Accueil  > Années 1951  > N°657 Novembre 1951  > Page 659 Tous droits réservés

Le Doberman

Parmi les chiens de défense qui sont habituellement choisis dans les vieilles races bergères et les dogues, il est une variété nouvelle qui ne ressemble à aucune autre race, c'est le « Dobermann », chien créé pour les besoins de l'homme qui l'utilisait et dont a porte le nom.

Cette race est très fixée, sans que nous sachions très exactement comment elle a été sélectionnée ; elle nous montre un chien élégant que les amateurs sportifs recherchent, car il est extrêmement distingué, ce chien svelte à l'allure vive ; il a de très heureuses proportions, une tête fine et intelligente et une robe brillante comme du satin ; de taille moyenne, il est facile à emmener, et sa propreté rigoureuse le fait apprécier des citadins et des automobilistes.

Mais attention ! C'est un chien plein de tempérament, qui a un besoin absolu d'exercice ; de conformation gracieuse, mais solide, c'est un chien sec, musclé, à la détente rapide, à la dent prompte ; il galope avec aisance, couvre beaucoup de terrain, saute avec légèreté. Intrépide et robuste, il est bien protégé par un poil très serré qui se mouille difficilement.

Très attaché, à son maître, il est un excellent défenseur qui ne connaît pas la peur ; il le défend courageusement ; agile, il attaque hardiment ; très intelligent et possédant beaucoup de nez, il fait un remarquable chien de police. En Amérique et en Suisse, il est très employé comme chien de guerre assurant les liaisons ou retrouvant les blessés.

Son pays d'origine est le Sud de l'Allemagne, où il fut sélectionné pendant la deuxième moitié du XIXe siècle par un fonctionnaire d'Apolda qui était chargé dans cette petite ville de multiples besognes ; il pratiquait les saisies épurait la ville, surveillait une espèce de fourrière où étaient hébergés les chiens errants ; il aidait aussi dans  un équarrissage. Ces diverses fonctions n'étaient pas sans risques, et Dobermann se faisait accompagner dans ses tournées par des chiens mordants.

Il eut l'idée de faire de la sélection et il obtint cette race par croisement, on ne sait trop comment. Les éléments, ne lui manquaient pas entre les Pinschers locaux, réputés pour la finesse de leur nez, les terriers « black and tan », très répandus en Allemagne à cette époque, les bergers mal définis de Thuringe, dont l'origine pouvait bien être Beauceronne puisque des soldats de l'Empire laissèrent sur place dans leurs diverses campagnes des chiens de berger français qui les avaient accompagnés ; on lui prêta aussi le Rotweiller, chien de convoi très mordant, et le lévrier. Enfin, cette race a été bel et bien sélectionnée rapidement et se reproduit avec beaucoup d'homogénéité.

Si elle a quelques similitudes avec le Beauceron, surtout dans la couleur de la robe, elle n'a pas les qualités bergères inhérentes à la race, ni les allures.

Dans ses caractéristiques générales, le Dobermann nous apparaît comme un chien de bonne taille moyenne, avec un corps nettement carré, musculeux et élégant. Sa forme est compacte, bien musclée et forte, capable d'une grande résistance et susceptible, grâce à sa construction, d'une grande vitesse. Sa démarche est légère et aisée, son tempérament vif et ardent. Ses yeux traduisent l'intelligence et la fermeté de caractère.

Défauts : structure lourde, massive, ou bien ressemblant à celle des lévriers.

La tête doit être proportionnée au corps. Elle doit être longue et osseuse. Sa forme, vue de haut et de côté, doit rappeler celle d'un coin obtus. Le dessus de la tête doit être le plus plat possible. La ligne du front doit se continuer par un abaissement accusé la fendant avec celle du nez. Les joues doivent être plates, le chanfrein droit ou légèrement convexe. La dentition doit être solide et forte, les lèvres tendues.

Défauts : forte tête, caractérisée par l'os frontal bombé et par un occiput trop visible, stop trop accusé, os nasal relevé, de fortes joues, museau trop court ou trop pointu, et forme de tête ressemblant à celle du lévrier. Le museau ne doit pas être creux sous les yeux.

Les yeux doivent être de forme pleine, moyens, de couleur foncée, avec une expression intelligente et énergique.

Défauts : yeux trop grands, sortant des orbites, ou bien petits et clairs.

Oreilles : bases larges, de longueur moyenne et de coupe aiguë.

Défauts : oreilles trop basses et mal dressées.

Dentition : fortement développée. Les incisives de la mâchoire inférieure doivent toucher la face interne des incisives de la mâchoire supérieure.

Défauts : dents qui dépassent, incisives mal alignées, grignard ou bégu, dentition défectueuse.

Cou : passablement long et sec, proportionné à l'ensemble de la forme du chien et légèrement convexe. La région de la nuque doit être musculeuse.

Défauts : cou court, épais, ou rappelant celui des dogues. Peau de la nuque détachée (fanon).

Corps : dos court et solide, épaules nettement marquées, croupe légèrement arrondie, poitrine pleine, mais pas trop large, thorax bombé et descendant jusqu'au coude, ventre bien relevé, formant avec la poitrine une ligne élégante et élancée. Queue coupée court.

Défauts : dos long, voûté ou ensellé, croupe avalée, poitrine plate ou ronde.

Avant-main : jambes droites jusqu'aux paturons, le bras doit former avec les épaules un angle presque droit. Les épaules doivent être fortes et bien musclées, solidement attachées au corps.

Défauts : épaules raides ou décollées, pieds tournés vers l'intérieur ou l'extérieur, attaches molles.

Arrière-main : cuisses larges et anguleuses, muscles forts et saillants, jarrets formant avec les pieds un angle pas excessivement obtus. Vu de derrière, ayant une position droite, tournée ni vers l'intérieur, ni vers l'extérieur.

Défauts : cuisses étroites et insuffisamment musclées.

Pieds : courts, assez arqués et fermés. Les ergots qui peuvent se présenter sont à couper en même temps que la queue.

Défauts : pieds longs, plats et déviés.

Hauteur au garrot : mâles, 58 à 65 centimètres : femelles, 55 à 60 centimètres,

Défauts : épaules trop longues ou trop courtes, ou trop lourdes et trop massives, ou encore trop fuyantes.

Poil : poil ras, dur et bien collé. On peut admettre du sous-poil gris, mais celui-ci ne doit pas être visible.

Défauts : soyeux et ondulé, frangé.

Robe : noire, brune ou bleue, avec feu foncé, nettement démarqué. Une étoile au poitrail diminue la valeur du chien.

Défauts : feu jaune-paille ou charbonné. Trop de blanc au poitrail. Couleur indécise.

Dans ses caractéristiques morales, le Dobermann se montre d'un caractère agréable, fidèle, sans peur, gardien attentif et sûr. Bon défenseur de son maître, méfiant à l'égard des étrangers et avec une grande faculté de compréhension et de dressage. Par suite de ces qualités et de sa beauté physique, bon chien de maison et fidèle compagnon.

D'après les caractéristiques de race, le Dobermann doit être un chien de bonne taille moyenne et donner l'impression d'un chien élégant en même temps que robuste.

A. PERRON.

Le Chasseur Français N°657 Novembre 1951 Page 659