On sait que l'on castre communément un animal pour
l'engraisser. C'est un fait très connu du public. En effet, qui n'a entendu
parler des cochons que l'on castre afin d'en obtenir plus de poids, de lard ?
On sait aussi que la castration a pour résultat d'améliorer la viande de
l'animal. Consultez les fermières de nos petites villes. Elles vous parleront
des chapons que l'on fait pour telle fête.
Mais peu de gens savent que l'on peut castrer une vache.
Castrer une vache, dira-t-on, mais c'est une ruine. Plus de
veau, plus de lait, il ne reste qu'à vendre l'animal à la boucherie.
Erreur. On peut castrer une vache laitière et continuer à
avoir une production de lait. Évidemment, il faut observer certaines règles.
Car, en effet, en supprimant les ovaires, on arrête la production de
folliculine. Le coefficient de persistance pour la production laitière reste
alors aux environs de 1. Mais, évidemment, il n'est plus question de faire
reproduire l'animal et de continuer à avoir des veaux. La castration s'opérant
sur un animal en période de lactation n'a comme résultat que de maintenir cette
production.
D'ailleurs, qui n'a remarqué que certaines vaches n'ayant
pas retenu ont une période de lactation qui dépasse l'année. Cette pratique de
la castration d'une vache laitière ne peut avoir d'intérêt que pour un animal
bon producteur et qui arrive en fin de carrière de lactation, sous réserve que
celle-ci soit encore excellente. Nous verrons pourquoi par la suite.
Car on sait que la vache normale a une production dérisoire
après neuf à dix mois de lactation (et même avant quelquefois).
Si, au contraire, on castre l'animal, sa production pourra
se maintenir près de deux à deux ans et demi. Chez la vache castrée, le
rendement laitier ainsi maintenu doit être avantageux pour l'éleveur, aussi ne
faut-il pas castrer l'animal à n'importe quel moment de sa vie et de sa période
lactaire.
Ce sont les règles dont nous parlions.
On comprend que la production qui suivra après la castration
sera sensiblement celle que l'animal avait à ce moment-là. Ainsi donc l'éleveur
qui, par négligence, erreur, etc., fera castrer son animal au moment où
celui-ci ne produit pas beaucoup n'aura que des résultats médiocres. C'est pour
lui une mauvaise affaire.
Au contraire, l'éleveur averti qui opérera au moment
judicieux retirera de cette castration tous les avantages qu'elle peut lui
donner. Nous insistons sur ce fait déjà cité que, le coefficient de persistance
étant d'environ 1, le moment de la castration doit se situer pendant la période
du maximum de production.
Il faut aussi tenir compte de la meilleure époque de la
lactation en cours. On sait que le sommet de celle-ci se situe environ cinq à
sept semaines après le vêlage. Ce sera donc sur un animal de cinq à sept ans,
sauf exception, et au moment de son plein rendement qu'on pourra faire procéder
à la castration avec l'espoir d'en tirer des résultats heureux.
Si la production laitière est maintenue, on peut dire que le
lait de l'animal qui a été castré est plus nourrissant du fait d'une
augmentation de la matière grasse, en particulier. Le lait est, si l'on peut
dire, plus léger, nous entendons par là d'une digestion plus aisée, ce qui
explique tout naturellement son emploi dans la nourriture des jeunes enfants,
par exemple. Il est d'ailleurs facilement concevable qu'un lait de vache
castrée est plus régulier, plus uniforme de composition, car l'animal ne subit
plus les troubles physiologiques.
Mais la castration, si elle maintient la production
laitière, a aussi la faculté bien connue d'engraisser les animaux et de rendre
leur viande meilleure. Cette constatation d'augmentation du poids de la vache
castrée sera appréciée par l'éleveur et par la boucherie.
Par rapport à l'avantage que donne la castration sur la
production laitière, c'est un avantage secondaire, mais il est appréciable, car
on peut dire qu'il revalorise l'animal.
En conclusion, n'oublions pas que, si nous devons castrer
une vache afin de maintenir sa production laitière, il nous la faut choisir à
un âge et une époque de lactation favorable. Mais, de plus, le choix de la race
est important, et nous l'avons déjà vu, car nous n'aurons pas grand avantage à
opérer sur un animal dont la durée de lactation est normalement longue.
Il nous faudra agir sur une vache dont, au contraire, la
période de lactation est de courte durée afin de bénéficier au maximum de
l'avantage que procure cette opération.
CIER.
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