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Soins d'hiver aux pondeuses

À l'époque où paraîtront ces lignes, les pondeuses ont besoin de soins spéciaux pour éviter que leur ponte ne s'arrête complètement.

Le problème est évidemment fort différent s'il s'agit des basses-cours familiales et fermières ou des élevages spécialisés.

En élevage fermier, le plus courant en France, nous avons, à cette époque de l'année, un cheptel composé de poules adultes, c'est-à-dire de poules ayant plus d'un an, et de poulettes nées au printemps précédent. On constate, en général, que les adultes, surtout les sujets de race commune non sélectionnés, présentent une courbe de production particulièrement basse en novembre-décembre, surtout s'il survient de longues périodes de neige on de froid humide avec pluies prolongées. Les précautions et les soins qu'il est possible de prendre permettent non de remédier totalement aux rigueurs de la température et à l'insuffisance d'insolation, mais d'en atténuer les effets.

Tout d'abord, il est indispensable de ne pas nourrir les volailles comme on peut se permettre de le faire en août-septembre, alors qu'elles trouvent une grande partie de leur subsistance dans les champs nouvellement moissonnés. En plus de la traditionnelle poignée de grains du soir, avant le coucher, il y a lieu de distribuer, dès le matin, à la sortie du poulailler, une bonne pâtée humidifiée à l'eau tiède, et même chaude s'il fait vraiment froid, qui sera servie, hors du poulailler, dans une mangeoire longue, afin que toutes les poules puissent manger en même temps, sans que les plus gloutonnes s'adjugent la part des plus faibles. La dose individuelle du mélange doit être de 60 grammes par tête (pesé sec). Une bonne pâtée simple peut se constituer ainsi pour des sujets en liberté :

Son   25 kilogrammes.
Remoulage   25  —
Farine d'avoine 25  —
 — d'orge 15  —
 — de luzerne 5  —
 — de poisson 10  —

Si l'on possède encore un certain nombre de poulettes qui n'ont pas terminé leur mue, ce qui est malheureusement fréquent à cette époque, il est bon de les séparer des adultes, de les faire manger à part et de modifier un peu la composition précédente, en portant la proportion de farine de poisson à 12 p. 100 et en ajoutant 1 p. 100 de fleur de soufre et 1p. 100 de tourteaux de lin dans le mélange.

D'autre part, le poulailler doit être aménagé de façon à éviter les courants d'air nocturnes très pernicieux et que les sujets n'aient pas froid la nuit.

Enfin, si les volailles ne disposent pas d'un abri existant : grange, hangar, etc., suffisamment clos tout en recevant les rayons du soleil dans le milieu de la journée, il est indispensable de leur en construire un. Ceci peut être fait de façon très économique en superposant des fagots pour former un toit à 1m,50 du sol, la pente étant donnée en arrière, trois des faces étant closes et la façade ouverte exposée au sud.

En aviculture spécialisée, les méfaits de l'hiver sont moins marqués, bien que ceci puisse paraître surprenant à première vue. La chose s'explique aisément : la plupart des aviculteurs de métier sont plus avertis des dangers de l'hiver et possèdent, en général, des bâtiments spécialement adaptés à l'hivernage. De plus, ils apportent tous leurs soins à ce que leurs animaux ne souffrent pas du froid, puisque la ponte qu'ils espèrent se situe précisément d'octobre à février, à l'époque où les cours sont les plus hauts et la production fermière la plus basse.

Qu'il nous soit permis cependant, pour les débutants dans la profession, de leur rappeler que l'aération des poulaillers doit être très étudiée pendant la période de stabulation afin d'éviter les condensations et la stagnation des gaz nocifs. Les cheminées d'aération doivent avoir une ouverture d'aspiration à 0m,30 du sol pour les gaz lourds et une autre au ras du premier plafond pour les gaz légers.

Il y a toujours avantage, même en plein hiver, à permettre aux pondeuses d'accéder, aux heures d'ensoleillement, à un parc extérieur ou à un « solarium » construit en appentis sur la façade la mieux exposée.

Les abreuvoirs doivent être protégés et, si nécessaire, chauffés par une petite lampe en dessous, de façon que l'eau, dont les poules font une grosse consommation, surtout en poulaillers de ponte où elles sont nourries à la pâtée sèche, ne puisse geler en aucun cas.

Enfin tous les aviculteurs qui ont fait des expériences comparatives sérieuses sont d'accord pour conseiller l'éclairage artificiel pendant les longues nuits d'hiver. Mais la durée ne doit jamais être supérieure à une heure et demie ou deux heures. Il y a trois façons de l'utiliser : soit par prolongation du crépuscule, soit au milieu de la nuit, soit pour devancer le lever du soleil. Il semble que le repas supplémentaire résultant du réveil au milieu de la nuit soit le plus efficace sur les poulettes et produise la plus forte augmentation de ponte, mais il est absolument indispensable que l'extinction ait lieu à l'aide d'un rhéostat très progressif, afin que les volailles ne soient pas surprises par l'obscurité soudaine et aient le temps de regagner leurs perchoirs.

R. GARETTA.

Le Chasseur Français N°659 Janvier 1952 Page 42