Rations de ponte

À propos des lettres de mon perchoir.

— Nombreux sont les correspondants qui m'écrivent pour connaître le meilleur rationnement capable de soutenir et de stimuler la ponte des poules, des canes et des autres volailles, mais peu se donnent la peine de mentionner les denrées dont ils disposent, soit qu'ils les produisent eux-mêmes, soit qu'ils puissent se les procurer avec facilité.

C'est là une lacune regrettable, car, s'il est presque toujours possible de combiner des rations équilibrées pour la ponte avec les denrées les plus diverses, il faut savoir les choisir, afin de réduire le plus possible le prix de revient de la nourriture. Les basses-cours payantes ayant seules leur raison d'être, on devra faire en sorte que les œufs récoltés au poulailler reviennent moins cher que si on les avait achetés au marché.

Ce qu'il faut dans toutes les situations, c'est savoir combiner une ration économique, suffisante pour les besoins d'une poule ou d'une cane de race pondeuse capables de fournir annuellement entre 150 et 200 œufs, un peu plus ou moins, suivant les soins, la sélection et surtout la nourriture, qui doit contenir un minimum de matières azotées, de matières hydrocarbonées et grasses, ainsi que de matières minérales, associées à des principes énergétiques et vitaminés, agissant sur la grappe ovarienne pour mûrir les oocytes.

Un sous-produit de grande valeur.

— Avant de décider l'achat des aliments concentrés, provendes, tourteaux, farines de viande ou de poisson, destinés à enrichir les rations de ponte en protéine, on aura recours au lait écrémé, ce résidu de la fabrication du beurre et des triples crèmes. Si on n'en produit pas soi-même, on l'achètera aux beurreries coopératives ou industrielles, s'il y en a dans la région.

Le lait écrémé, outre qu'il contient, sous une forme assimilable, la protéine indispensable, apporte avec lui plusieurs vitamines, ainsi que la pointe d'acide lactique produit par le lactose. Comme l'acide lactique est un désinfectant énergique du tube digestif, on comprend que, si on en fait un usage régulier dans l'élevage des volailles, la mortalité se trouve réduite au dixième de ce qu'elle est habituellement. Le lait écrémé n'est pas seulement un remède et un aliment, c'est aussi un stimulant de la ponte et de l'accroissement.

La chose a été mise en évidence par un aviculteur irlandais, M. J.-H. Prentice, en opérant sur trois groupes de poussins nourris de la même manière. Le premier groupe étant abreuvé à l'eau pure, le deuxième recevait, en plus de la pâtée commune, comme boisson, du lait écrémé à volonté ; quant au troisième groupe, il reçut une pâtée commune additionnée de minéraux. Voici les résultats obtenus, au double point de vue de l'accroissement et de la mortalité :

Les actions stimulantes et microbicides sur la ponte et la santé des volailles adultes est la même que sur les poussins, d'où la conclusion que l'on devra toujours employer le lait écrémé en boisson, ou pour le pétrissage de la pâtée, chaque fois que l'on pourra s'en procurer.

La ration type.

— D'après les recherches effectuées dans le but de déterminer les besoins d'une pouls de poids moyen en pleine ponte, on admet que la substance organique digestible nécessaire doit comprendre, en chiffres ronds, 60 grammes environ de matières hydrocarbonées et grasses, pour 20 grammes de matières azotées, ce qui représente une relation nutritive avoisinant 1/3.

Cette ration peut être équilibrée de multiples manières, avec toutes sortes de denrées, en se servant d'une table d'alimentation dressée par les biologistes, en tenant compte que les matières minérales et les vitamines ne seront pas oubliées.

La ration ci-après pourrait servir de modèle pour l'alimentation d'une forte pondeuse :

Pâtée du matin :

Si on pétrit avec du lait écrémé, ou si on donne ce résidu à boire, on peut supprimer le tourteau et la farine de viande.

À midi : distribution de verdures hachées; si l'herbe fait défaut, donner du grain germé.

Repas du soir : avoine et orge, 35 grammes.

Comme minéraux mélangés, on peut adopter la formule suivante, qui comprend les matériaux phospho-calciques, ainsi que les principes stimulants, énergétiques, désinfectants et microbicides.

Dans le cas où les volailles reçoivent du lait écrémé, la dose de minéraux associés peut être réduite de moitié.

Mondiage D'ARCHES.

Le Chasseur Français N°661 Mars 1952 Page 168