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Le Léonberg

Le Léonberg est un chien imposant, c'est une des plus grandes races connues ; il est recherché le plus grand possible : au-dessus de 80 centimètres pour les mâles et au-dessus de 70 centimètres pour les femelles, tout en tenant compte de ses proportions, qui doivent toujours être élégantes, de ses mouvements, qui doivent rester vifs, et, bien entendu, qu'il n'ait aucune lourdeur dans la tête, qui doit être d'une bonne longueur, sans exagération. Sa fourrure est abondante, sans pour cela cacher ses formes.

Comme beaucoup de nos grands chiens de montagne, il a leur ancêtre commun, le dogue du Tibet. Pour ses origines, deux versions s'affrontent. Il descendrait d'une race très ancienne connue depuis un temps immémorial dans les Alpes bavaroises, le Wurtemberg, l'Autriche.

D'après d'autres auteurs, un marchand de chiens souabe qui vécut, il y a quatre-vingts ans environ, dans la petite ville allemande de Léonberg en serait le créateur et il aurait été obtenu par croisement entre le Terre-Neuve et les grands chiens de montagne ; le Pyrénéen et le Saint-Bernard, et d'autres chiens de berger qui n'ont pas été cités.

Moralement, le Léonberg rappellerait assez bien le Terre-Neuve : il en a l'intelligence, la fidélité, la douceur ; il est affectueux, gai et aimable avec son maître, et réservé avec ceux qu'il ne connaît pas. Il est bon et patient avec les enfants, qu'il garde avec une attention particulièrement vigilante et affectueuse.

Physiquement, il est fortement charpenté et musclé, il a une grande endurance et une souplesse remarquable, malgré son poids et son volume. Un éleveur français a possédé un magnifique spécimen (pesant 107 kg.), qui suivait ses chevaux en galopant, sautant derrière eux les obstacles avec agilité, et qui avait assez de souffle pour suivre un équipage dans ses longues randonnées.

Sa fourrure abondante est formée de poils lisses et serrés, pas trop couchés, et d'un sous-poil. Les poils du dessus sont longs de 6 à 10 centimètres ; très fournis autour du cou, particulièrement chez le mâle, le pelage s'épanouit en une sorte de crinière qui le fait un peu ressembler à un lion, dont il a généralement la couleur fauve, plus ou moins foncée.

Il ne craint nullement le froid ni l'humidité, il est résistant à toutes les intempéries, mais paraît plutôt souffrir de la chaleur, car il recherche toujours les endroits frais.

Les dimensions de sa tête sont très harmonieuses, avec la peau bien collée, le masque est plus ou moins noir, le chanfrein est de bonne longueur, les joues sèches, la truffe toujours noire et humide, les naseaux bien ouverts ; la mâchoire est forte, la denture solide, les babines ne sont pas relâchées, si bien que ce gros chien a le précieux avantage de ne pas baver.

L'oreille est de taille moyenne, arrondie, plantée assez haut sur le crâne, qui est un peu bombé ; le bord antérieur de celle-ci touche la joue, le poil qui la recouvre est abondant, sans faire de longues franges, il est plus foncé que la couleur de la robe.

Les yeux bruns sont de moyenne grandeur, un peu obliques, avec une expression douce et intelligente. Quand l'attention du chien est éveillée, la peau du front se plisse et l'oreille se redresse légèrement et s'entrouvre un peu en arrière.

Le cou, qui est fortement musclé, est de moyenne longueur et sans fanons. La tête n'est pas portée très haute.

Le corps paraît un peu long en raison de l'obliquité de l'épaule et du bassin. Les reins sont puissants, et le dos doit être absolument droit, la cage thoracique est profonde, la poitrine ovale, les flancs sont peu remontés.

La queue est portée basse et forme un peu panache, elle est longue et forte quand le chien est excité, elle se relève sans jamais pour cela être portée trop haute ni rejetée sur le dos.

Les pattes ont une forte ossature ; elles ne sont pas très longues, mais bien droites, bien d'aplomb. L'épaule est longue et oblique, très musclée ; les pattes de devant ont les coudes bien collés au corps et sont bien frangées.

Les cuisses sont fortement musclées, longues, et l'articulation du genou est très prononcée ; le jarret est fort et nerveux, un peu arqué.

Les pieds sont bien faits, pas trop longs, assez serrés, et ils ont, comme le Terre-Neuve, la particularité d'avoir les doigts palmés. Le Léonberg aime beaucoup l'eau et nage admirablement.

Ce chien ne porte pas d'ergots ; ils sont considérés comme un défaut, et, si on en voit apparaître dans des portées de sujets bien sélectionnés, il est recommandé de les enlever ; il est très facile de les supprimer les premiers jours qui suivent la naissance.

Les couleurs uniformes avec masque noir sont les plus appréciées ; la plus répandue est la teinte fauve plus ou moins foncée, allant du jaune clair au brun et à l'acajou. On tolère les robes sombres avec le bout des poils noirs, on tolère également la face claire sans masque sombre. Les couleurs sable, gris argenté et orangée avec la pointe des poils sombre sont acceptées.

Le poil de la tête est court, les oreilles sont légèrement frangées et généralement plus foncées, le collier est souvent plus clair sous la gorge que sur la nuque ; les franges des pattes de devant et le poil en arrière des cuisses qui forme culotte et le panache de la queue sont aussi plus clairs, le dessus de la queue a la teinte du fond de la robe.

Les défauts à éviter sont ceux qui rappellent trop le Saint-Bernard, la tête trop massive, le stop trop marqué, le crâne trop rond et la tête trop large ou trop courte. La peau ne doit pas être lâche, ni aux yeux ni aux babines. Les yeux clairs ou trop écartés, la truffe décolorée ou de la couleur de la peau sont également des défauts, ainsi qu'une queue enroulée et des pattes arquées.

Le poil ne doit pas être maigre, ni roulé ni bouclé ; il est abondant et lisse, et on le tolère un peu ondulé.

Le standard allemand du Léonberg a été rédigé en 1895 par Albert Kull, à cette époque président du club. A l'assemblée générale de ce club, tenue le 10 juillet 1949, un nouveau standard un peu modifié a été adopté ; il abaisse un peu la taille de ce chien important ; il s'est montré beaucoup moins exigeant que l'ancien sur ce point en particulier, probablement à cause des grandes difficultés que les éleveurs ont dû surmonter pendant et après la guerre pour procurer à leurs chiens une nourriture suffisante en viande.

Ce chien est peu répandu en France, cependant il a existé un club du Léonberg français, et actuellement quelques rares et courageux éleveurs travaillent dans l'ombre et cherchent à se regrouper. En dépit de grandes difficultés à trouver des géniteurs nouveaux, ils sortent des chiens magnifiquement constitués, dont un splendide spécimen de la race, un mâle, « Quidam », qui mesure 0m,81 et pèse87 kilogrammes, a été présenté à Blois l'année dernière dans un défilé folklorique, conduit par un tout petit garçon.

À la dernière exposition de Paris, une très belle chienne (fille de Quidam) a remporté le C. A. C. I. B. ; à Strasbourg, cinq femelles étaient exposées.

Après avoir été assez répandu dans l'Allemagne du Sud, l'Autriche, la Tchécoslovaquie, ce chien s'est raréfié, et le club allemand communiquait dernièrement qu'il ne restait plus que soixante-dix sujets, dont la plupart sont des femelles ; et le propriétaire de l'étalon français a été maintes fois sollicité de se rendre à Kiel avec son chien.

Le Léonberg, favorisé par sa taille imposante, est un excellent chien de garde. À cause de sa grande force, des laitiers l'emploient comme chien de trait. Ses qualités morales correspondent à son aspect physique, elles sont solides. Il est de tempérament vif, ni trop fougueux, ni paresseux ; il n'est généralement pas méchant ; il n'est ni peureux, ni poltron, encore moins sournois. Il est, par excellence, le défenseur des biens et de la vie de son maître, dont il est le compagnon infatigable et l'ami sûr.

A. PERRON.

Le Chasseur Français N°655 Septembre 1951 Page 531