Pour beaucoup déjà, les vacances sont finies, les jours
raccourcissent et vers le soir, quand le soleil se couche, les premières
fraîcheurs annoncent l'automne. Comme au printemps, le tailleur est roi. Comme
au printemps, classique dans la coupe, il se permet toutes sortes de fantaisies
dans les revers et la basque, des asymétries, des croisages originaux, mais
toujours il conserve la taille bien prise et des hanches bien galbées, ce qui
donne à cette taille une plus grande finesse et équilibre joliment la double
ligne de la poitrine et des épaules. Dans le détail, le bordé reste en vogue,
soit par biais taillés dans un sens opposé du tissu, soit par ganse soyeuse
dans le ton. Il sera charmant, et toujours très mode, de prévoir un tissu frère
de celui dans lequel sera fait le paletot ou le manteau qu'on portera en
octobre, lequel sera de même ton mais plus épais ; en outre, l'un sera
souvent fantaisie, l'autre uni, celui du manteau pouvant être réversible.
Plus habillé que le tailleur, une robe s'impose pour les
premières réunions de fin d'après-midi. Celles-ci, comme elles le furent depuis
plusieurs saisons déjà, seront à deux fins : corsage largement décolleté
sous un autre corsage, un boléro, un blouson permettant de porter la robe à la
ville, puis au théâtre, ou pour un dîner élégant.
Naturellement, et bien que les fournisseurs de tissus
proposent de fort jolis tons rompus et sombres, elles seront le plus souvent
noires. Souvent ces tissus, mélangés de deux textiles, laine et soie, soie et
rayonne, etc., par l'appoint de fibres nouvelles, ont un éclat d'anthracite ou
sont à peine rehaussés d'un fil de métal or ou argent discrètement enfoui au
fond d'un côtelé, effet modeste mais joli, qui « habille » la robe.
La ligne générale sera droite et fine ; pourtant nombreux seront les
mouvements asymétriquement drapés, les effets de quilles, de volants, de
panneaux en plein biais, d'écharpes largement jetées, s'accrochant à la ligne
mince du fourreau.
Beaucoup de grands chapeaux encore réjouiront nos derniers
beaux jours. Grandes formes étirées en largeurs légèrement cloches, aux bords
ondulés ou tonkinois, de velours ou de panne, tendus et peu garnis. Impossible
de parler des chapeaux d'automne sans souligner le retour offensif des plumes
d'autruche, cet adorable ornement si joliment frémissant, si féminin, qui ne
peut être qu'impeccable et de qualité ; il ne faut donc point espérer
faire revivre des plumes d'autrefois, qui ont dormi en se ratatinant depuis des
années dans la naphtaline !
Une femme raffinée portera toujours sac et gants assortis
aux souliers, sinon au chapeau ; la perfection du détail, et seulement
cela, classe une femme définitivement parmi les véritables élégantes. Les
gants, actuellement, ont acquis la perfection d'avant guerre ; les peaux
les plus fines, aux tons les plus précieux, se lavent admirablement, à
condition qu'on le fasse soigneusement ; les gants clairs, si jolis, ne
sont donc plus à redouter ; il est d'ailleurs juste de dire que certaines
marques permettent également le lavage des gants de daim noir qui se délustrent
ainsi parfaitement.
G.-P. DE ROUVILLE.
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