L'emploi de l'un ou l'autre de ces engins mène au même
résultat : la capture d'animaux de taille variant entre celle de la
belette et celle du chat avec possibilité de relâcher l'animal exempt de toute
blessure, s'il s'agit d'un gibier qui s'y est fait prendre.
Même identité d'emplacement pour ces deux pièges,
c'est-à-dire sur le parcours des sentiers à fauves créés et entretenus dans le
but de collecter et de guider les animaux nuisibles vers ces pièges. Dans ces
conditions, quel est le plus intéressant de ces deux engins ? Tout dépend
du sens donné au mot « intéressant ».
Au point de vue capture, aucune différence, un animal se
prend aussi bien à la boîte tombante qu'à la chatière en bois. Si je précise
chatière en bois, c'est que, personnellement, je les préfère aux chatières
métalliques (tôle ou grillage).
Au point de vue prix, il faut encore distinguer le prix
d'achat de la chatière prête à l'usage, et le prix de revient de la même
chatière faite par le garde. Il y a là évidemment une différence, mais, étant
donné que les boîtes tombantes ne se vendent pas dans le commerce et qu'elles
sont montées par le garde ou par un menuisier local, la comparaison des prix ne
peut se faire qu'entre les deux engins montés par un menuisier ou un garde. Au
prix des matériaux actuels, je ne crois pas qu'il y ait un gros écart entre les
deux engins en position de tendue. En effet, la chatière demande cinq ou six
planches, un grillage, deux axes et deux valets en gros fil de fer et des pointes.
La boîte tombante demande quatre planches, un grillage, une palette, une
gâchette et détente en gros fils de fer et, dans la plupart des terrains, la
confection d'un placeau en briques (16) pour éviter toute évasion possible.
L'écart de prix, s'il y en a un, ne doit guère être sensible.
Quel est alors l'argument plaidant en faveur de l'un ou de
l'autre de ces pièges ? Pour moi, c'est une question de pratique
manipulatoire qui me fait pencher en faveur de la chatière. La chatière est une
boîte très facile à poser : un simple trou médian pour isoler le fond du
sol humide, et la boîte est rapidement posée. Je ne parle pas de la création obligatoire
des goulets avant et arrière indispensables pour les deux modèles. Pour la
boîte tombante, il y a le transport en éléments divers : boîte, gâchette,
détente, palette, piquets de calage, fond de briques. Ce transport est moins
aisé que celui de la chatière d'une seule pièce.
Côté mécanisme, il est aussi simple dans les deux modèles.
Mais cependant la chatière offre l'avantage de présenter un mécanisme
parfaitement abrité des intempéries, ce qui ne saurait échapper à un garde
surveillant parfois de vingt à trente boîtes ou chatières et ayant ainsi moins
de chances de ratés (fermeture à vide par le jeu de la pluie, neige ou non
fermeture par suite du gel). La chatière est, en outre, plus stable, le vent
n'agit pas sur elle.
Enfin, pour la mise à mort des captures, je la considère
beaucoup plus aisée avec la chatière bien connue qu'avec la boîte tombante.
En résumé, je ne peux donc qu'engager les lecteurs
intéressés à l'emploi de chatières de préférence aux boîtes tombantes. Encore
faut-il choisir dans les chatières en bois un modèle pratique et simple
permettant à l'employeur des réparations rapides et sur place de tendue. Le
choix du bois, les précautions prises pour protéger le fond de l'humidité, les
petites réparations faites tout de suite, une révision annuelle de toutes les
boîtes assureront une longue durée d'emploi à vos boîtes. Les points les plus
faibles sont les palettes ou portes qui demandent à être renforcées, car elles
sont les premières à subir la dent des captures, et le fond sur lequel
l'humidité a le plus de prise. Pour un bricoleur, l'emploi de feuilles
d'aluminium protégeant dessus et dessous, et renforçant les bouts des palettes
ou portes, ne sera qu'un jeu n'enlevant rien aux qualités de capture de ces
genres de pièges.
A. CHAIGNEAU.
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