La batterie est un des organes importants de l'équipement
électrique de l'automobile. Pendant longtemps, elle a donné pas mal de soucis à
l'usager. Il est vrai que les constructeurs la disposaient, au petit bonheur, quelque
part sous le châssis, et il n'était pas rare, pour l'atteindre, d'avoir à
dévisser le plancher de la carrosserie ; sans compter, si on voulait
l'extraire, de déposer berceau et tringlerie. On conçoit que la batterie,
laissée sans soins, dépérissait vite. Sur nos châssis modernes, il n'en est
plus de même. On a finalement entendu les doléances des automobilistes et,
aujourd'hui, on la trouve bien en vue, sous le capot, ou encore à l'avant du
châssis. La durée de la batterie s'est trouvée bientôt modifiée. Mal entretenue
et employée sans ménagement, une batterie meurt en quelques mois. Bien traitée
et soignée, sa vie normale peut être portée à trois ou quatre ans.
À l'extérieur du bac, on distingue les bornes, positives et
négatives, reliées entre elles par les barres de connexions et les bouchons de
remplissage. Hier, ces bouchons étaient d'un diamètre très réduit, rendant les
remplissages et les vérifications difficiles ; aujourd'hui, leur diamètre
a été porté à des dimensions raisonnables, permettant une visite sérieuse.
Chaque élément est constitué par la plaque positive, isolée de la plaque
négative par les séparateurs : bois, polystyrène, laine de verre ;
grille support de plaques et connexions intérieures complètent l'ensemble.
Chacun connaissant le principe de fonctionnement d'une batterie
d'accumulateurs, précisons qu'une batterie, de puissance normale, peut se
décharger, ou, autrement dit, être mise à plat, si elle ne reçoit aucun appoint
extérieur, en quatre ou cinq heures d'allumage des phares et en cinq minutes
d'entraînement du démarreur avec une température ambiante de 15°. Ces quelques
chiffres permettent de juger avec quel ménagement on doit faire appel à la
batterie.
Si le moteur refuse de partir après quelques coups de
démarreur, il est prudent de ne pas insister et d'en chercher la raison. En
insistant, avec les moteurs et carburateurs modernes à pompes, on ne tarde pas
à noyer les cylindres d'essence, et, la proportion d'air n'y étant plus, le
départ devient presque impossible. Dans ce cas, on laissera le tout en place se
reposer quelques minutes, on mettra le starter hors circuit ou à mi-course, on
appuiera quelque peu sur l'accélérateur et on actionnera le démarreur. On
arrivera à trouver, après quelques essais, la position idéale de la pédale et
du starter pour que le moteur sorte de son mutisme. Il est vrai qu'un départ
difficile peut avoir de multiples autres causes. Elles ont été souvent exposées
ici. Il importera de les déceler. Un moteur en bon état et bien réglé part
après deux ou trois coups de démarreur.
La recharge d'une batterie doit être régulière. Son état de
charge est décelé par la densité de l'électrolyte. En pleine charge,
l'électrolyte pèse 31° Baumé, à mi-charge, 24°, complètement déchargée, 13°. Si
l'on veut éviter, en cours de recharge, le bouillonnement de l'électrolyte
ayant pour effet de désagréger et de voiler les plaques, il importe de procéder
à la recharge à un régime qui ne doit guère dépasser le 1/10 de la capacité de
la batterie. Une batterie de 60 ampères-heure doit donc recevoir un courant
d'une intensité de 6 ampères pendant dix heures. Le grand ennemi de la batterie
étant le démarreur, il sera sage d'aider la batterie, durant les temps froids,
au premier départ du matin. Avec la manivelle, on décolle les cylindres. On
tourne plusieurs tours, starter tiré. On met le contact. Le moteur doit partir.
Il existe dans le commerce des voltmètres spéciaux, à fourche, permettant de
mesurer le voltage aux bornes de chaque élément. Dès que la tension s'abaisse,
pour chacun des éléments, au-dessous de 1,8 volt, on procède à la recharge. Le
même voltmètre confirmera si chaque élément est en bon état de marche. La
première défaillance se lira sur son cadran. Une pipette pèse-acide révélera la
densité de l'électrolyte. Lorsque la batterie reste inactive pendant une longue
durée, il est à craindre la sulfatation. Les plaques se transforment en sulfate
de plomb, donnant naissance à une résistance électrique intérieure considérable
et anormale. Si le mal n'est pas trop prononcé, on peut remettre les plaques en
état en procédant de la façon suivante : vidangez et rincez la batterie,
remplissez-la d'une solution étendue d'acide sulfurique de 10 à 15° Baumé ;
chargez à très faible intensité, 1 /20e de la capacité de la
batterie ; une fois bien rechargée, réglez l'électrolyte à 30°, ensuite
déchargez en dix ou quinze heures, puis nouvelle charge lente. Répétez au
besoin plusieurs fois l'opération, jusqu'à ce que vous obteniez une densité et
une tension constantes.
Avant de terminer ce chapitre, il est bon de rappeler
quelques conseils. Le niveau de l'électrolyte doit dépasser d'environ un
centimètre la partie supérieure des plaques. Si celles-ci ne sont pas
recouvertes, elles se sulfatent et durcissent. On vérifiera le niveau tous les
quinze jours en été et tous les mois en hiver. Un niveau excessif atteignant
les bouchons entraîne l'échappement d'électrolyte par bouillonnement, ce qui a
pour effet de corroder les pièces métalliques voisines et de sulfater
rapidement les bornes. On luttera contre le sulfatage des bornes et des
connexions en les nettoyant fréquemment et en les enduisant de graisse
consistante ou de vernis et produits spéciaux existant dans le commerce. Les
bouchons pare-acide sont également recommandés. N'utilisez, pour faire le plein
de votre batterie, que l'eau distillée. L'eau ordinaire peut contenir des bases
ou acides venant neutraliser ou détruire l'efficacité des plaques. Le bac de la
batterie doit être fixé solidement ; manipulez-le avec délicatesse, le
moindre choc pouvant lui être fatal.
En marche normale, la batterie est protégée contre toute
surcharge par le régulateur de la dynamo ; il en n'est plus de même
lorsque la charge s'effectue au garage à l'aide de chargeurs sur réseau. Une
charge trop rapide entraîne un échauffement exagéré avec dégagement abondant de
gaz ayant pour conséquence immédiate une destruction rapide des plaques.
Choisissez, de préférence, un chargeur à charge lente. N'hésitez pas à faire
appel à lui dès que la tension aux bornes baisse, surtout en hiver, saison de
force pour votre batterie.
G. AVANDO,
Ingénieur E. T. P.
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