L'influence de la gestation.
— Point n'est besoin de castrer une vache pour maintenir sa
durée de lactation au delà de neuf à dix mois. On peut remarquer aisément que
certains animaux fécondés aussitôt après la mise bas auront une durée de
lactation bien plus courte. D'autres, par contre, qui ont été fécondés beaucoup
plus tard, maintiendront leur production pendant un temps supérieur à la
normale. Il suffit à l'animal de n'être point fécondé et d'être en bon état de
santé. Nous pourrions citer les constatations de Gadin et Wilson, qui font
remarquer la chute brusque de la production laitière cinq mois après la
saillie. C'est là une preuve formelle de son influence.
Il y a diminution effective. Mais nous remarquons qu'à cette
époque le fœtus a des exigences bien plus grandes puisqu'il a un développement
plus important.
Le squelette en formation a besoin de chaux et d'acide
phosphorique, et, si la mère ne les trouve qu'en quantité invariable dans son
alimentation, il est facile de voir que l'élimination doit diminuer du fait de
son orientation sur le fœtus. D'où une variation de la composition du lait.
Aussi remarque-t-on une diminution de la matière grasse et, par contre, une
augmentation de la caséine.
Il est facilement concevable que la présence du fœtus
apportera, par ses prélèvements nécessaires à son développement, un changement
certain dans la composition du lait et que, par contre, le lait d'une vache non
fécondée n'aura pas cette variation de composition.
L'époque du vêlage.
— L'alimentation de l'animal se rattache à cette question,
et on pourrait écrire que traiter l'époque du vêlage, c'est traiter
l'alimentation.
Nous comprenons aisément que la consommation par la vache
laitière des jeunes herbes printanières ait une action stimulante sur la
mamelle. En conséquence, une vache vêlant au printemps, à cette pleine époque
d'herbe tendre et fraîche, aura un rendement supérieur à celle qui vêlera en
pleine chaleur, au moment où il y a pénurie d'herbe, et que le peu qu'elle
trouvera sera dure et sèche.
La vache ne pourra, dans ces conditions, donner sa pleine
mesure, et sa lactation diminuera ; mais, par contre, l'animal vêlant dans
l'hiver aura atteint son maximum de production avant ce printemps, et, lorsque
viendra la période de cette herbe jeune et savoureuse, l'animal aura un regain
de production.
Il aura, si l'on peut dire, un deuxième sommet de
production. Nous n'ignorons pas que la courbe normale de production laitière,
partant de 0, atteint son maximum quatre à cinq semaines après le vêlage. La
montée est assez rapide. Mais la courbe descend ensuite régulièrement et
lentement, du fait qu'elle s'étend sur huit mois environ. Si nous prenons le
cas d'un vêlage dans l'hiver, la courbe, après être montée, redescendra pendant
un temps qu'on appellera y. Jusque-là, rien de particulier. Il y a
grande ressemblance entre les deux courbes.
Mais, si, en un point quelconque de la descente de la
courbe, l'animal profite de l'herbe printanière, nous aurons une remontée de la
courbe. Remontée plus ou moins forte, plus ou moins élevée. Ce sera le deuxième
sommet de production. Le temps x est mesuré entre le premier sommet et
le point de remontée de la courbe.
Sachant que la valeur des fourrages diminue en fin d'hiver
et fin d'été, les chutes que l'on constate à ces périodes sont dues à cette
cause. Elles sont également dues aux ressources en fourrage.
Ainsi donc il en ressort qu'il serait de bonne politique
pour un éleveur de faire vêler ses animaux dans le courant de l'hiver. On ne
peut toutefois prendre cette règle à la lettre. Chaque région a ses
particularités, ses coutumes, ses méthodes. Elles sont établies sur
l'observation qu'on a faite depuis des siècles, et il serait préjudiciable de
les réformer totalement sans avoir au préalable fait quelques expériences afin
de ne pas se jeter à l'aveuglette dans des modifications qui, sous le prétexte
d'être d'avant-garde, ne pourraient donner que déboires.
CIER.
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