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Le vent en camping

armi les questions le plus fréquemment posées par les aspirants campeurs, celle relative aux intempéries en camping revient le plus souvent. Cela est d'ailleurs tout à fait normal. Car, hélas — et nous en savons quelque chose avec le temps exécrable qui a sévi cette année, — le campeur n'est pas appelé à ne rencontrer toujours que du beau temps.

D'autre part, nous voici déjà à l'orée de l'hiver, et les campeurs sportifs, qui vont continuer leurs randonnées de fin de semaine, vont se trouver devant des difficultés dues aux éléments. Il nous a donc semblé bon de rappeler quelques précautions à prendre en cas de mauvais temps.

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Sans conteste, l'ennemi n°1 du campeur est le vent. Ce dernier généralement agit par rafales successives et exerce sur les tentes des efforts de pression et de succion alternés, qui tirent sur les tendeurs et sur les mâts.

Le moindre mal est de constater l'arrachage de piquets ou la rupture d'un ou de plusieurs tendeurs.

Un accident beaucoup plus grave est la rupture du mât ou d'un mât de la tente. Cette cassure se fait généralement à la hauteur des viroles ou, en cas de mât métallique, à l'emmanchure de deux éléments de mât, là où le métal a été travaillé.

Il existe pour se défendre du vent deux moyens :

Le premier consiste, en installant sa tente, à rechercher un endroit à l'abri du vent. Il faut donc, en arrivant sur un camp, se rendre compte de la direction du vent et voir si l'on ne peut profiter d'un angle mort constitué, suivant les cas, par une haie, une maison, un tertre, un rocher, etc.

Les angles morts sont quelquefois difficiles à prévoir et J. Loiseau, dans son excellent manuel de Camping et Voyage à pied (1), nous signale que certains sommets sont parfois complètement à l'abri des rafales jusqu'à deux mètres du sol, alors que le flanc de la montagne est exposé à toutes les bourrasques.

D'autre part, la position de la tente peut avoir une grande importance, et il est indispensable de toujours présenter au vent le dos de la tente.

Les tentes avec abside sont dans ce cas bien meilleures, car la forme de leur arrière est plus aérodynamique.

Le deuxième moyen de lutter contre le vent est un moyen plus technique. Il s'agit de ce que Loiseau appelle les tensions de sécurité.

On peut renforcer les tendeurs, améliorer la fixation des piquets de sol, soit par des piquets plus longs, soit par doubles piquets, soit en posant dessus de grosses pierres s'il s'en trouve à proximité.

Mais la plus grande précaution consiste dans le ceinturage de la tente ou du double toit. Un ceinturage bien fait diminue de beaucoup le flottement du double toit au passage des bourrasques. Plusieurs systèmes de ceinturage sont possibles. Chaque campeur devra étudier celui qui convient le mieux à sa tente. Certains fabricants ont facilité le travail en prévoyant sur les doubles toits, ou sur les tentes, des passants dans lesquels peut être enfilé la ficelle ou le cordon de ceinturage. Cette mesure devrait être généralisée et devenir courante.

De même, le cordon de ceinturage devrait être vendu avec chaque tente, avec les piquets de sol supplémentaires que son usage entraîne. Car le ceinturage, bien connu des vieux campeurs, me paraît bien ignoré de la masse des nouveaux, et il est si simple à réaliser que l'on peut dire que c'est une technique qui devrait être inculquée en tout premier lieu à un débutant.

Je m'en suis moi-même servi à maintes reprises et ai évité bien souvent des désagréments grâce à lui. Je me souviens d'un camp provençal où, sur une dizaine de tentes, seule ma tente ceinturée à temps n'a pas bougé, alors que le mistral transformait en cerfs-volants celles de mes voisins.

En cas de tempête violente, il est bon, d'autre part, de consolider les mâts, qu'ils soient en bois, en riz ou en dural. Le meilleur moyen est de couper deux baguettes bien droites de 1 centimètre à lcm,5 de diamètre et de les fixer comme des attelles de chaque côté du mât grâce à des ligatures de ficelles.

Ce système peut être employé également comme moyen de réparation d'un mât fêlé ou brisé. Mais il vaut mieux prévoir que réparer, et ce renforcement du mât doit être fait dès que l'on se rend compte que la tempête arrive. Cela évite de passer de longs moments à tenir à pleines mains les mâts qui prennent une courbe inquiétante ! ...

Si, par malheur, malgré toutes les précautions, on s'aperçoit, la tempête apaisée, qu'il existe une déchirure de la toile, la réparer aussitôt. Il existe pour cela plusieurs moyens. Dans le commerce, on trouve des produits spéciaux permettant de coller ensemble du tissu. Il suffira donc d'enduire de ce produit une bande d'étoffe et de la coller sur la déchirure. Si l'on ne dispose pas de ce produit, la pharmacie de campeur pourra venir au secours de votre tente.

Un simple morceau d'albuplast fait une réparation excellente, rapide et solide (je l'ai expérimentée moi-même à plusieurs reprises).

Le vent peut être associé à la pluie et, dans ce cas, l'ennui pour le campeur est multiplié par deux. Mais il n'est pas obligatoire que vent et pluie soient associés. Les coups de mistral, dans le Midi, n'empêchent pas le brillant soleil. Dans d'autres cas, la fin du vent amène la pluie.

Celle-ci amène les campeurs à prendre d'autres précautions. Nous en reparlerons le mois prochain, ainsi que des moyens de lutte contre l'orage, le brouillard, la neige, le froid ... et la chaleur.

J.-J. BOUSQUET,

Président du Camping-Club de France.

(1) Éditions J. Susse.

Le Chasseur Français N°656 Octobre 1951 Page 607