L'année 1951 aura vu le camping progresser sans cesse ...
Le nombre de ses adeptes a continué, en effet, à s'accroître
d'une façon régulière. Est-ce à dire que le nombre des campeurs se soit
augmenté d'une façon sensible ? Pas tout à fait ... Beaucoup de personnes
ont, en 1951, décidé de faire du camping principalement pour des raisons
d'économie domestique. D'autres, assez nombreuses, pour suivre une pratique à
la mode. Beaucoup plus rares sont ceux qui se sont sentis attirés par la vie au
grand air, pour goûter la joie de la vie simple un peu rude, pour rechercher
l'isolement et fuir le bruit, les tracas et les soucis de la ville ...
Mais faut-il regretter perpétuellement ce changement de la
mentalité des campeurs ? Je ne le crois pas ...
Il est un fait absolu que si, il y a quelque vingt ans, les
campeurs ne recherchaient dans le camping qu'un besoin d'évasion vers de larges
horizons, il n'en est plus de même aujourd'hui.
Le nombre des campeurs saisonniers s'est accru en 1951 d'une
façon inouïe, et je suis persuadé que tout le problème du camping doit être « repensé »
en conséquence.
Alors qu'avant guerre le campeur itinérant et sportif était
le plus répandu, les campeurs familiaux, amateurs de camp fixe, sont maintenant
les plus nombreux.
Alors qu'entre 1918 et 1939 les campeurs recherchaient le
petit coin perdu, depuis deux ou trois ans les nouveaux campeurs recherchent la
station touristique en vogue, désireux qu'ils sont à continuer à pratiquer la
vie mondaine des plages et des villes d'eaux.
Ce nouvel esprit a posé de nouveaux problèmes, dont nous
avons déjà entretenu nos lecteurs à plusieurs reprises.
Dans notre chronique de décembre, nous avons parlé des camps
organisés.
Cela a été le gros problème de 1951, et cela sera le gros
problème de 1952.
Il faut que les municipalités et les syndicats d'initiatives
s'en rendent bien compte. Il faut satisfaire une nouvelle catégorie de
touristes, qui ont droit à autant d'égards que les autres.
Les renseignements qui nous sont parvenus en fin d'année ne
nous ont pas apporté que des plaintes. Certaines initiatives très intéressantes
nous ont été communiquées. Il est à souhaiter qu'elles se multiplient au cours
de 1952.
Au point de vue administratif, il est à regretter que 1951
n'ait pas vu la sortie de la loi sur le camping que tout le monde attend, avec
des sentiments très divers, il faut bien le dire ...
En ce qui nous concerne, nous regrettons cette absence de
réglementation nationale, seule capable de sortir le monde du camping de la
confusion actuelle.
Car 1951 a vu fleurir une multitude d'arrêtés préfectoraux
(près de 70), qui, s'ils s'inspirent en général de l'arrêté-type diffusé par la
Direction générale des sports et activités de plein air, sont naturellement
tous dissemblables.
Cette diversité de réglementation départementale ne peut
qu'amener des ennuis aux campeurs, même de bonne foi.
Les commissions départementales de camping ont, d'autre
part, été constituées dans presque tous les départements. Malheureusement leur
composition ne donne pas satisfaction aux campeurs. La place de ces derniers
est réduite à la portion congrue, les commissions comptant, en effet, trois
commissaires campeurs contre douze commissaires non campeurs, et encore la
désignation de ces commissaires campeurs a été souvent fort mal faite,
certaines personnes ayant été désignées non pas par les associations ou clubs
de camping, mais choisies par l'administration, sans consultation des
associations. Ce qui fait qu'à l'aveu même de certaines clubs — et non des
moindres — certains soi-disant représentants des campeurs n'ont jamais, de
leur vie, pratiqué le camping ! ...
La Commission nationale de camping n'a pas vu le jour ...
Elle serait cependant nécessaire pour coordonner l'oeuvre légèrement décousue — quoique
de bonne volonté — des commissions départementales.
Au point de vue international, 1951 aura vu se raffermir
l'oeuvre de la Fédération internationale de camping et de caravaning. Le rallye
annuel a eu lieu à Florence, avec un grand succès. Il groupa plus de 3.000
campeurs appartenant à quinze nations.
En outre, l'A. I. T. organisa à Interlaken un
rallye touristique, auquel environ 1.200 campeurs furent présents. Ces deux
organisations ont créé une commission de liaison afin de coordonner leurs
efforts.
Enfin, au point de vue technique, rien de bien nouveau n'est
à signaler pour 1951.
Notons, cependant, un gros effort des fabricants italiens,
qui ont, à mon sens, fait d'énormes progrès dans la fabrication des tentes.
En France, le matériel, tout en restant un des meilleurs,
sinon le meilleur, n'a pas encore rattrapé la qualité de 1939. Par suite de la
nouvelle orientation du camping, il a tendance à s'alourdir, ce qui est loin
d'être une qualité, même pour les équipements de camp fixe ...
Signalons la nette progression pour ce genre de camp de la
tente pneumatique d'origine anglaise, mais fabriquée maintenant en France.
Dans le petit matériel, 1951 aura vu la multiplication des
réchauds à butane. L'apparition de ces réchauds, avec postes d'échange
standard, aura été la grande nouveauté de ces dernières années.
En résumé, 1951 aura été pour le camping une année d'attente
qui a, néanmoins, affirmé une fois encore l'extrême vitalité de cette vie au
grand air, passée maintenant dans les mœurs et devenue un fait social avec
lequel il faut compter.
Jacques-J. BOUSQUET,
Président du Camping-Club de France.
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