Accueil  > Années 1951  > N°658 Décembre 1951  > Page 732 Tous droits réservés

Camping

Les camps organisés

Le temps déplorable de juillet et août n'a pas empêché les campeurs de pratiquer leur passe-temps favori.

D'autre part, les difficultés de la vie présente ont amené un nouvel afflux de néophytes vers le camping.

Pour les campeurs randonneurs, peu de difficultés supplémentaires par rapport à l'an passé. Il reste toujours facile, avec un peu d'habitude et de correction élémentaire, de trouver le terrain nécessaire pour passer une ou deux nuits — et cela d'autant plus facilement que le randonneur est en général sauvage et qu'il recherche les endroits peu fréquentés.

Pour les campeurs familiaux, et pour toute la masse des campeurs « de vacances », le problème des terrains de camping s'est posé, durant les dernières vacances, avec plus d'acuité que jamais.

De tous côtés, à la rentrée, j'ai reçu des lettres me signalant la difficulté de trouver le camp fixe organisé, et; malheureusement aussi, l'incompréhension totale de certaines municipalités à l'égard de ce problème d'importance vitale.

Car nous ne saurions trop répéter que ce mouvement vers la vie au grand air a dépassé le stade sportif et idéaliste des premiers campeurs, et qu'il est devenu un fait social dont personne n'a le droit de se désintéresser.

Le camping est entré dans les mœurs, il ne peut plus être considéré comme un engouement passager. Il faut compter avec lui et permettre à cette nouvelle catégorie d'estivants de passer des vacances dans les meilleures conditions d'hygiène, de tranquillité et de repos.

Or, à l'heure actuelle, trop de municipalités, trop de Syndicats d'initiatives considèrent encore le campeur comme un être à part, dont la présence est indésirable et qu'il faut reléguer dans des parcs — genre camps de concentration — afin qu'il soit le plus loin possible de l'estivant classique habitant l'hôtel et fréquentant le casino (1).

Partout, cependant, une catégorie de personnes a bien compris son intérêt : ce sont les commerçants. Et l'on m'a signalé dans les gorges du Tarn un petit camp délicieux, aménagé simplement, mais correctement, et dont l’installation avait été supportée, outre une subvention municipale, par le Syndicat des commerçants de la localité. Personne n'eut à se plaindre de cette initiative, ni naturellement les commerçants, qui trouvèrent de nouveaux clients, ni même les hôteliers de l'endroit, car leurs hôtels étaient pleins...

On m'a signalé d'ailleurs, dans la même région, des hôteliers à la page qui avalent eux-mêmes ouvert à proximité de leur hôtel des parcs de camping et qui avaient fait une pension pour les repas...

Malheureusement il n'en est pas de même partout, et les lettres me signalant des abus sont, hélas ! beaucoup plus nombreuses que les précédentes.

C'est ainsi que dans le Puy-de-Dôme, dans une station climatique bien connue, les campeurs furent entassés sur un terrain indigne de cette riche municipalité.

Prairie non fauchée, deux w.-c. le plus souvent hors d'usage, une fosse à ordures toujours pleine, un seul robinet d'eau pour tout le camp.

Aucune clôture ne séparait le camp de la route nationale, et le camp était occupé, lorsque mon correspondant y arriva, par une série de roulottes de romanichels qui avaient été aimablement parquées avec les campeurs, ce qui dénote bien l'état d'esprit de cette commune.

Mais, par contre, la taxe perçue dépassait de beaucoup les prix habituellement pratiqués.

Un autre campeur me signale des camps sur la côte Atlantique. Le premier à 1 kilomètres de la mer, le long du chemin de fer, dans une cuvette sablonneuse presque inaccessible aux voitures, mais dont le principal avantage est de cacher les campeurs aux yeux de la clientèle habituelle. Le second a été vite trouvé. C'est le champ de foire avec la proximité de romanis.

Le troisième a l'avantage d'être gratuit, mais aucune installation sanitaire n'y est prévue. On voit ce que cela peut donner.

Enfin, j'ai reçu un long rapport sur un camp organisé depuis quelques années par un particulier sur la côte d'Azur et où ont campé cet été, en même temps, jusqu'à plus de 3.000 campeurs (la valeur d'une sous-préfecture) !

Installations hygiéniques totalement déficientes, service de nettoiement non organisé, surveillance inexistante, service de courrier déplorable (lettres, télégrammes ou autres objets postaux déposés en vrac par le facteur dans une caisse où chacun cherche son bien).

Or ce camp est ce que j'appelle un camp commercial ! Le séjour y est payant et l'on voit ce que peut représenter la somme donnée par 3.000 campeurs chaque jour !

Ces scandales doivent cesser !

II est un fait que, beaucoup plus que par le passé, les campeurs familiaux ou « de vacances » recherchent un endroit tranquille, aménagé, propre et agréable. Ces campeurs veulent bien acquitter une taxe honnête, mais ils ne veulent pas être considérés comme des romanichels, ni être exploités sans vergogne.

Dans la circulaire provisoire 1950, éditée par la direction générale de la Jeunesse et des Sports, j'ai relevé avec plaisir, dans le titre premier : Généralités, page 5, cette phrase : La pratique du camping doit être considérée comme étant d'intérêt public.

L'arrêté du 20 juin 1960 à créé d'autre part des commissions départementales de camping sous la présidence de MM. les Préfets.

La plupart des départements ont suivi les termes de l'arrêté en question et les commissions sont créées. Leur composition est souvent assez curieuse. Mais ceci est une autre histoire !

Qu 'attendent-elles pour examiner les conditions d'ouverture et de fonctionnement des camps de leur département ? Voilà du travail pour elles pour cet hiver ! La saison 1952 débutera dans quatre mois. Il n'y a pas un instant à perdre.

Jacques-J. BOUSQUET,

Président du Camping-Club de France.

(1) Il est Juste de reconnaître que j'ai reçu également des rapports me signalant d'excellentes organisations communales ou privées. Puissent-elles servir d'exemple pour 1952.

Le Chasseur Français N°658 Décembre 1951 Page 732