Les locations de jardins ouvriers et familiaux non attenants
aux maisons d'habitation et non loués avec elles sont régies, on le sait, par
la loi du 7 mai 1946.
Dans son article 10, cette loi précisait que les locataires
ou exploitants, ainsi que les associations ou sociétés de jardins ouvriers
seraient, à titre exceptionnel, maintenus en jouissance jusqu'au 1er
novembre de la seconde année suivant celle du décret fixant la cessation des
hostilités.
Ce décret est intervenu depuis longtemps, et déjà les lois
du 21 mars 1948, 6 août 1949, 19 août 1950 ont successivement reporté d'une
année à l'autre le terme ainsi fixé.
Certes, ce système des prorogations, non plus qu'en matière de
loyer d'immeuble à usage d'habitation ou à usage commercial, n'est souhaitable.
Dans le fait, le législateur s'est penché à de nombreuses
reprises sur différents textes portant modification et codification de la
législation sur les jardins ouvriers.
Ce texte de refonte constituera une véritable synthèse des
différents points de vue exposés non seulement par les commissions de
l'Assemblée nationale qui ont donné leur avis, mais également par les
départements ministériels qui, après avoir fait
opposition au vote de la loi, ont fait connaître leurs suggestions.
Cette confrontation des points de vue, la recherche des
formules de compromis, les examens et avis à obtenir risquent de faire traîner
le vote du texte codifié de longs mois encore, et c'est pourquoi il a fallu
songer à mettre à l'abri l'ensemble des locataires ou occupants de bonne foi
dont les droits sur les jardins exploités allaient expirer au mois de novembre
prochain.
C'est ce qui explique qu'une nouvelle loi de prorogation
soit apparue nécessaire. Elle a été votée sans débat par l'Assemblée nationale
ainsi que par le Conseil de la République. Elle porte la date du 14 septembre
et a été publiée au Journal Officiel du 18 septembre 1951.
Elle ne comporte qu'un article, disposant que, dans la loi
du 19 août 1950 prorogeant certaines dispositions relatives aux jardins
ouvriers, les mots « 1er novembre 1951 » sont remplacés par « 1er
novembre 1952 ».
Actuellement donc, quels que soient les congés qui ont été
donnés, tous les locataires et occupants de bonne foi de jardins ouvriers et
familiaux sont assurés de pouvoir continuer d'exploiter leurs lopins de terre
jusqu'en novembre 1952.
Il est certain qu'avant cette date la réforme de la
législation des jardins aura été votée et que de nouvelles dispositions seront
prises, mais elles ne sauraient évidemment retirer aux exploitants de jardins
le bénéfice des délais que le législateur vient de leur accorder.
A. Dupont,
Docteur en droit.
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