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Le Keeshond

Le Keeshond fait partie de la grande famille des chiens nordiques, dont il serait un des plus anciens représentants. Quoique sa couleur ait été définie et son nom retenu par la Hollande en 1933, date relativement récente, ce n'est pas un nouveau chien. C'est un grand Loulou typique, de couleur uniquement grise et qui avait à peu près disparu de France.

Il a comme ancêtre le loup arctique, et il a gardé l'aspect si particulier à tous les chiens issus de cette même souche. Ils sont répartis en de nombreuses races qui ont évolué suivant l'emploi qu'en faisaient les tribus des régions polaires qui pratiquaient la pêche, la chasse au gros et au petit gibier; le Keeshond aurait servi à chasser l'élan.

Ce chien a été sélectionné dans une vieille race de Loulou à fourrure abondante. Il a les mêmes caractères que tous les Spitz : la tête en coin, les oreilles droites, les yeux obliques, le corps solide et carré, les membres forts et la queue portée sur le dos.

Le Keeshond fit d'abord son apparition dans les régions hyperboréennes, la Norvège, la Suède et l'Islande. Venu des rives de la Baltique, ensuite, il s'installa peu à peu sur le continent, dans le Nord-Est de l'Europe en premier lieu, car il a été connu en Allemagne bien avant de se répandre en France et en Angleterre ; il y porte le nom de Wolfspitz.

Tous les auteurs ne sont pas d'accord sur ce point, mais d'après certains d'entre eux le Keeshond serait parvenu en Hollande par les voies fluviales. Excellent gardien, très intelligent et doué d'une ouïe très fine, il aurait servi à la garde des péniches qui descendaient le Rhin et il aurait été amené par les nombreux bateaux qui circulaient aux Pays-Bas.

Il a même été mêlé très intimement aux affaires politiques de la Hollande, vers 1750, alors que ce pays était divisé par deux partis ; le Carlin était le chien favori de la Maison des princes d'Orange, et par opposition les patriotes hollandais adoptèrent le Keeshond. Il devint à la fois l'emblème d'un parti patriotique et celui d'un grand homme d'État, Corneille de Witt, dont le surnom était Kees. Ce nom fut donné au chien et lui resta !

Le Keeshond est un très beau chien, de taille moyenne et pourvu d'une magnifique fourrure. Son expression est vigilante et hardie, il est extrêmement affectueux et dévoué à son maître, mais assez distant avec ceux qu'il ne connaît pas. À la maison il est aimable, gai et actif sans être nerveux ; c'est un chien qui a une constitution forte et saine.

Il est trapu, construit en carré ; sa tête, en forme de coin, rappelle celle du renard avec des oreilles petites, implantées haut, de forme triangulaire et assez rapprochées l'une de l'autre ; elles sont pointantes au moindre bruit.

Le museau va en s'amincissant vers la truffe, mais sans paraître trop pointu. Le chanfrein est droit et la denture bien adaptée. Les lèvres, dont les bords sont noirs, ferment bien ; la truffe est ronde, petite et noire.

Les yeux toujours foncés sont vifs, en forme d'amande, et placés assez obliquement. Les paupières sont noires, et les yeux sont souvent ornés tout autour de lignes noires formant comme des lunettes, et cette particularité est très recherchée.

L'encolure est forte et plutôt courte, contribuant à faire un chien bien ramassé ; le corps est court, compact, les épaules un peu plus élevées que la croupe. Les pattes sont très droites, vues de n'importe quel côté, et les membres postérieurs sont à peine coudés.

Les pieds sont ronds et bien formés, les doigts arqués et les ongles bien noirs.

La queue est fortement recourbée sur le dos ; implantée haut, elle applique bien sur le dessus du chien, qui, étant très court, fait qu'elle va presque atteindre la collerette. La queue forme souvent à l'extrémité un crochet qui est très apprécié.

La taille varie de 40 à 48 centimètres et le poids de 20 à 25 kilos. Les chiens importés de Hollande sont plus petits que ceux qui viennent d'Angleterre. Ce chien a une grande vogue en Amérique et en Angleterre, et, en France, l'élevage de cette race commence avec de très bons sujets.

Le poil est extrêmement abondant et, hérissé autour du cou, il forme une opulente collerette. La queue à poil long est très touffue. Sur tout le corps, le poil est long, très fourni et rude au toucher ; ce poil est soutenu par un sous-poil épais et laineux appelé « underwool ». Le poil est droit, sans ondulations ni boucles. Il est particulièrement long à l'encolure, aux épaules, à la poitrine, et forme un jabot bien marqué dont la longueur des poils à cet endroit peut atteindre 15 à 20 centimètres.

Les pattes de devant sont garnies de franges à la face postérieure, et le poil est particulièrement long et serré à l'arrière des cuisses, où il forme une culotte étoffée qui s'arrête un peu avant le jarret.

La tête, les oreilles, les pieds et la face antérieure et latérale des quatre pattes sont recouverts d'un poil court et dense.

La couleur est gris-loup, le plus uniformément gris possible. Le dessous de la queue, les membres antérieurs, la culotte ainsi que les pattes sont généralement de couleur plus claire.

Le museau est plus foncé que le reste du corps et, souvent, les oreilles sont assez foncées également.

Autrefois, il y avait des Keeshonds fauves, fauve charbonné ; actuellement la sélection est uniquement faite sur la couleur grise plus ou moins charbonnée, mais uniforme.

Tout en étant un chien fort, solide et compact, le Keeshond doit être très alerte et avoir une grande vivacité de mouvement. C'est un animal très courageux, éveillé et très intelligent. Il est un peu indépendant par atavisme, mais, si l'on sait s'en faire obéir par la fermeté et la douceur, on obtient beaucoup de lui. Il est très fidèle, vigilant et énergique ; c'est un excellent gardien, qui prévient en aboyant sans se jeter sur les étrangers qui passent ; sa demeure, à laquelle il est très attaché, sera toujours parfaitement surveillée et personne ne pénétrera du dehors sans que son maître en soit immédiatement averti. S'il est habitué jeune aux enfants, il les défendra courageusement et il sera patient avec eux.

C'est, dans l'ensemble, un chien très séduisant qui s'adapte à tous les genres de vie ; il s'accommode très bien des voyages et il gardera avec la même énergie l'auto ou la maison sans être aussi bruyant et turbulent que le Loulou de Poméranie.

A. PERRON.

Le Chasseur Français N°662 Avril 1952 Page 211