ans le monde des maquettes, les modèles de ferroviaires
occupent une place de choix, tant par l'intérêt technique que par la diversité
des réalisations.
Alors que les réalisations de bateaux et d'avions ont
suscité des quantités de publications de livres, plans et revues, il faut arriver
à ces dernières années pour trouver les mêmes productions dans le domaine
ferroviaire.
Quatre noms s'inscrivent, du reste, au palmarès de cette
croisade : ceux de Géo Mousseron, de Fournereau et enfin, en ces tout
derniers mois, de Girod-Eymery et de Falaize.
Grâce à eux, la connaissance des ferroviaires, déjà si
attachante par elle-même dans la réalité, est devenue une distraction, une
joie, et aussi un puissant moyen de se former.
Ce n'est pas que les maquettes soient quelque chose de
nouveau, puisque déjà un empereur romain collectionnait les répliques des
monuments qu'il faisait construire.
La première question qui se pose est celle du choix
d'écartement, car il en existe deux de fort courants, le 0 et le H0. Le premier,
aux longueurs doubles du second, se traduit géométriquement par des surfaces
quadruples, et tout revient alors à une question d'espace disponible.
Le 0 autorise la meilleure reproduction de détails, mais le
H0 est à la base des plus belles réalisations d'ensembles.
L'amateur qui commence un réseau a toujours une tendance à
commettre une erreur : celle de la multiplication des gares et des voies.
En même temps, il néglige la signalisation, oubliant que, dans la réalité, les
ferroviaires ne sont pas des tramways et ont leur marche minutieusement
commandée par la signalisation.
Il faut savoir être modeste et surtout adapter l'espace au
but recherché.
Il faut se mettre dans la peau d'un ingénieur ayant à
réaliser l'étude, l'aménagement et le fonctionnement d'une véritable ligne
nouvelle.
On dira que tout existe déjà et qu'il suffit de copier :
c'est faux. Dans le monde habité, il y a moins d'un dixième des terres qui
soient équipées de ferroviaires, et toutes les régions de l'Afrique, de l'Asie,
de l'Amérique du Sud et de l'Australie ne possèdent que des installations
ferroviaires fort peu développées.
Au lieu de songer à reconstituer la gare d'Austerlitz, il
vaut bien mieux reproduire un projet concernant le Congo ou le Transsibérien,
ou le Méditerranée-Niger. C'est surtout plus facile pour le paysage ... et
personne n'y songe.
Une fois le choix du milieu ambiant effectué, il faut tracer
un plan utilisant au mieux la place disponible.
L'infrastructure sera en bois, en contreplaqué ou, ce qui
est encore mieux, réalisé par une table de ping-pong, qui constitue la solution
idéale par ses dimensions et sa hauteur.
Ce grand plan peut être au milieu de la pièce, avec la
facilité de circuler autour, ou bien contre un mur, avec la possibilité
d'établir autour de la pièce une sorte d'étagère de circulation des voies
doublant le circuit. L'idéal, c'est la possibilité d'avoir un jardin et, par un
trou dans le mur, de compléter cet ensemble par un réseau extérieur de plein
air. C'est la solution parfaite si l'on veut réaliser en échelle normale des
ponts, viaducs, vallées, tunnels, croisements, portuaires avec quais et grues,
etc., etc. Les ouvrages d'art du génie civil demandent de la place, mais on
peut toutefois se satisfaire pour un réseau intérieur de passages à niveau et
de ponts sur ou sous route, comme il en existe dans la réalité aux entrées et
sorties des gares urbaines.
Les bâtiments ferroviaires doivent être choisis et soignés
dans leurs réalisations comme les décors et paysages. On ne conçoit pas, dans
la réalité, une ligne sans gare et une gare sans habitations à desservir.
C'est là un domaine immense par le choix des styles
cosmopolites ou régionaux, ou des époques modernes ou folkloriques et
traditionnelles.
Mais ce à quoi il faut penser tout d'abord, ce sont les
bâtiments d'usage. On peut les trouver dans le commerce aux deux échelles
courantes 0 et H0, mais on peut aussi acquérir des plans parfaits et des pièces
détachées pour effectuer soi-même de très bonnes réalisations.
Dans cet ensemble, la voie doit être aménagée avec soin, et
on ne saurait se satisfaire uniquement de la placer à même le support. Il faut
réaliser le ballast avec du fin gravier concassé, en choisissant judicieusement
sa couleur, car elle doit correspondre à l'aspect général du pays.
Les murs ne doivent pas être laissés nus, mais doivent
reproduire un paysage en perspective vague et vu de très loin. Le premier plan
doit être composé de champs pour ménager les transitions. (Il existe dans le
commerce de ces décors à très bas prix.) Il faut aussi mettre des arbres, car
ils donnent de la vie à ce qui ne serait autrement qu'un diorama mort.
Il y a encore les personnages, et on peut acquérir des
variétés de figurines d'employés de la S. N. C. F., comme les
amateurs achètent maintes variétés de soldats de plomb. Avec eux, il y a aussi
les voitures, véhicules, camions, autos, et tout cela existe aux échelles
voulues.
La question des bâtiments ferroviaires proprement dits est
très importante. Si, dans la réalité, ils n'occupent qu'une place infime en face
des étendues et espaces desservis par les réseaux, c'est l'inverse qui se
produit en matière de maquettisme, car, à l'échelle de 23 millimètres par mètre,
une gare de grande métropole, avec ses quais de 400 mètres, occuperait une
place énorme, et il faut éviter qu'elle cristallise justement tout l'intérêt et
toute l'attention. La vraisemblance doit être avant tout respectée.
La même sujétion existe pour la longueur des trains ;
c'est pour cela qu'il faut éviter le gigantisme des grands express lourds et
préférer les rapides et trains de luxe, plus légers, en matière de voyageurs.
La question est moins difficile pour les trains de marchandises, car si, dans
la réalité, il y a des rames de cent wagons, il existe aussi sur les lignes
secondaires des trains ramasseurs de chargements locaux, et ils sont de faibles
capacités de tonnage.
Cette question de réalisme en fonction de l'espace est
essentielle en matière de miniature ferroviaire, et l'amateur doit se
documenter ou consulter avec pondération les ouvrages spéciaux sur ces thèmes.
La solution simple est de ne pas trop se fixer sur les
grandes gares et, avec modestie, se contenter des petites stations secondaires,
ou alors réaliser des ensembles plus spécialisés comme ceux de quais
d'embarquement de produits agricoles, d'une usine de petite taille, d'un centre
de traitement pétrolier, d'un chantier de construction navale.
Dans le réel, il y a de petites agglomérations comme
Laroche, sur la ligne du P.-L.-M., qui ne servent que de lieu de transit aux
changements de locomotives, en raison de la trop grande distance entre Paris et
Dijon.
Or de telles stations comportent cependant tout ce que l'on
peut désirer reproduire, comme des silos et toboggans à charbon, des cabines
d'aiguillage, des ateliers d'entretien, des plaques tournantes.
Et c'est vers ces reproductions que l'amateur doit se
tourner s'il veut réunir avant tout du matériel d'équipement.
Sylvain LAJOUSE.
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