Excellente formule, en vérité, solidement entrée dans nos
mœurs, car répondant à nos besoins actuels, qui doivent obligatoirement se
limiter. L'après-guerre nous a rendu tous les textiles désirables, a
perfectionné ceux de remplacement, nous en a même valu d'autres et des
meilleurs, mais ces dernières années ont singulièrement amenuisé le pouvoir
d'achat de la majorité des coquettes !
Je ne reviendrai pas sur la multiplicité des aspects
qu'on peut donner à un seul tailleur en changeant la blouse avec le chapeau,
les gants, les autres accessoires de la toilette ; la question est
classique et la solution connue ; je pense, au contraire, qu'il est
intéressant de s'étendre sur ce que peut apporter à une femme le changement de
blouses aux heures élégantes et aux sports d'hiver.
Le tailleur noir d'après-midi, de ligne smoking, en grain de
poudre ou en faille mate, ou encore en velours de coton, est avec un beau
chemisier toilette de cinq heures, avec un corsage décolleté robe de dîner, de
théâtre, également avec une blouse de dentelle, de lamé, de gaze aléoutienne ou
d'organdi. Si on choisit le corsage décolleté en satin d'un ton opposé, bleu
saphir, émeraude ou rubis, une grande écharpe des deux tons lui donnera une
plus grande élégance encore. Valable avec la jupe courte, l'idée le reste avec
la jupe longue d'un tailleur du soir qui peut être adopté pour un cortège et
modifié uniquement par le corsage pour le bal.
Avec une jupe de satin dentelle, ce tissu à fond clair
façonné de motifs noirs qui imitent le Chantilly, on peut porter une blouse
semblable ou une blouse ouverte largement, mais à manches longues en jersey de
soie ou de laine très fin, noir ; si l'on est très mince et si la taille
est longue, une ceinture haute et drapée en taffetas ou en satin souple d'un
ton opposé, violet ou cerise ou jaune, selon le goût et le teint, sera fort
jolie.
Avec la jupe en forme ou plissée (très juponnée afin qu'elle
« cloche » beaucoup) de satin, de faille, de poult ou d'ottoman, on
portera le bain-de-soleil de même ou de satin blanc brodé, perlé, pailleté, le
chemisier de satin mille-raies en deux tons avec poignets et petit col noirs,
la blouse de gaze aléoutienne changeante à manches énormes, ou de grosse
guipure blanche aux entournures volantées très largement, sur des volants de
linon plissés. La ceinture sera toujours une ceinture dite « sellier »
en même tissu que la jupe, très mince si le buste est court, plus ou moins
haute si la silhouette le supporte.
Interchangeable avec jupes et pantalons, la blouse offre
pour le sport d'hiver les mêmes avantages. Beaucoup de femmes conservent comme
après-ski leur fuseau, troquant leurs lourds souliers contre ces confortables
mais souples bottillons de mouton avec lesquels on peut danser et qu'un bottier
parisien teint dans le ton d'un détail choisi du costume. Le fuseau étant
généralement noir ou de teinte neutre, on choisira la blouse de jersey de laine
d'une couleur vive, montée sur bord-côtes rendu élastique par l'appoint des
filés lastex qui entrent dans le tricotage ; celle-ci peut alors se porter
à volonté montante ou descendue sur les épaules, qu'elle laisse nues. D'autre
part, un pull, un sweater de tricot ou de jersey noir, marine, vert sapin, nègre
ou grenat, sera très joli avec le pantalon après-ski de ligne fine, en lainage
écossais, mais aussi avec la jupe cloche de feutre clair actuellement en vogue.
Très pratique, mais aussi très amusante, cette jupe comporte à mi-hauteur des
découpes qui ressemblent à de grandes rosaces de broderie anglaise, dont les
perforations laissent transparaître un fond sombre ou encore des motifs
incrustés de feutre de couleur, d'inspiration tyrolienne. Il va sans dire
qu'avec une telle jupe on portera non pas des bas de soie, mais de bons bas de
laine tricotés, assortis au ton dominant de l'ensemble.
G.-P. DE ROUVILLE.
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