Dans notre dernière chronique, nous avons examiné les
méfaits du vent et la manière de s'en protéger.
Mais le vent n'est pas le seul ennemi du campeur.
Un autre danger, beaucoup moins fréquent, est la foudre. Il
est d'ailleurs assez difficile de donner une règle pour s'en protéger. Les
maisons, les pylônes, les arbres isolés attirent la foudre. Une tente isolée
dans la plaine peut également l'attirer. Et le campeur courra moins de risques
dans une masse de verdure, au milieu de rochers non métallifères, sans pointes
aiguës.
Mais le risque dû à la foudre est très minime, et ce qui est
encore le plus à craindre, c'est la tornade qui, souvent, accompagne ou précède
l'orage.
Tout campeur sait que le matériel moderne de bonne qualité
est une protection tout à fait efficace contre la pluie. Le double-toit est
alors très confortable, car il n'est plus question de savoir si l'on peut ou ne
peut pas toucher la tente mouillée. Et il est bien agréable d'être, sous une
bonne averse, dans une tente bien sèche, alors que les gouttes tambourinent sur
le double toit.
Faut-il ou ne faut-il pas, en cas de grosse pluie, faire une
tranchée autour de la tente ? C'est une question souvent posée et à
laquelle il est bien difficile de répondre nettement.
Dans le cas d'un sol perméable, la petite rigole est la
plupart du temps inutile. Dans le cas d'un sol en pente, ou d'un sol
imperméable, et par grosse pluie d'orage, la rigole est utile. Mais faut-il
encore que l'on puisse la faire. En montagne, dans des terrains incultes, dans
des landes désertes, il n'y aura, en général, aucun inconvénient. Mais, sur des
camps privés, sur de belles pelouses, dans des champs, la rigole peut présenter
des inconvénients sérieux, car il est bien certain que cela abîme le terrain et
que si tout le monde en faisait autant, ce serait un dégât assez sérieux et
difficile à réparer.
En tout cas, si, pour éviter un déluge sous votre tente, il
vous arrive de faire une rigole, l'élémentaire correction d'un bon campeur est
de la combler au mieux au- départ et d'en laisser le moins de traces possibles.
La pluie est, d'autre part, très ennuyeuse, lorsqu'il s'agit
de monter ou de démonter la tente, si elle tombe sans arrêt.
Le bon système, dans ce cas, est de monter d'abord le double
toit et ensuite la tente, opération facile avec un peu d'habitude.
Naturellement, pour le démontage sous la pluie, on fera l'inverse.
À l'abri du double toit, on démontera la tente et on n'abattra le double toit
qu'en toute dernière minute, lorsque tout sera rangé à l'abri et au sec.
La pluie, fort désagréable, excepté lorsqu'il s'agit d'une
forte pluie d'orage, n'empêche pas la randonnée si le campeur a su s'équiper :
cuissards, pèlerine et suroît constituent la meilleure protection.
La grêle, elle, ne dure pas longtemps, mais elle peut
détériorer le matériel. En cas d'averse de grêle, penser à détendre un peu les
tendeurs.
La neige est moins dangereuse pour les toiles de
tente, à condition, évidemment, de ne pas la laisser s'accumuler et de secouer fréquemment
le toit à cet effet.
Les tentes ordinaires forment une protection suffisante
contre une chute de neige accidentelle. Dans le cas où l'on voudrait faire du
camping prolongé sur neige — camp d'altitude en haute montagne, — il y aurait lieu
de prévoir les tentes spéciales avec tapis de sol en cuvette. S'il y a lieu de
se protéger en plus du froid de la haute montagne, la tente isothermique, mise
au point grâce aux diverses expéditions au Caucase, au mont Blanc et à
l'Himalaya, devient le matériel à choisir.
Le brouillard est une intempérie bien désagréable. Il
mouille les tentes autant que la pluie. Il pénètre partout, tout est moite et
humide, même sous la tente, s'il se prolonge. En cas de brouillard, mettre un
pull-over bien chaud est très recommandable.
Restent enfin les grands froids et les grandes
chaleurs. Certaines précautions sont à prendre dans l'un et l'autre cas.
Au-dessous de 0°, certains phénomènes se produisent même
sous la tente. C'est ainsi qu'une toile de tente humide le soir peut, le
lendemain matin, être toute cartonnée. Surtout, dans ce cas, ne pas la plier
gelée, car vous pourriez la déchirer comme du carton.
Si le froid est très vif, l'eau, le vin, le vinaigre et, à
plus forte raison, l'huile gèlent dans les bidons. S'ils sont remplis jusqu'au
bord, attention aux accidents.
Le cuir des chaussures durcit, et il peut être bon de les
envelopper soigneusement avant de s'endormir.
Enfin, si l'on a une tente en tissu imperméable ou imperméabilisé,
il y a lieu de redouter la condensation qui se dépose sur la paroi intérieure de
la tente et, ce qui est plus grave, sur votre sac de couchage.
Dans ce cas, il faut prévoir une ventilation et, au besoin
un couvre-couchage.
Les tentes en tissu hydrophile ne présentent pas cet
inconvénient, mais il n'y en a pour ainsi dire plus.
Par grand froid, et avec les précautions requises, allumez,
avant de vous coucher, le réchaud sous la tente. Il y fera bientôt une chaleur
très sympathique. Vous pourrez faire de même au réveil et vous verrez que le
camping hivernal est au moins, sinon plus agréable que le camping d'été.
La très grosse chaleur peut aussi être une source
d'inconvénients pour le campeur.
Les tentes ordinaires n'en souffrent pas ; par contre,
des précautions sont à prendre avec les tentes pneumatiques. Par gros soleil,
il est nécessaire de diminuer la pression dans les boudins.
Toutes les tentes, d'autre part, ont besoin d'être aérées
par grosses chaleurs.
Dépiquetez alors le tapis de sol, relevez les murs, et la
brise passera sous la tente et le double toit, y rendant le séjour possible.
Mais j'ai un tapis de sol cousu, me direz-vous.
Alors, rien à faire, qu'à fuir la tente pour un ombrage
voisin, s'il en existe. C'est l'un des inconvénients majeurs du tapis cousu ...
Et ceux que la question intéresse pourront se reporter au n° 642 du Chasseur
Français d'août 1950, dans lequel j'ai traité cette question en détail.
Jacques-J. BOUSQUET,
Président du Camping-Club de France.
|