Dans nos pays du Centre et même dans la plus grande partie
de la France, c'est en janvier que l'hiver est presque toujours le plus
rigoureux. On pêche peu en ce mois, à part certains intrépides qui recherchent
le brochet ou le saumon dès l'ouverture légale de sa pêche.
Mais le pêcheur vraiment épris de son art y pense toujours
et profite de son repos forcé pour revoir tout son matériel. Certains
l'oublient. Ils disent : « L'ouverture est loin, nous avons bien le
temps d'y penser. » Erreur manifeste et regrettable. Quand l'ouverture
s'approchera, les grandes firmes d'articles de pêche seront surchargées. Si
elles acceptent vos commandes ou réparations, celles-ci devront subir un retard
considérable et, parfois, ne pourront être prêtes à temps.
Le pêcheur prévoyant doit donc examiner son matériel, voir
ce qui lui manque et le commander au plus tôt, tout en exécutant tout ce que sa
compétence lui permet de faire par ses propres moyens.
Cannes.
— Sont à vérifier toutes celles qui donnent des signes
de fatigue. Les viroles sont toujours des points faibles ; beaucoup seront
à recoller et à consolider à la base par des tours de fil poissé recouverts de
vernis copal ou de ripolin. Il en sera de même de toute fente constatée, en
serrant énergiquement le fil.
Les anneaux seront à traiter de la même manière et tous ceux
affaiblis par le frottement à changer. Le porte-moulinet peut avoir pris du jeu ;
il faut le revisser et l'assujettir avec soin. Le talon de la canne gagne à
être muni d'une petite sphère de caoutchouc ou de bois dur, vissée solidement ;
l'équilibre de l'engin s'en ressentira. Les cannes à mouches, en bambou
refendu, seront soigneusement revernies au ripolin vert. Les anneaux d'agate ou
de porcelaine des cannes à lancer seront examinés, consolidés et changés s'il y
a lieu.
Moulinets.
— Tous sont à voir avec le plus grand soin. Les
démonter et les nettoyer à l'essence, les sécher et graisser à l'huile
d'horlogerie, avant de les remonter avec soin ; leur fonctionnement doit
être parfait, surtout quand ils sont destinés à la pêche au lancer, sinon gare
aux « perruques ». Si l'on ne sent pas assez expert pour exécuter ce
minutieux travail, les envoyer en fabrique et en même temps commander les
autres modèles dont on peut avoir besoin.
Soies.
— Vérifier les soies qui garnissent les moulinets ;
supprimer toute partie faible ou éraillée et veiller à leur siccité ; si
elles paraissent de longueur insuffisante, s'en procurer d'autres, commander en
fabrique tous les rouleaux de soie au cordonnet, dont on croira avoir besoin
pour la saison prochaine ; ainsi on sera paré.
Lignes.
— Selon les genres de pêche auxquels il se livre,
l'amateur se procurera des rouleaux de « nylon », de « catgut »
de forces différentes ; il lui faudra aussi des crins japonais, des
florences, des racines anglaises, des bas de ligne tout faits.
S'il ne se sent pas capable de monter ses lignes lui-même,
l'examen attentif d'un catalogue illustré lui montrera ce qu'il doit acheter.
Hameçons.
— Il en est de même pour les hameçons qu'il ne peut
songer à fabriquer.
Si l'on pratique la grosse pêche de fond, il faut des haims
forgés, bronzés et renforcés. La pêche aux fruits s'accommode de ceux du genre
dit « de Pau ». La pêche à la volante demande des « crystal »
de diverses tailles. La pêche à rôder, à mi-hauteur de l'eau, peut se contenter
d'irlandais ordinaires ; les hameçons pour ablettes seront toujours très
petits (nos 16 à 18). Pour pêcher la truite au ver, il faut des
hameçons montés « à l'anglaise », sans palette.
La pêche au vif se fait avec des bricoles ou des grappins,
en général de petite taille (9 à 7), sauf pour les gros brochets.
Il faudra également des grappins pour la pêche à la pâte
ferme des gros poissons de fond.
Des montures sont parfois nécessaires ; une
demi-douzaine du genre choisi n'est pas de trop pour toute la saison.
Il vous faudra encore des émerillons, des plombs de divers
genres et tailles, une sonde, un anneau à décrocher.
Leurres.
— Chaque pêcheur a ses leurres de prédilection. Les uns
emploient les devons, d'autres les cuillères, d'autres encore ces nouveaux
modèles ondoyants ou à marche irrégulière ; consulter les catalogues.
Mouches artificielles.
— Certains les fabriquent eux-mêmes ; c'est un
travail passionnant mais minutieux et difficile ; et puis il faut des
soies, des plumes, du clinquant, du vernis, du fil poissé, etc. Si vous ne vous
sentez pas l'habileté requise — cas le plus habituel, — consultez les
catalogues et achetez-les.
Les mouches à saumons diffèrent des mouches à truites par
leur taille et leur forme ; de même, les modèles de mouches sèches ou
flottantes, de ceux des mouches noyées. Les premiers sont ordinairement à
quatre ailes (collection Halford) ou tout au moins très fournies en poils ;
il faut qu'elles surnagent.
Les mouches dites « araignées », très peu fournies
en hackle, sont destinées à s'enfoncer rapidement et à pêcher entre deux eaux ;
les catalogues vous renseigneront à cet égard.
Tous ces points divers, que nous venons seulement
d'esquisser, sont à examiner par le pêcheur avec un soin scrupuleux, car les
succès futurs en dépendront dans la plus large mesure ; répétons-le :
nulle autre époque que janvier ne convient mieux pour le faire.
R. PORTIER.
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