Accueil  > Années 1952  > N°660 Février 1952  > Page 106 Tous droits réservés

Les poussins démarrés

Ce qu'il faut entendre.

— À part de rares exceptions, les poussins, au sortir de l'œuf, lorsqu'ils sont ressuyés, ont pour eux la joliesse, bien qu'ils ne soient pas toujours viables, ainsi qu'on peut le constater au bout de quelques jours, surtout quand ils sont contaminés congénitalement par le Bacillum pullorum, ou s'ils attrapent ultérieurement la coccidiose.

Ces deux affections, extrêmement morbides, occasionnent des décès pouvant atteindre et même dépasser les quatre cinquièmes de l'effectif des couvées, ce qui rend les élevages improductifs, sinon déficitaires, en admettant que l'on prenne à sa charge la production et l'incubation des œufs.

Un groupe de poussins ne peut être considéré comme « démarré », c'est-à-dire hors de danger, que si les parents dont ils proviennent ne sont pas porteurs des germes du fameux pullorum, lesquels sont décelés par un dépistage préalable, par séro-agglutination.

Cela ne suffit pas encore, car, pendant les premières semaines de leur existence, il peut survenir, surtout dans les élevages négligés, où les aliments et l'eau de boisson sont souvent souillés par les déjections, que les poussins attrapent la crotte, caractérisée par une diarrhée crayeuse qui peut obstruer le cloaque.

La crotte est occasionnée par un parasite de l'intestin, appelé coccidie, d'où le nom de coccidiose donné à cette maladie également contagieuse qui, dans les endroits infestés, produit des coupes sombres dans les bandes de jeunes poussins âgés de deux semaines et plus.

Les sujets parasités sont facilement reconnaissables ; ils se tiennent à l'écart, font le gros dos, laissent tomber leurs ailes, leur plumage se ternit, les plumes souillées bouchent l'anus et la mort survient au bout de peu de jours.

On peut donc dire que les poussins ne sont vraiment démarrés que lorsqu'ils ont dépassé le cap des trois premières semaines, en conservant leur vigueur, leur entrain et leur appétit. Par la suite, les jeunes volailles sont beaucoup plus rustiques. Néanmoins, on ne se départira pas des soins de propreté, et l'on ne les logera pas avec les adultes qui pourraient leur communiquer des affections avec lesquelles ils vivent, mais que les poussins ne supporteraient pas.

Les poussins du premier âge.

— La mortalité qui sévit chez les poussins étant surtout à craindre pendant les trois premières semaines, on s'efforcera d'éviter toutes les causes d'infection et d'infestation pouvant contaminer les jeunes poussins. On devra, en premier lieu, surveiller de près les aliments, l'eau de boisson, les ustensiles et le matériel, le sol de la logette et les lieux de parcours avoisinants, en observant les mesures prophylactiques les plus rigoureuses.

On devra, après chaque tournée d'élevage, nettoyer et désinfecter à fond les locaux ayant été habités par la précédente couvée, en brûlant du soufre à l'intérieur et en projetant partout, sur les murs, le sol, les plafonds et aux abords immédiats, une solution antiseptique à base de crésyl ou d'eau de Javel.

D'autre part, on devra laver à l'eau bouillante, additionnée de carbonate de soude, le matériel, notamment les mangeoires et les abreuvoirs, puis on le rincera à l'eau potable. Enfin on fera usage de litières saines, telles que sciures de bois, tourbe sèche, balles de céréales, paille hachée, que l'on renouvellera souvent.

Quant à la nourriture, elle devra être équilibrée en tous les principes essentiels, sous une relation nutritive suffisamment étroite, que l'on élargira au fur et à mesure que les poussins prendront de l'âge et de la force, sans oublier les matières minérales, ni les vitamines indispensables, présentées sous différentes formes. Dans tous les cas, la nourriture sera distribuée dans des mangeoires barreaudées, qui empêcheront les poussins de la gratter et de fienter dedans.

Si la pâtée est donnée humide, on ne la laissera jamais fermenter : les mangeoires seront lavées tous les jours et ce qui n'aura pas été consommé sera distribué aux adultes. Enfin, les abreuvoirs seront toujours du type siphoïde, permettant le renouvellement automatique de l'eau, à mesure que la cuvette se vide. Par mesure de précaution, on pourra mélanger à la boisson deux gouttes d'eau de Javel ou autant d'acide sulfurique par litre d'eau.

Les jeunes poussins devant prendre le plus possible d'exercice, compte tenu de la température, réglée à 35° au début de l'existence pour descendre à 20° à trois semaines, on les enverra se dégourdir les pattes dans un petit parc annexé, quand le temps le permettra. Les distributions de carottes, de choux et d'autres verdures râpées sont appréciées des poussins.

Élevage des reproducteurs.

— Pendant les dix premières semaines, les jeunes élèves peuvent être tenus dans des batteries ou tous autres appareils permettant le chauffage. Les meilleures poussinières sont celles qui communiquent par des trappes mobiles avec de petits parcs ad hoc, tapissés d'un gazon court.

Quand les poussins sont âgés de deux mois, le mieux est de les loger dans des arches. Ce sont des constructions rustiques, à deux auvents, constituées par une ossature en bois fermée par du grillage, qui repose sur des lisses permettant de les déplacer comme un traîneau, lorsque le gazon se trouve souillé par les déjections.

Les arches placées sur un coin de prairie font bénéficier les jeunes volailles d'une vie saine, au grand air, ce qui leur fait acquérir vigueur et rusticité. Aussi conviennent-elles tout particulièrement pour l'élevage des poulettes destinées à remplacer les pondeuses de réforme, les coquelets étant vendus comme primeurs quand ils pèsent 1 kilo net. La distinction des sexes se fait à la naissance, par la méthode japonaise, à moins que l'on procède par métissage, en accouplant des coqs fauves avec des poules herminées. Les poussins mâles possèdent comme leur mère un plumage herminé, tandis que les femelles sont fauves comme leur père.

C. ARNOULD.

Le Chasseur Français N°660 Février 1952 Page 106