Le séjour prolongé en appartement n'est pas favorable, tant
s'en faut, à la plupart des plantes ornementales. Les causes d'affaiblissement
y sont, en effet, multiples, et, sans quelques soins donnés en connaissance de
cause, aucun résultat durable n'est possible.
Les causes les plus ordinaires de dépérissement des plantes
cultivées en appartement sont les suivantes :
1° Éclairage insuffisant, qui détermine une diminution
d'activité des fonctions de nutrition de la plante. On sait, en effet, que la
lumière est nécessaire à la formation de la chlorophylle, dont le rôle
est de fixer certains éléments utiles au végétal et, notamment, le carbone
indispensable à la formation de ses tissus.
2° Température très variable, parfois très chaude et trop
sèche lorsque, les fenêtres étant fermées, les appareils de chauffage
fonctionnent à plein rendement, et s'abaissant brusquement lorsqu'on aère
l'appartement par temps froid.
3° Poussières sur les organes verts, qui entravent la
fonction de respiration en bouchant les stomates, ouvertures par lesquelles la
feuille respire.
4° Arrosages non proportionnés aux besoins de la plante,
insuffisants à certains moments, trop fréquents à d'autres.
5° Sol devenu, pour des causes diverses, soit acide, soit à
peu près impropre à la végétation.
6° Vases non en rapport avec les plantes, trop grands ou
trop petits.
Sans vouloir prétendre donner à nos lecteurs les moyens de
conserver en parfaite santé, en appartement, n'importe quelle plante, nous
voulons ici essayer de les conseiller utilement, pour leur permettre de
diminuer, dans une certaine mesure, les effets néfastes de ces diverses causes
de dépérissement.
1° Éclairage.
— Les pousses de la plante placée dans un endroit
obscur ou insuffisamment éclairé s'allongent beaucoup trop et prennent une
teinte vert pâle, presque blanche. On dit qu'elles s'étiolent. Le végétal
étiolé perd beaucoup de sa résistance. Il est donc voué à la mort dans un très
bref délai.
Aussi importe-t-il, en premier lieu, de prévenir
l'étiolement et, pour cela, d'avoir soin de placer la plante dans l'endroit de
l'appartement où pourra être obtenu le maximum d'éclairage naturel. De temps à
autre, elle sera tournée, de manière à présenter alternativement l'une et
l'autre de ses faces à la plus vive lumière.
2° Température.
— Les appartements qui conviennent le mieux aux plantes
sont ceux où la température se maintient au-dessus de 10° et ne dépasse pas
15°. On évitera, en tout cas, de placer la plante à proximité d'un appareil de
chauffage. On évitera, avec non moins de soin, de la placer dans un courant
d'air froid, surtout si elle n'est pas, par avance, habituée à l'air.
3° Poussières.
— Pour les plantes d'appartement à feuilles épaisses et
assez coriaces, comme l’aspidistra, le caoutchouc et les palmiers,
il est bon de laver les feuilles, aussi souvent qu'il est nécessaire, avec une
éponge imbibée d'eau de pluie, en évitant soigneusement de les déchirer. Pour
les autres plantes, des bassinages effectués à l'aide d'un vaporisateur ou d'un
petit pulvérisateur à main sont susceptibles de donner de bons résultats.
Lorsque les feuilles porteront quelques insectes parasites : cochenilles,
pucerons ou autres, l'eau des lavages ou des bassinages pourra être
additionnée d'une légère dose d'insecticide : nicotine à la dose de 1 gramme
par litre d'eau, insecticides du commerce dont les formules sont spécialement
étudiées pour les rendre d'un maniement plus commode et sans danger, savon
pyrèthre ou même simplement savon blanc, en solution dans l'eau à raison de 10
grammes par litre d'eau.
Lorsqu'un traitement à l'aide d'une solution insecticide
aura pu être appliqué, le soir de préférence, on aura soin, dès le lendemain,
de faire un nouveau lavage ou une pulvérisation abondante avec de l'eau claire
pour enlever l'insecticide déposé sur les feuilles, qui pourrait nuire aux
plantes.
4° Arrosage.
— C'est le point le plus délicat à régler de façon
convenable. On ne peut, en effet, fixer de règles immuables pour l'arrosage des
plantes d'appartement, quant à la fréquence de cette opération et à la quantité
d'eau à fournir.
Mais on peut cependant dire que les arrosages seront
d'autant plus fréquents et abondants que la saison sera sèche et chaude, la
lumière plus vive et la végétation de la plante plus active. Ils seront donc beaucoup
plus nécessaires en été qu'en hiver et pourront être, en cette dernière saison,
d'autant plus réduits que la plante ne poussera plus.
On reconnaît, à première vue, qu'une plante a besoin d'eau
lorsque, la surface de la terre paraissant sèche, la paroi externe du pot l'est
également et que celui-ci rend un son clair lorsqu'on le frappe d'une
chiquenaude. Lors de chacun des arrosages, on remplira complètement d'eau la
cuvette de 1 centimètre à 1cm,5 laissée vide entre la surface
de la terre et la partie supérieure du pot.
Si l'eau ne pénètre pas ou passe très rapidement, pour
s'écouler en totalité par l'orifice ménagé à la partie inférieure du pot, on
peut en conclure que la motte de terre est tout à fait sèche. Il faut alors
tremper le pot, pendant quelques instants, dans un bassin contenant de l'eau,
en l'immergeant complètement.
5° Mauvais état du sol.
— Il arrive fréquemment que des plantes d'appartement
ayant séjourné assez longtemps dans le même pot cessent de pousser et
jaunissent alors que l'humidité ne paraît cependant pas excessive. C'est
souvent l'indice que le sol est épuisé ou devenu acide, et il faut procéder au
rempotage des plantes dans une nouvelle terre appropriée à leurs exigences :
terre de bruyère, terreau de feuilles, terre franche plus ou moins enrichie de
terreau ou compost comportant en mélange, dans des proportions variables, ces
diverses sortes de terre.
Il faut, en tout cas, éviter d'opérer le rempotage au cours
de la mauvaise saison, mais faire celui-ci soit à la fin de l'hiver, soit au
début de l'automne. S'il est possible, après ce rempotage, de faire passer la
plante par la serre ou d'enterrer le pot sur une couche pendant quelques
semaines, on sera beaucoup plus assuré d'un bon résultat.
6° Dimensions des pots.
— Le pot n'est pas toujours en rapport avec la plante
qu'il contient. Il est parfois trop petit, mais, bien plus souvent, il est trop
grand. On a d'ailleurs toujours tendance à exagérer la dimension du pot
lorsqu'on rempote une plante. Les racines ne se trouvant pas alors au contact
ou à proximité immédiate de la bordure du pot n'ont pas d'air et, pour peu que
l'humidité soit trop considérable, elles pourrissent et la plante dépérit. Il
faut donc se garder de toute exagération et, lorsqu'on procède à un rempotage,
utiliser un pot de même calibre ou d'un calibre très légèrement supérieur à
celui que la plante quitte. N'employer que des pots à paroi poreuse et non en
poterie vernissée.
En suivant ces quelques conseils, les amateurs de plantes
d'appartement s'éviteront bien des mécomptes et pourront ainsi conserver plus
longtemps ces jolies plantes qui sont, en hiver surtout, l'une des plus belles
parures du home familial.
E. DELPLACE.
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