, use amplement de l'effet col marin, celui ci étant assez grand pour cacher le décolleté sans exiger l'existence d'un autre vêtement ; il emploie, d'autre part, le tissu éponge, le vrai tissu éponge des peignoirs de bain, mais de première qualité, serré et fin, pour faire des robes de ville ou de casino, voire un classique costume tailleur qui est une réussite — usant d'un bleu très beau, saphir sombre, qu'il marie volontiers au blanc.

Les velours font une apparition offensive. Chez Paquin, avec les ensembles de toiles ou de piqué, le bain-de-soleil est en velours noir. Chez Pierre Balmain, un ensemble jupe et cape immense en drap noir comporte une jaquette de velours ; ailleurs, ce sont, en velours sur les tailleurs de toile, d'alpaga, de shantung, les cols et revers. Le fourreau d'une robe du soir, pourtant ornée de piqué blanc, est également en velours. Les effets d'opposition restent à l'ordre du jour. Jean Baillie propose un ensemble dont la jupe est en lainage noir, le charmant petit vêtement court et ample et le chemisier sans manches en ottoman gris mauve ; Jean Patou, un premier ensemble automnal fait d'un fourreau de drap noir et d'un corsage-sweater en velours. En tricot, notons chez Renée Patton, avec jupes interchangeables courtes ou longues et plissées, de ce plissé indéformable qui est une spécialité des plus intéressante des couturiers du tricot, un corsage bain-de-soleil dont le devant est brodé de perles de paille et de corail. C'est ravissant et cela se cache sous de charmants petits vêtements qui rendent l'ensemble aussi pratique pour le jour que pour le soir et sans aucune fragilité.

G.-P. DE ROUVILLE.

Le Chasseur Français N°654 Août 1951 Page 496