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Oignons blancs

On peut encore faire, en automne, des semis d'oignons ; mais il s'agit uniquement d'oignons blancs, précieux légumes permettant de faire la soudure, dès le printemps, entre les vieux oignons récoltés et les nouveaux oignons de pleine terre, et permettant l'obtention de beaux petits oignons à confire ou à assaisonner les cornichons mis en bocaux. Enfin, un autre avantage, d'ordre culinaire, est que l'oignon blanc apporte une saveur quelque peu particulière de « légume nouveau » à l'association des premiers légumes frais de printemps : laitues, petits pois, haricots verts, etc. La culture de l'oignon blanc, quelque peu capricieuse, demande certaines précautions.

Variétés conseillées.

Oignon blanc extra-hâtif de Barletta : petit, se formant très vite en huit semaines, et convenant très bien à la confection des « bocaux de cornichons ».

Oignon blanc hâtif de la Reine : petit, plat, très précoce, de saveur fine, mais supporte mal le froid rigoureux, excellent également à confire.

Oignon blanc très hâtif de Vaugirard : précoce et très rustique.

Oignon blanc hâtif de Paris : son bulbe déprimé atteint six millimètres de diamètre, son feuillage vert foncé est peu abondant. Rustique à l'hiver, précoce et productif, ces qualités en font une variété fort estimée.

Pratique de la culture de l'oignon blanc.

1° Sol :

L'oignon blanc demande un sol riche, bien ameubli, pas humide et surtout n'ayant fait l'objet récemment d'aucun apport de fumier.

2° Semis :

Le semis se pratique en septembre, après la récolte des légumes feuilles : salades, épinards. Il n'est pas recommandé de semer dans le carré ayant reçu les pommes de terre hâtives, car, plantes épuisantes, elles n'ont laissé que trop peu d'éléments fertilisants et surtout immédiatement assimilables dans le sol. Il n'est pas également recommandé de semer avant septembre ou, tout au plus, fin août : les plants risqueraient de monter à graine, et, le semis étant exécuté trop tôt, les plants seraient beaucoup moins rustiques.

On pourra semer en pépinière à raison de 5 à 6 grammes par mètre carré ou en place directement à raison de 180 grammes à 200 grammes par are. Mais on prendra bien soin de n'enterrer que presque superficiellement la graine à l'aide du râteau. Plombez pour assurer l'adhérence de la semence à la terre et, si possible, répandre sur le carré du semis un panier de terre bien fine ou de terreau soigneusement criblé, soit environ 2 centimètres d'épaisseur. Les maraîchers emploient souvent comme paillis le fumier des champignonnières et l'émiettent convenablement. Le lendemain du semis, on procédera à un arrosage à l'eau tiédie au soleil et on attendra la levée, qui dure de huit à dix jours selon le temps.

3° Repiquage :

En sol léger, on repiquera en octobre-novembre, mais, en terre lourde et compacte, mieux vaudra attendre le début du printemps.

Pour repiquer en place, on préparera une ou plusieurs planches, selon les besoins, bien ameublies et soigneusement nivelées ; on y trace des rayons de 3 centimètres de profondeur au maximum et distants de 10 à 12 centimètres, de façon à planter à 8 ou 10 centimètres sur la ligne. Le plant destiné au repiquage sera enlevé de la pépinière avec soin, et on ne craindra pas d'éliminer les tiges tordues et les pieds rachitiques. Il sera ensuite habillé : réunir, à cet effet, une petite poignée de plants, les égaliser et trancher nettement d'un ou deux coups de couteau environ le tiers de la longueur des feuilles et des racines, de façon à conserver environ un centimètre de racines.

Planter à l'aide du plantoir en ayant bien soin de ne pas trop enterrer pour faciliter le développement du bulbe. Borner fortement afin que les gelées, au cours de l'hiver, ne déterrent pas les plants. En sol lourd et compact, il est conseillé de planter sur ados : les bulbes risquent moins de pourrir ou d'être trop comprimés. Aussitôt plantés, ils s'enracinent et se redressent très vite. Sitôt repris, biner et pailler, si possible, à l'aide de tourbe, de balles d'avoine qui protègent le collet des plants contre les fortes gelées d'hiver.

Dans le cas où l'on n'aurait pas eu le temps de repiquer en automne : mauvaise levée ou levée tardive, mauvais temps prématuré, oignons trop chétifs pour être repiqués assez tôt avant le froid, mieux vaut laisser en place et n'effectuer l'opération, par beau temps, qu'en fin d'hiver.

4° Soins culturaux d'entretien à donner :

Vers fin février, on donnera un binage après l'enlèvement du paillis et on attendra alors le premier ressuyage de la terre par les rayons du soleil printanier. C'est à cette époque qu'on doit arroser en interlignes avec de l'eau purinée à 25 p. 100, mais jamais avec les vidanges, même allongées, car on est trop près de la récolte, ou à l'aide de nitrates (10 grammes au mètre carré). Ces derniers donnent un « coup de fouet » à la végétation, et la précocité est assurée.

5° Récolte des oignons blancs :

Chez les maraîchers, la vente des oignons blancs commence avant qu'ils n'aient atteint leur complet développement et alors qu'ils sont encore garnis de toutes leurs feuilles, c’est-à-dire jusqu'à fin avril et mi-mai.

Chez les jardiniers amateurs, on récolte un peu plus tard et même jusqu'au mois d'août : on consommera les oignons à l'état vert ou, pour libérer les carrés du jardin, on les séchera quelques jours au soleil avant d'être rentrés dans un local bien aéré, mais sec et sombre de préférence. Mais on ne cherchera pas à les conserver longtemps, car ils se conservent mal.

Ainsi la ménagère aura à sa disposition des oignons blancs frais et excellents, en attendant d'avoir tout prochainement les oignons colorés jaunes ou rouges.

BOILEAU.

Le Chasseur Français N°655 Septembre 1951 Page 546