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Septembre à la ville

Pour beaucoup déjà, les vacances sont finies, les jours raccourcissent et vers le soir, quand le soleil se couche, les premières fraîcheurs annoncent l'automne. Comme au printemps, le tailleur est roi. Comme au printemps, classique dans la coupe, il se permet toutes sortes de fantaisies dans les revers et la basque, des asymétries, des croisages originaux, mais toujours il conserve la taille bien prise et des hanches bien galbées, ce qui donne à cette taille une plus grande finesse et équilibre joliment la double ligne de la poitrine et des épaules. Dans le détail, le bordé reste en vogue, soit par biais taillés dans un sens opposé du tissu, soit par ganse soyeuse dans le ton. Il sera charmant, et toujours très mode, de prévoir un tissu frère de celui dans lequel sera fait le paletot ou le manteau qu'on portera en octobre, lequel sera de même ton mais plus épais ; en outre, l'un sera souvent fantaisie, l'autre uni, celui du manteau pouvant être réversible.

Plus habillé que le tailleur, une robe s'impose pour les premières réunions de fin d'après-midi. Celles-ci, comme elles le furent depuis plusieurs saisons déjà, seront à deux fins : corsage largement décolleté sous un autre corsage, un boléro, un blouson permettant de porter la robe à la ville, puis au théâtre, ou pour un dîner élégant.

Naturellement, et bien que les fournisseurs de tissus proposent de fort jolis tons rompus et sombres, elles seront le plus souvent noires. Souvent ces tissus, mélangés de deux textiles, laine et soie, soie et rayonne, etc., par l'appoint de fibres nouvelles, ont un éclat d'anthracite ou sont à peine rehaussés d'un fil de métal or ou argent discrètement enfoui au fond d'un côtelé, effet modeste mais joli, qui « habille » la robe. La ligne générale sera droite et fine ; pourtant nombreux seront les mouvements asymétriquement drapés, les effets de quilles, de volants, de panneaux en plein biais, d'écharpes largement jetées, s'accrochant à la ligne mince du fourreau.

Beaucoup de grands chapeaux encore réjouiront nos derniers beaux jours. Grandes formes étirées en largeurs légèrement cloches, aux bords ondulés ou tonkinois, de velours ou de panne, tendus et peu garnis. Impossible de parler des chapeaux d'automne sans souligner le retour offensif des plumes d'autruche, cet adorable ornement si joliment frémissant, si féminin, qui ne peut être qu'impeccable et de qualité ; il ne faut donc point espérer faire revivre des plumes d'autrefois, qui ont dormi en se ratatinant depuis des années dans la naphtaline !

Une femme raffinée portera toujours sac et gants assortis aux souliers, sinon au chapeau ; la perfection du détail, et seulement cela, classe une femme définitivement parmi les véritables élégantes. Les gants, actuellement, ont acquis la perfection d'avant guerre ; les peaux les plus fines, aux tons les plus précieux, se lavent admirablement, à condition qu'on le fasse soigneusement ; les gants clairs, si jolis, ne sont donc plus à redouter ; il est d'ailleurs juste de dire que certaines marques permettent également le lavage des gants de daim noir qui se délustrent ainsi parfaitement.

G.-P. DE ROUVILLE.

Le Chasseur Français N°655 Septembre 1951 Page 560