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Le canoë

Manœuvre de la pagaie

Les temps sont révolus où la majorité des canoës étaient conduits à la pagaie double, la pagaie simple n'étant utilisée que par de rares descendeurs de rivières qui, progressivement, en diffusèrent l'emploi en améliorant le style. De nombreuses années ont été nécessaires pour assimiler les éléments de la technique indienne, puis l'adapter à notre matériel et à l'usage que nous faisons du canoë en rivières torrentueuses.

Cette longue expérience trouve son aboutissement dans la « Technique française de la pagaie », rédigée par l'un de nos plus réputés canoéistes et propagée par le Canoë Club de France. C'est de cet enseignement que nous allons extraire les principes généraux de la manœuvre d'un canoë.

Position des équipiers.

— Dans l'axe du bateau ; le buste vertical appuyé sur le barrot, les genoux écartés et bien calés de chaque bord dans le creux du canoë. Ainsi le pagayeur a le maximum d'aisance pour pivoter sur les hanches, incliner ou redresser le buste suivant les nécessités de la manœuvre ; ses genoux contrôlent étroitement l'assiette du bateau, qu'ils maintiennent d'une pression sur un bord ou l'autre.

Les équipiers pagaient chacun d'un bord et, pour faciliter notre exposé, nous y placerons l'équipier avant bordé à droite et l'arrière à gauche.

Tenue de la pagaie.

— L'équipier avant va donc tenir l'olive de sa pagaie dans la main gauche (main haute), la main droite (main basse) serrant le manche de façon à passer juste au-dessus du plat-bord, sans que la main haute dépasse jamais en hauteur la ligne des yeux.

Manœuvres.

— Nous distinguerons l'appel et l'écart, qui influent sur la direction, et la propulsion, qui imprime la vitesse au canoë.

Propulsion.

 — Au moment de l'immersion de la pale, en avant du pagayeur, le corps est légèrement incliné vers l'arrière, le bras supérieur ployé et l'olive à hauteur de la clavicule ; le bras inférieur est tendu. Pendant la passée dans l'eau (d'avant en arrière, parallèlement à l'axe du bateau), le bras supérieur est tendu en avant ; le bras inférieur tiré vers l'arrière, légèrement ployé. Simultanément, le buste se redresse, puis s'incline vers l'avant en effectuant une légère rotation vers la pagaie. Ainsi, au moment du dégagé, le buste est légèrement incliné sur l'avant et tourné vers la pagaie, le bras supérieur tendu et la main olive à l'aplomb du plat-bord ; le bras inférieur est ployé, la main juste au-dessus du plat-bord, au niveau du barrot.

Pour le retour à la position d'attaque, les bras sont tendus, le buste se redresse en décrivant une rotation inverse à celle effectuée pendant le coup de pagaie ; ainsi la pale, qui est sortie de l'eau par la tranche extérieure, revient en position d'attaque par un mouvement horizontal au-dessus de l'eau. Quelle que soit la force des équipiers, le coup de pagaie de l'arrière agit avec plus de puissance que celui de l'avant, et pour que le canoë avance en ligne droite, cet excès de puissance à l'arrière doit être modéré par un mouvement particulier. Dans la deuxième partie de la passée dans l'eau, l'équipier arrière tourne la pale de sa pagaie parallèle au bateau, la face arrière vers l'extérieur, par une rotation du poignet olive vers l'extérieur (de droite à gauche dans le cas de l'équipier bordé à gauche) ; la pagaie prenant appui sur le plat-bord à la hauteur du barrot, la main olive rentre légèrement vers l'intérieur du bateau de façon que la pale effectue une poussée vers l'extérieur.

Remarque importante, aucun temps d'arrêt ne doit exister entre la passée dans l'eau et le redressement, qui doit conserver une action propulsive. Pour un débutant, ce mouvement est difficile à effectuer, principalement la rotation du poignet et l'enchaînement des différentes phases. Il est préférable de bien apprendre le mouvement de propulsion à l'avant et ensuite de s'entraîner à l'arrière.

Afin de ne pas alourdir un sujet dont la lecture peut paraître aride, même à des initiés, nous bornerons aujourd'hui notre exposé à la propulsion. Le mois prochain, nous analyserons en détail les manœuvres d'appel et d'écart dont la bonne exécution fait du canoë la plus maniable des embarcations.

Que ceux qui ambitionnent d'approcher la perfection dans la conduite de leur canoë veuillent bien se donner la peine de reprendre cet exposé, pagaie en mains, et, avec un peu de persévérance, ils obtiendront certainement des résultats bien supérieurs à leurs performances actuelles.

G. Noël.

Le Chasseur Français N°658 Décembre 1951 Page 733