C'est là, sans nul doute, les fraises mises à part, le
meilleur fruit du jardin potager.
S'il est nécessaire de posséder serres ou châssis pour
obtenir soi-même des plants de melon, on peut toutefois, sans disposer d'un tel
matériel, se procurer facilement ces plants sur les marchés ou chez des
horticulteurs.
Originaire des régions chaudes de l'Asie, le melon exige
beaucoup de chaleur. C'est ainsi que les graines de melon ne germent pas à une
température inférieure à 12°. Aussi, pour cette culture, est-il nécessaire de
réserver toujours dans le jardin la situation la plus ensoleillée. D'autre
part, le melon affectionnant les sols très riches en humus et susceptibles de
s'échauffer facilement, il sera très avantageux d'incorporer au sol qui doit
porter la culture une forte quantité de terreau bien décomposé, la couleur
noire de ce dernier facilitant réchauffement du terrain.
Parmi les variétés de melons dont la culture est la plus
facile, nous signalerons : le « Kroumir » ou « Obus »,
et surtout le « Charentais », qui, depuis ces dernières années, a
acquis une très grande popularité.
On peut semer les melons en pleine terre à partir du 15 mai,
à raison de trois graines par poquets, écartés de 80 centimètres. Ces poquets
sont établis sur une couche rudimentaire, obtenue en creusant une petite fosse
de 40 à 50 centimètres de profondeur que l'on remplit de fumier de cheval ou de
mouton et sur laquelle on dispose une couche de bonne terre enrichie de
terreau, de 15 à 20 centimètres d'épaisseur. Chaque poquet gagne à être couvert
d'une cloche.
Après la levée, on éclaircit en ne laissant qu'un seul pied
par poquet. Dès que les jeunes plantes auront développé leurs deux premières
feuilles, on pincera la tige au-dessus de celles-ci et l'on supprimera les
bourgeons existants à l'aisselle des cotylédons. C'est l'« étêtage »
des jardiniers. L'étêtage a pour objet de faire développer deux ramifications.
Elles seront elles-mêmes taillées ultérieurement au-dessus de trois feuilles. À
l'aisselle de chacune de ces six feuilles, naîtront six rameaux qui seront
eux-mêmes pincés au-dessus de trois feuilles. Ce sont les ramifications qui
apparaîtront à la suite de ce dernier pincement qui porteront les fleurs
femelles.
En fait, le but de ces pincements successifs vise uniquement
à hâter l'apparition de ces dernières. Les fleurs mâles apparaissent toujours
plus tôt.
Lorsque les jeunes melons commenceront à se développer, on
choisira un des plus beaux d'entre eux, autant que possible placé près de la
base de la plante, et l'on dispose en dessous de lui une tuile ou planchette
sur laquelle il reposera jusqu'à la fin de son développement.
La ramification qui le porte sera pincée à son tour à une
feuille au-dessus de ce fruit.
La majorité des ramifications qui se développeront par la
suite seront supprimées. On en conservera tout au plus trois ou quatre, le rôle
de celles-ci sera de continuer l'alimentation de la plante.
Si l'on a élevé des plants de melons sur couche ou si l'on s'est
procuré des plants prêts à planter, on a avantage, lorsque la chose est
possible, de les planter sur couche au lieu de les mettre en place en pleine
terre ; la maturité se trouve ainsi avancée.
La taille à appliquer aux cultures faites sur couche sera la
même que celle qui vient d'être décrite, mais on aura plus de chances de
pouvoir récolter toujours deux, ou parfois même trois fruits par pied.
Les melons sont sujets aux attaques des pucerons, de
l'araignée rouge et de la maladie de la nuile.
Pour éviter l'apparition de cette dernière, il est
nécessaire d'opérer la désinfection des terreaux ou du sol avant le semis ou la
plantation par des arrosages au formol à raison de 2 litres de formol pour 100
litres d'eau. Ce traitement doit toujours être fait au moins trois semaines à
l'avance. Les pucerons et l'araignée rouge sont combattus avec efficacité par
des pulvérisations à l'aide de produits à base de D. D. T.
A. GOUMY,
Ingénieur horticole.
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