On a l'habitude d'opposer les termes de cactus et de plantes
grasses. Au demeurant, les cactus constituent une immense famille botanique,
tandis que le terme de plantes grasses n'est qu'un simple vocable définissant
de multiples variétés botaniques à tissus et feuilles très épais.
Les cactus excitent la curiosité en raison de leurs formes
étranges passant de la boule au cierge, de la colonne au candélabre, des
raquettes aux lanières. Les feuilles en sont toujours réduites à des aiguilles,
dards, lames, poignards, hameçons, crins, etc.
À l'étranger et surtout dans les pays anglo-saxons,
l'intérêt pour ces plantes a toujours été très grand et permanent. En France,
l'affection a eu des éclipses, et la toute dernière va de 1900 à 1920. Le
renouveau fut dû au prince Albert 1er de Monaco, qui créa un
magnifique jardin exotique sur les falaises escarpées des contreforts alpins
entourant sa principauté.
Ces plantes vivent à l'état naturel dans toute l'Amérique,
et plus particulièrement au Mexique, en raison des zones déshéritées, quasi
désertiques, que leur anatomie formant réserve d'eau leur permet d'affronter.
Les jours y sont brûlants et les nuits froides et sèches.
Ces plantes y servent de régulateurs aux climats et barrent les progrès des
déserts. Elles se modifient toutefois en leurs structures, et donc en leurs
variétés, à mesure que la forêt progresse : les Opuntia ornent les
régions les plus désolées, tandis que les Cereus se situent au bord des
forêts. Les Epiphylium, Rhipsalis et autres variétés demandent
même de l'ombre.
Au Mexique, on trouve des cierges, ou Cereus,
mesurant très normalement 8 à 10 mètres de haut — certains montent à 20 — avec
3 mètres de circonférence et un poids de 2 à 3.000 kilos.
Il n'en est pas de même dans les plantations de France, et
même dans celles de la côte d'Azur.
Par les rosées qu'elles provoquent et l'humus de leurs
déchets, les cactus favorisent les terres les plus pauvres où aucune autre
plante ne pourrait vivre. Leurs fruits sont abondants, et, s'ils constituent
une riche alimentation pour les indigènes, les tiges procurent un fourrage
parfait pour le bétail. En France, ces fruits sont des mets délicats pour les
gastronomes sachant sortir du conformisme.
Les plantes grasses n'ont pas grand-chose de commun avec les
cactées, sauf la force et l'aspect extérieur. Botaniquement parlant, un chou
est une plante grasse et il n'a rien de commun avec l'Opuntia, ou
figuier de Barbarie ... Cependant, il est convenu de désigner ainsi une
dizaine de familles de plantes purement décoratives.
Le gros avantage de ces plantes est d'être très ornementales
et de ne demander aucun soin en raison de leur extrême résistance à la
sécheresse. Ce qui est actuellement peu connu des amateurs modernes, surtout
soucieux de formes originales, c'est que ces variétés donnent les plus belles
fleurs qu'il soit, autant par la forme que par la couleur. Malheureusement,
certaines sont tellement éphémères qu'elles ne subsistent que quelques heures.
En appartements comme en jardins, le sol a une importance
majeure. Il le faut avant tout poreux et de richesse moyenne, comme de
compacité médiocre. Le meilleur compost s'obtient par trois tiers de terreau de
feuilles, de terre franche et de sable de rivière. On doit y ajouter un peu de
vieux platras écrasés. La préparation doit avoir lieu un an avant l'emploi, et
le sol formant socle doit avoir été bien désinfecté.
Il ne faut arroser que rarement et seulement en plein été.
Le mieux est de situer les plantes autour d'un bassin et de les laisser s'abreuver
par simple puisage dans l'air saturé d'humidité d'évaporation.
Ce qui importe est par-dessus tout l'éclairage, et son
intérêt dépasse celui de la chaleur. Il faut toutefois tenir compte des
variétés, car certaines cactées poussent au naturel non en plein soleil, mais à
l'ombre des forêts.
Pendant l'hiver, les cactées peuvent être mises en
appartement ou en serre, mais il est nécessaire de donner le maximum d'air
frais et souvent renouvelé. Ce n'est que sur les rivages de la côte d'Azur et
de la Méditerranée que l'on peut effectuer des cultures de pleine terre ou de
jardin.
La multiplication des cactées s'effectue, pour l'amateur,
par semis, bouturage et greffage, et la période la plus favorable se situe de
mars à juin, afin que la plante ait la possibilité de réaliser ses réserves
correspondant à la période froide.
La température la plus favorable à la germination des
graines est de 25° le jour et 15° la nuit.
Un bon moyen de réaliser un éclairement artificiel est de
placer les semis sous des lampes fluorescentes. La levée a lieu alors au bout
d'une quinzaine de jours, bien que certaines variétés comme les Opuntia
demandent plus de temps. On repique au bout d'un mois.
Plus connu que le semis, parmi les amateurs, le bouturage
est le procédé le plus naturel, car certains cactus très grands, comme les Cereus
et les Opuntia, se brisent sous leur seul poids, et les fragments tombés
au sol s'enracinent d'eux-mêmes.
Vers 1935, une sorte de snobisme mit à la mode le greffage
d'espèces différentes, ce qui se traduisait par des formes extrêmement
curieuses. On doit les reprouver comme constituant artificiellement de pures
monstruosités totalement contre nature.
Les cactées ne risquent pas de grands envahissements de
parasites, à condition d'être soigneusement entretenues.
Il existe en France de grands spécialistes producteurs qui
ont établi sur la Riviera de magnifiques jardins de cactées et de plantes
grasses. On y trouve à la fois des spécimens petits ou modestes pour les ventes
courantes, mais il y a aussi chez eux des spécimens géants ou exceptionnels.
Conjuguant ses efforts avec ceux de ces professionnels, un amateur éclairé et
agronome savant a réalisé des acclimatations de maintes plantes grasses pour
les divers climats et régions de France, et l'on peut actuellement envisager
d'effectuer des plantations de figuiers de Barbarie, ou Opuntia, en
pleine terre jusque dans les régions du Nord ou de Bretagne.
Le plus curieux de cette découverte est qu'elle est
d'origine accidentelle. Au cours d'une randonnée dans les Alpes, un lot de
plantes grasses et cactées fut oublié, au printemps, à très haute altitude.
Trois mois après, lors d'un retour, l'amateur eut la surprise de trouver une bouturation
naturelle. Cette plantation fut surveillée pendant deux ans, et c'est d'elle
que naquirent les boutures acclimatées aux régions de température non chaude.
Alex. ANDRIEU.
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