Depuis quelques années, et surtout depuis la fin de la
dernière guerre, on voit apparaître de plus en plus fréquemment, dans les
grandes expositions, des sujets appartenant à deux nouvelles races, de « fabrication »
américaine, appelées la Buff-Rock, pour l'une, et la New-Hampshire,
pour l'autre.
Un certain nombre de lecteurs du Chasseur m'ayant
demandé, à différentes reprises, de leur consacrer un article, j'ai cru devoir
aujourd'hui en exposer les caractéristiques et les mérites.
1° La Buff-Rock est une assez forte volaille, de
couleur fauve uniforme, de lignes arrondies, rappelant assez exactement les
formes générales de l'Orpington, mais un peu plus légère.
L'oiseau donne cependant une impression assez massive avec
une large poitrine. La tête est plutôt petite en proportion du corps. Celui-ci
est volumineux, le port est droit, surtout chez le coq, avec des ailes
relativement petites. La queue courte, sinueuse vers l'arrière, ne doit
comporter aucune plume marquée de noir ou de crayonné. La différence essentielle
entre la Buff-Rock et l'Orpington réside dans la couleur des tarses et des
ongles qui, blancs et roses dans la seconde de ces races, doivent être
uniformément jaunes chez la Buff-Rock.
Les poids admis varient entre 3kg,500 et 4
kilogrammes chez le coq et oscillent autour de 3 kilogrammes chez la poule
adulte.
La ponte est essentiellement variable, selon l'origine de la
souche. Les Américains prétendent qu'ils possèdent certaines lignées ayant
donné 180 à 200 œufs par an. Je dois dire que, d'après des renseignements qui
m'ont été fournis par certains éleveurs français, ces chiffres paraissent un
peu exagérés ; cependant les bons sujets donnent actuellement, pour les
souches européennes, 150 œufs par an environ.
L'animal est rustique et s'adapte à tous les climats. La
poule est très bonne couveuse et s'occupe très bien de ses poussins. Ces
derniers sont relativement précoces, puisqu'ils arrivent à peser plus de trois
livres à douze semaines ; mais à cet âge, comme chez toutes les races
lourdes, la proportion du squelette est encore forte, et il ne faut guère
compter présenter une belle volaille, convenablement garnie de chair, avant
l'âge de quatre à cinq mois.
La qualité de la chair est bonne, sans atteindre,
évidemment, la finesse et le « persillé » de nos Bresse,
Bourbonnaises et Gâtinaises, ni, en raison de la couleur de la peau, une
présentation aussi appétissante.
La Buff-Rock n'exige aucune nourriture spéciale. Il est
cependant recommandé d'incorporer une certaine quantité de phosphate à ses
pâtées, dès le jeune âge, afin de faciliter la formation des os, sans oublier
d'y ajouter également 2 p. 100 d'huile de foie de morue, jusqu'à l'âge
adulte.
Pour ces derniers, il faut veiller également à ne pas
distribuer une nourriture trop engraissante, en raison de l'aptitude de
l'animal à l'engraissement, ce qui provoquerait aussitôt un ralentissement
considérable de la ponte et déterminerait des fièvres d'incubation trop
fréquentes.
2° La New-HampShire est le prototype de la
volaille utilisée aux U. S. A. pour les croisements. Ses qualités
pratiques étant plus confirmées que celles de la race que nous venons de
décrire, son succès en France s'accroît d'année en année, à tel point qu'à la
dernière Exposition internationale organisée à Paris, en août dernier, à
l'occasion du Congrès mondial avicole, on comptait 17 lots de New-Hampshire
pour les seuls exposants français.
Les volailles de cette race sont d'une taille et d'un poids
sensiblement équivalents à ceux de notre Faverolles. Elles paraissent assez
vives cependant, et nombre d'éleveurs français qui les maintiennent en liberté
estiment qu'elles se débrouillent aussi bien que celles de nos races locales
réputées, au point de vue recherche de leur nourriture dans les champs et les
prés.
La New-Hampshire, contrairement à la Buff-Rock, possède des
tarses et des ongles roses, et la peau est blanche. La couleur générale du
camail est le doré foncé, avec des plumes noires, à reflets métalliques
brillants, dans la queue.
La poule couve bien et mène bien ses poussins. Ceux-ci sont
vifs et rustiques ; la précocité est satisfaisante puisque à trois mois
ils font une moyenne de trois livres vif. La qualité de chair est bonne et le
squelette moins important que celui de la Buff-Rock. Les poids adultes sont de
3 kilogrammes à 3kg,500 pour le coq et aux alentours de 3
kilogrammes pour la poule ; cependant celles qui proviennent des souches
très sélectionnées sur la ponte dépassent rarement 2kg,500.
C'est en effet surtout sur cette aptitude que la New-Hampshire
a été travaillée dans son pays d'origine où, d'après certaines revues
américaines, il existerait des familles dont la ponte égalerait celles des
Wyandotte, des Rhode et des Plymouth avec lesquelles elles sont habituellement
en compétition.
Dans un important concours de ponte de l'Illinois, basé sur
le contrôle de lots composés de 10 poules, pendant cinquante-deux semaines, les
résultats officiels ont été les suivants :
Leghorn |
2.020 |
œufs |
dont |
15 |
sans coquille |
et |
28 |
brisés. |
Rhode-Island |
1.877 |
— |
— |
8 |
— |
et |
13 |
— |
New-Hampshire |
1.841 |
— |
— |
2 |
— |
et |
15 |
— |
Wyandotte |
1.795 |
— |
— |
0 |
— |
et |
4 |
— |
Plymouth-Rock |
1.719 |
— |
— |
11 |
— |
et |
3 |
— |
Les poids moyens de ces œufs étant respectivement de :
57 |
grammes |
chez les |
Leghorn. |
55 |
— |
— |
Rhode. |
|
55 |
— |
— |
Wyandottee. |
|
53 |
— |
— |
New-Hampshire. |
|
58 |
— |
— |
Plymouth-Rock. |
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Ne connaissant pas les résultats des concours identiques qui
auraient pu être organisés en France avec la participation des New-Hampshire,
il ne m'est pas possible d'établir des comparaisons avec nos races nationales.
Je crois toutefois que nous possédons des races et des
souches qui n'ont rien à envier aux sujets importés d'outremer, puisque je
connais tel éleveur d'une de nos races parmi les plus typiquement nationales
qui, après sélection, a constitué un parquet de sujets d'élite dont il a obtenu
une moyenne de 250 œufs par an, avec un maximum individuel de 284 œufs !
Quoi qu'il en soit, je pense que la New-Hampshire peut
constituer d'intéressantes basses-cours de rapport, et les éleveurs actuels en
sont satisfaits.
R. GARETTA.
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