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Causerie vétérinaire

Le coryza du chien

Le coryza, ou catarrhe nasal, est l'inflammation de la muqueuse pituitaire qui tapisse les fosses nasales. Cette affection peut évoluer sous la forme aiguë ou chronique. Dans la première forme, le coryza est souvent de cause externe et déterminé par le froid et l'humidité, par le passage d'une pièce chaude dans une atmosphère froide. Il peut également résulter de la transition brusque du froid au chaud, et quelquefois d'irritations directes de la muqueuse nasale par un air poussiéreux ou chargé de vapeurs irritantes.

La forme chronique succède à la première non traitée ou est occasionnée par diverses maladies infectieuses, principalement par la maladie du jeune âge, et alors souvent il s'agit d'une inflammation de voisinage, de l'extension, sûr la muqueuse nasale, de la pharyngite le plus souvent. Parfois aussi le coryza est dû à la présence dans les cavités nasales du pentastome, ou linguatule tœnioïde, parasite qui fera l'objet d'une étude complète prochainement.

Le coryza peut encore revêtir le caractère enzootique, surtout dans les meutes, soit parce que les causes irritantes agissent au même moment sur un grand nombre d'animaux, soit par la transmission de parasites divers ; ankylostomes, trichocéphales, etc. On observe enfin, mais rarement, un coryza chronique dû à la présence dans les fosses nasales de tumeurs le plus souvent malignes, parfois d'origine cancéreuse, qui donnent au coryza une extrême gravité.

Le début du coryza aigu se traduit par de fréquents éternuements et par des frottements ou grattages du nez. Bientôt apparaît un écoulement nasal d'abord séreux, puis muqueux, enfin muco-purulent. Lorsqu'il est abondant, la respiration est gênée, difficile, quelquefois bruyante, et, si les cavités nasales sont obstruées, l'air entre et sort par la bouche, soulevant les lèvres à chaque expiration. On ne constate l'existence du jetage sanguinolent et des saignements de nez, ou épistaxis, que dans le cours des maladies infectieuses (maladie du jeune âge) ou parasitaires (linguatules, etc.). En général, au bout de quelques jours, les troubles s'atténuent et la guérison survient.

Dans le coryza chronique, forme rare en dehors de la présence de parasites ou de tumeurs du nez, le jetage muco-purulent persiste, parfois fétide ou strié de sang, et se concrétant souvent à l'entrée des cavités nasales, qu'il obstrue plus ou moins complètement. Les chiens à museau court (King Charles, Pékinois, Carlins) y sont plus spécialement exposés.

Traitement.

— Le coryza aigu simple tend naturellement vers la guérison et disparaît en peu de jours ; cependant, si le malade est négligé, il peut y avoir passage à l'état chronique. Il faut calmer l'inflammation par des fumigations émollientes et antiseptiques aux fleurs de sureau, au crésyl ou à la mauve, et instiller quelques gouttes d'huile goménolée à l'entrée de chaque narine après les fumigations. Pour pratiquer celles-ci, on fait bouillir de l'eau dans laquelle on a placé les fleurs indiquées ci-dessus et, au moment où les vapeurs se dégagent, on coiffe la tête du chien d'une serviette sous laquelle on dirige ces vapeurs.

Il existe de nombreuses formules de fumigations ou inhalations ; voici celles qui sont le plus fréquemment employées :

a.
Teinture de benjoin 10 grammes.
Teinture d'eucalyptus 10
Baume de tolu 05
Alcool à 90 20

Mettre une cuillerée à café du mélange dans un bol d'eau bouillante qu'on surmonte d'un entonnoir fait d'une feuille de carton enroulée, l'extrémité arrivant sous le nez du chien, ou diriger les vapeurs sous la serviette.

b. Si la respiration est gênée par le gonflement de la muqueuse et l'abondance du jetage, ajouter à la vapeur d'eau une cuillerée à soupe du mélange :

Créosote de hêtre 10 grammes.
Teinture de benjoin 15
Essence de térébenthine 50

Dans les cas moins graves, on peut se borner à ajouter aux fumigations simples de sureau, de mauves ou de feuilles d'eucalyptus, quelques gouttes de crésyl ou d'acide phénique.

D'une façon générale, on devra nettoyer plusieurs fois par jour les narines obstruées par le jetage, essuyer l'entrée avec de l'ouate, puis les enduire de l'une des préparations suivantes :

1. Soufre précipité 5 grammes.
Vaseline stérilisée 100
2. Acide borique 1
Glycérine 50

Le coryza chronique simple résiste bien souvent à tous les traitements. On pourra recourir aux pulvérisations intra-nasales avec une solution d'adrénaline à 1 p. 1.000, ou aux instillations de quelques gouttes, de temps à autre, d'huile mentholée à 1 p. 50. L'eau du Mont-Dore, source Madeleine, sera aussi utilement employée. On la donne réchauffée au bain-marie ou dans du lait chaud, à la dose quotidienne d'une cuillerée à dessert à deux verres par jour, selon la taille du malade, pendant quinze à vingt jours.

Le coryza chronique, dû à des polypes ou à des tumeurs des cavités nasales, en exige l'ablation.

MOREL,

Médecin vétérinaire.

Le Chasseur Français N°657 Novembre 1951 Page 660