Un grand nombre de personnes et, parmi elles, beaucoup de jardiniers
de profession se figurent qu'une même plante ne doit pas revenir,
successivement, à la même place plusieurs fois. Or un tel raisonnement est par
trop exclusif, Certes, le tableau d'assolement classique est chose parfaite,
mais il ne faut pas oublier qu'il est parfois impossible de s'y conformer
strictement ; il n'est véritablement applicable que dans les jardins
d'assez vaste étendue et lorsque le terrain est de même nature.
C'est pourquoi, pendant de nombreuses années, nous nous
sommes livrés à toute une série d'expériences susceptibles de nous fournir des
indications sur les exigences des principaux légumes au point de vue de
l'assolement.
De là, nous pouvons tirer les conclusions suivantes :
Les différentes liliacées (ail, oignon, échalote,
poireau) ne doivent revenir en aucun cas, et quelles que soient leurs variétés,
deux fois de suite sur le même terrain. Autant que possible, ils doivent faire
suite à une culture de carotte, de navet, de pois, etc. ; en outre, ces
légumes réclament une terre saine et redoutent les fumures organiques récentes.
Le poireau fait toutefois exception en ce qui concerne les fumures directes.
Les carottes, les navets, le salsifis
peuvent être cultivés deux fois de suite sur le même emplacement sans aucun
inconvénient.
Les choux de pomme, les choux-fleurs, les choux
de Bruxelles peuvent occuper le même emplacement deux années de suite sans
qu'il y ait diminution appréciable dans leur production.
Les rutabagas et les choux-navets se
comportent moins bien en la circonstance que les précédents. S'il est possible
de les faire revenir sur eux-mêmes, il est néanmoins préférable d'en alterner
la culture avec celle d'autres légumes (carotte, pomme de terre, etc.).
Les haricots peuvent être cultivés deux fois de suite
sur le même terrain sans que leur végétation ait à en souffrir. Par contre, le
pois exige un minimum de trois ans entre deux cultures pour produire de bons
résultats sur le même emplacement.
La pomme de terre peut, à la rigueur, revenir deux
fois de suite sur le même terrain sans baisse sensible du rendement.
Les tomates, les aubergines doivent occuper un
nouvel emplacement tous les ans ; il en est de même pour les épinards,
les céleris, le persil et même le cerfeuil. À répéter leur
culture trop fréquemment au même endroit, on enregistre une baisse très
accentuée de la production.
Les laitues et les chicorées peuvent faire
l'objet de deux et même de trois cultures successives sur le même emplacement
dans le cours de la même année, mais doivent occuper un sol nouveau tous les
ans.
Les melons, potirons, concombres, sauf
s'ils sont cultivés sur couche, gagnent à ne revenir que tous les trois ou
quatre ans à la même place.
Les mâches se développent normalement sans tenir
compte d'un assolement quelconque.
Quant aux légumes vivaces : artichauts, asperges,
fraisiers, oseille, nous n'en dirons rien puisqu'ils passent
plusieurs années sur le même terrain.
Notons cependant qu’il n'y a pas intérêt à conserver plus de
trois ans une culture d'artichaut ou de fraisier sur le même emplacement. Plus
âgées, les plantes ont une production moindre tant en qualité qu'en beauté.
A. GOUMY,
Ingénieur horticole.
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